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Notes de l’Observatoire

L’Observatoire publie une collection de Notes synthĂ©tisant des analyses sur les thĂšmes du bien-ĂȘtre. Les notes sont de trois types:

  1. Chaque trimestre, une note analyse les rĂ©sultats du module bien-ĂȘtre de l’enquĂȘte CAMME (Conjoncture auprĂšs des mĂ©nages) de l’INSEE, module financĂ© par le CEPREMAP
  2. Des notes ponctuelles traitent de maniĂšre transversale d’une problĂ©matique liĂ©e au bien-ĂȘtre, exploitant tant les donnĂ©es trimestrielles que les autres sources de donnĂ©es disponibles
  3. Des notes ponctuelles rendent compte dans un format court et synthĂ©tiques d’articles de recherche

Les Notes de l’Observatoire du Bien-ĂȘtre portent l’ISSN 2646-2834.

Notes

Des jeunes qui ont envie d’ailleurs, enquĂȘte sur le bien-ĂȘtre des lycĂ©ens avec RĂ©gions de France

Des jeunes qui ont envie d’ailleurs, enquĂȘte sur le bien-ĂȘtre des lycĂ©ens avec RĂ©gions de France

Alors que les lycĂ©ennes et lycĂ©ens traversent un Ăąge critique pour leur bien-ĂȘtre futur, et qu’il s’agit d’une gĂ©nĂ©ration qui a connu confinements et rĂ©formes, le bien-ĂȘtre de ces jeunes reste mal connu. Nous sommes par consĂ©quent heureux d’avoir accompagnĂ© RĂ©gions de France dans une enquĂȘte unique au printemps dernier. Les premiers rĂ©sultats peignent une gĂ©nĂ©ration au bien-ĂȘtre Ă©motionnel et Ă  la confiance fragile, avec de forts Ă©carts entre jeunes hommes et jeunes femmes. L’avenir collectif cristallise les inquiĂ©tudes, dans l’ombre d’une Ă©co-anxiĂ©tĂ© frĂ©quente et du sentiment que l’enseignement reçu les prĂ©pare insuffisamment Ă  leur vie future. Pour beaucoup, l’avenir individuel s’inscrit ailleurs, un tiers souhaitant vivre Ă  l’étranger dans dix ans. Ceux et celles qui pensent rester en France se projettent volontiers vers un espace plus dense que celui habitĂ© actuellement : pas d’aspiration Ă  un exode massif vers les villes, mais un mouvement continu d’un Ă©chelon Ă  l’autre. Cette premiĂšre vague met ainsi en Ă©vidence un dĂ©sir de mobilitĂ© qui se heurte en pratique Ă  la crise gĂ©nĂ©rale du logement dans les centres urbains et Ă  la faiblesse de l’offre de logements Ă©tudiants qui pourraient permettre de rĂ©pondre Ă  ce dĂ©sir d’ailleurs, y compris au sein de son territoire d’origine.

Du bruit aux symphonies, Ă©tat des lieux de la recherche sur l’effet du son sur le bien-ĂȘtre

Du bruit aux symphonies, Ă©tat des lieux de la recherche sur l'effet du son sur le bien-ĂȘtre

Parce que nous sommes exposĂ©s en continu Ă  une multitude de paysages sonores, l’effet du son sur le bien-ĂȘtre en gĂ©nĂ©ral est difficile Ă  identifier. Les recherches sont d’abord intĂ©ressĂ©es Ă  l’impact de sources de bruit nettement identifiĂ©es et dĂ©limitĂ©es, comme les nuisances sonores aĂ©roportuaires, rĂ©vĂ©lant leur impact nĂ©gatif, mais aussi l’importance de considĂ©rer l’exposition ressentie plutĂŽt que l’exposition absolue Ă  un niveau sonore donnĂ©. Ces recherches montrent ainsi que l’effet des sons est largement liĂ©e Ă  leur contexte, tant objectif que subjectif. Pour autant, l’effet nĂ©gatif du niveau sonore gĂ©nĂ©ral dans les environnements de travail – de l’école au bureau – est de mieux en mieux documentĂ©, alors que les amĂ©nagements restent rares. D’un autre cĂŽtĂ©, la recherche met Ă©galement en Ă©vidence les vertus d’un environnement sonore reposant – ce qui ne signifie pas silencieux : chants d’oiseaux ou son d’une fontaine peuvent constituer les Ă©lĂ©ments d’un environnement restauratif, quitte Ă  couvrir d’autres bruits ambiants. La musique, quant Ă  elle, montre de fortes vertus quand elle est pratiquĂ©e collectivement par des personnes avançant en Ăąge – le bĂ©nĂ©fice pour les enfants semblant ĂȘtre d’abord dans le fait de pratiquer une activitĂ© organisĂ©e. Ce tour d’horizon de la recherche montre que les mĂ©triques de bien-ĂȘtre constituent un instrument-clef pour mettre en Ă©vidence l’effet, souvent diffus mais significatif du paysage sonore. Par consĂ©quent, beaucoup reste Ă  faire, les mesures de bien-ĂȘtre subjectif restant trop rarement collectĂ©es en parallĂšle des cartographies du paysage sonore.

La FiĂšvre parlementaire : ce monde oĂč l’on catche ! ColĂšre, polarisation et politique TikTok Ă  l’AssemblĂ©e nationale

La FiĂšvre parlementaire : ce monde oĂč l’on catche ! ColĂšre, polarisation et politique TikTok Ă  l’AssemblĂ©e nationale

Cette note met en lumiĂšre la mĂ©tamorphose de l’AssemblĂ©e nationale française en une vĂ©ritable scĂšne de spectacle oĂč dominent la colĂšre, la polarisation et les codes des rĂ©seaux sociaux, Ă  partir d’une analyse des deux millions de discours prononcĂ©s entre 2007 et 2024. La rhĂ©torique Ă©motionnelle, en particulier celle de la colĂšre, s’est imposĂ©e depuis 2017, et de façon encore plus marquĂ©e Ă  partir de 2022, tandis que le dĂ©bat rationnel recule. Les interventions s’appauvrissent et se raccourcissent grandement ; les dĂ©bats argumentĂ©s entre adversaires se sont transformĂ©s en attaques et interruptions systĂ©matiques entre ennemis. Cette fiĂšvre est surtout portĂ©e par La France Insoumise et le Rassemblement National, bien que leurs trajectoires divergent, le RN adoptant progressivement une stratĂ©gie de normalisation. Nous rĂ©vĂ©lons le caractĂšre totalement inĂ©dit de « ce monde oĂč l’on catche ». Si le parlement a toujours eu un aspect thĂ©Ăątral, le public visĂ© a changĂ© : dĂ©sormais, les dĂ©putĂ©s s’expriment bien davantage pour leurs followers que pour les autres dĂ©putĂ©s, avec tous les effets pervers des rĂ©seaux sociaux sur la polarisation des dĂ©bats et la violence politique. Ce phĂ©nomĂšne reflĂšte une dĂ©sinstitutionalisation profonde de l’AssemblĂ©e et interroge le caractĂšre encore gouvernable de notre pays, y compris avec des rĂ©formes institutionnelles (par exemple la proportionnelle), tant que la fiĂšvre des passions et les codes des rĂ©seaux sociaux Ă©craseront toute culture du dĂ©bat et du compromis.

Renouer le contact avec la nature

Renouer le contact avec la nature

En partenariat avec RĂ©serves naturelles de France (RNF), nous avons menĂ© une enquĂȘte auprĂšs des personnes frĂ©quentant les rĂ©serves naturelles portant sur leur perception des rĂ©serves et sur leur sentiment de contact avec la nature – sentiment dont la recherche souligne l’importance dans la relation entre espaces naturels et bien-ĂȘtre. L’échantillon de l’enquĂȘte, plus fĂ©minin et diplĂŽmĂ© que la moyenne des Français, montre une bonne connaissance des rĂ©serves, et y pratique des activitĂ©s n’entrant que peu en conflit avec les missions essentielles de ces derniĂšres – la prĂ©servation d’espaces de biodiversitĂ©. Les rĂ©serves sont ainsi perçues comme apportant une plus-value d’abord Ă©cologique Ă  leur territoire d’implantation, au prix de contraintes qui, lorsqu’elles sont ressenties, sont souvent perçues comme lĂ©gitimes. Ce public dĂ©clare un sentiment de bien-ĂȘtre un peu plus Ă©levĂ© que la moyenne, et un fort sentiment de contact avec la nature. Au sein de cette population nous sommes en mesure d’estimer une contribution positive du sentiment de contact avec la nature sur les quatre grandes dimensions du bien-ĂȘtre subjectif, positionnant ce sentiment de contact comme un facteur fondamental de bien-ĂȘtre chez ces personnes. Les rĂ©serves naturelles fournissent ainsi un gain substantiel de bien-ĂȘtre en plus et au-delĂ  de leurs fonctions Ă©cosystĂ©miques

Les Français face Ă  l’inflation — une sobriĂ©tĂ© contrainte

Les Français face Ă  l’inflation — une sobriĂ©tĂ© contrainte

L’hiver 2022-2023, marquĂ© par l’augmentation conjointe des prix de l’énergie et des aliments constitue un avant-goĂ»t d’une partie des effets du dĂ©rĂšglement climatique : des pĂ©riodes de forte volatilitĂ© des prix, avec une adaptation brutale, et souvent contrainte, des mĂ©nages. Sur la base d’une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par Ipsos pour RTE, nous montrons que le sentiment d’avoir fait ou dĂ» faire des efforts difficiles durant cette pĂ©riode croise des Ă©lĂ©ments objectifs (les plus pauvres et les plus jeunes ont Ă©tĂ© plus affectĂ©s), subjectifs (Ă  situation objective identique, les partisans des partis aux extrĂ©mitĂ©s du spectre politique ont plus le sentiment d’avoir Ă©tĂ© affectĂ©s), et collectifs (encore Ă  situation et niveau d’effort identique, les mĂ©nages dont le moyens de chauffage est individuel ont eu le sentiment d’un effort plus important que ceux Ă  chauffage collectif, qui par construction savaient l’effort commun). Ces trois dimensions fixent les axes impĂ©ratifs pour une transition Ă©cologique acceptable : une assistance aux mĂ©nages pour lesquels l’augmentation des prix implique de rogner sur l’essentiel (santĂ©, alimentation, mobilitĂ© contrainte), une prise en compte de la pluralitĂ© des motivations et des valeurs qui les sous-tendent, et l’importance du sentiment d’un effort collectif Ă©quitablement partagĂ©.

Télétravail et géographie des villes

Télétravail et géographie des villes

Les grandes mĂ©tropoles sont sources de nombreux avantages pour les citadins, qui y ont accĂšs Ă  de meilleures opportunitĂ©s d’emploi, de plus hauts salaires, un plus large Ă©ventail de biens et services, dans des domaines aussi divers que l’éducation, les transports, la santĂ©, la gastronomie ou la culture. La pandĂ©mie de Covid-19 a restreint, de maniĂšre temporaire mais brutale, ces Ă©conomies d’agglomĂ©ration, en rendant plus prĂ©gnants les coĂ»ts de la vie urbaine : logements chers, exigus et surpeuplĂ©s, risques Ă©pidĂ©miques accrus, trĂšs grande pauvretĂ©, fragilitĂ© et dĂ©tresse de certains habitants. La pandĂ©mie n’a pas seulement perturbĂ© les avantages de la vie urbaine, elle a Ă©galement bouleversĂ© le fonctionnement des marchĂ©s du travail et du logement. Le recours accru au travail Ă  domicile a permis de libĂ©rer certains citadins de la nĂ©cessitĂ© de se dĂ©placer chaque jour pour travailler, et leur a offert la possibilitĂ© de rĂ©sider plus loin de leur entreprise. L’essor du tĂ©lĂ©travail a rapidement alimentĂ© la rumeur d’un tout nouvel exode urbain, mais qui reste difficile Ă  confirmer dans les faits, le travail Ă  domicile s’essoufflant depuis peu. L’objectif de cette note est d’analyser l’impact du tĂ©lĂ©travail sur la gĂ©ographie des villes et l’arbitrage fondamental opĂ©rĂ© par les mĂ©nages et les entreprises entre les bĂ©nĂ©fices et les coĂ»ts urbains.

Plus qu’un travail

Plus qu'un travail

Dans la sociĂ©tĂ© française, le travail peut apporter plus qu’un salaire : Ă  certaines professions sont associĂ©s un statut, une considĂ©ration sociale, tandis que d’autres sont stigmatisĂ©es. Au-delĂ  de la relation purement marchande liant travail et salaire, nous observons ainsi des dĂ©calages systĂ©matiques entre le salaire d’une part et la satisfaction dans la vie ou la satisfaction au travail d’autre part. Ainsi, les cadres du secteur public et les enseignants dĂ©clarent des niveaux de satisfactions plus Ă©levĂ©s que les cadres du privĂ©, malgrĂ© des revenus nettement infĂ©rieurs. Les professions intermĂ©diaires sont trĂšs homogĂšnes en termes de salaire, mais leur satisfaction couvre large Ă©ventail. Parmi les employĂ©s, la satisfaction dans la vie suit assez bien le niveau de salaire, mais recouvre des diffĂ©rences marquĂ©es dans la satisfaction au travail. Le monde ouvrier se caractĂ©rise par de forts clivages, avec une insatisfaction importante des ouvriers non qualifiĂ©s et des ouvriers qualifiĂ©s de l’industrie. Parmi les indĂ©pendants, les artisans se caractĂ©risent par une faible satisfaction dans la vie, mais une forte satisfaction au travail au regard de leur niveau de revenu. Lorsqu’on neutralise tant le revenu que les autres Ă©lĂ©ments connus pour affecter la satisfaction – sexe, diplĂŽme, nombre d’heures travaillĂ©es, Ăąge, etc., ces diffĂ©rences restent substantiellement les mĂȘmes, ce qui suggĂšre que ces Ă©carts sont liĂ©s aux conditions d’exercice des professions non compensĂ©es par le salaire, et aussi par la considĂ©ration sociale dont chaque mĂ©tier bĂ©nĂ©ficie. Il est possible sur cette base de construire un Ă©quivalent monĂ©taire du surplus ou du dĂ©faut de satisfaction attachĂ© Ă  chaque profession. Selon cette mĂ©trique, le supplĂ©ment de satisfaction des cadres de la fonction publique Ă©quivaut Ă  50 % de leurs revenus. Ces constats contrastent Ă©videmment la crise de recrutement que traversent de nombreux mĂ©tiers de la fonction publique. Il est possible que la crise du Covid-19 ait accĂ©lĂ©rĂ© une Ă©volution des reprĂ©sentations des conditions d’exercice de certains mĂ©tiers, dans le secteur public en particulier, conduisant Ă  une rĂ©duction du surplus de satisfaction attachĂ© Ă  leur exercice.

Les Français ont-ils peur de l’avenir ?

Les Français ont-ils peur de l'avenir ?

Un Ă©lĂ©ment marquant et constant de notre enquĂȘte trimestrielle sur le bien-ĂȘtre subjectif est le degrĂ© de pessimisme des Français. Leur Ă©valuation de ce qu’ils vont vivre dans les annĂ©es Ă  venir est assez systĂ©matiquement plus nĂ©gative que celle de leur situation actuelle, et leur apprĂ©ciation des perspectives de la prochaine gĂ©nĂ©ration sont franchement sombres. Dans ce contraste se joue un effet d’horizon : si les Ă©valuations sur les prochaines annĂ©es enregistrent un simple dĂ©calage vers le nĂ©gatif, le saut Ă  l’horizon d’une gĂ©nĂ©ration a pour consĂ©quence de faire apparaĂźtre une part significative des rĂ©ponses – 10 % – qui pensent que la situation sera bien pire qu’aujourd’hui. Nous observons un clivage gĂ©nĂ©rationnel dans cette vision de l’avenir : les jeunes sont plus optimistes que leurs aĂźnĂ©s quant Ă  leurs perspectives inividuelles. Ce clivage disparaĂźt toutefois sur les perspectives collective de long terme, toutes les tranches d’ñge Ă©tant Ă©galement pessimistes. À cette Ă©chelle, c’est plutĂŽt le niveau de diplĂŽme qui est discriminant, les diplĂŽmĂ©s d’un bac+2 et au-delĂ  Ă©tant un peu plus optimistes. Inversement, les trĂšs pessimistes sont plus nombreux parmi les mĂ©nages modestes et peu diplĂŽmĂ©s, et l’ñge n’est pas non plus ici un facteur. Enfin, s’ils avaient le choix, beaucoup de Français prĂ©fĂ©reraient vivre dans un passĂ© rĂ©cent. Pour partie, cette appĂ©tence reflĂšte une histoire personnelle : beaucoup choisissent la dĂ©cennie de leur 20 ans. D’autres sĂ©lectionnent une pĂ©riode – souvent les annĂ©es 1980 – antĂ©rieure Ă  leur naissance, traduisant la prĂ©sence d’une image sociale positive de cette dĂ©cennie.

Plus Ă©cologiques et plus heureux –  la transition environnementale inĂ©gale des Français

Plus Ă©cologiques et plus heureux – la transition environnementale inĂ©gale des Français

En 2021, le changement climatique Ă©tait considĂ©rĂ© par l’ensemble des EuropĂ©ens comme le problĂšme le plus inquiĂ©tant auquel le monde ait Ă  faire face, au mĂȘme titre que la propagation des maladies infectieuses. Bien que bouleversĂ©s par la pandĂ©mie mondiale du COVID-19, les habitants des pays de l’Union EuropĂ©enne sont restĂ©s conscients des consĂ©quences nĂ©fastes du rĂ©chauffement climatique. La menace que ce dernier reprĂ©sente pour notre bien-ĂȘtre se traduit notamment par la multiplication des catastrophes naturelles, et donc des risques pour les systĂšmes naturels et humains. La rĂ©duction Ă  grande Ă©chelles des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre (GES), la modification des modes de vies et l’adaptation des infrastructures dans les zones Ă  risque sont devenues aujourd’hui des mesures vitales. Il s’agit ici tout d’abord de dĂ©terminer les diffĂ©rences de perception du changement climatique et des pratiques Ă©cologiques entre les pays europĂ©ens. Certaines rĂ©gions d’Europe ressentent dĂ©jĂ  les effets du rĂ©chauffement climatique (incendies, canicules, inondations 
) tandis que d’autres sont encore relativement Ă©pargnĂ©es. Cela explique les avis divergents concernant l’urgence Ă  agir, auxquels s’ajoutent les diffĂ©rences culturelles. Dans un deuxiĂšme temps, nous analysons la relation entre ces actions et le bien-ĂȘtre de ceux qui les mettent en Ɠuvre. L’utilisation de transports respectueux de l’environnement ou encore l’achat de produits issus de l’agriculture biologique sont corrĂ©lĂ©s avec une satisfaction de vie plus Ă©levĂ©e. Toutefois, la position sociale et le sexe des individus jouent aussi un grand rĂŽle dans la pratique quotidienne de ces actions pro-environnementales.

À pied, Ă  vĂ©lo, en bus ou en voiture : les trajets domicile-travail

À pied, Ă  vĂ©lo, en bus ou en voiture : les trajets domicile-travail

Dans les enquĂȘtes d’emploi du temps, l’heure – ou peu s’en faut – que nous passons en moyenne chaque jour Ă  nous rendre ou Ă  revenir de notre travail compte parmi les activitĂ©s jugĂ©es les plus dĂ©sagrĂ©ables. De nombreuses Ă©tudes mettent en Ă©vidence un impact nĂ©gatif des trajets entre domicile et travail sur les Ă©motions et le bien-ĂȘtre, effet qui ne s’arrĂȘte pas Ă  la porte du lieu de travail ou du domicile, et vient colorer toute notre expĂ©rience quotidienne. Si les automobilistes et les usagers des transports en commun sont fortement affectĂ©s par les problĂšmes de congestion, les pratiquants des modes de transport actifs (marche, vĂ©lo) sont Ă©galement touchĂ©s dĂšs lors que leur trajet comprend des sections Ă  risque. À l’aune de la satisfaction Ă  l’égard de notre vie dans son ensemble, on peut penser que nous prenons ces inconvĂ©nients en compte dans nos dĂ©cisions professionnelles et de logement. Il semble toutefois que nous sous-estimons souvent le coĂ»t subjectif de ces trajets, ce qui crĂ©e une perte nette de bien-ĂȘtre collectif. La recherche dans ce domaine reste cependant encore bien incomplĂšte, en particulier sur le croisement entre le bien-ĂȘtre et les contrastes sociaux ou de genre. Elle permet toutefois de dessiner un certain nombre de pistes d’actions publiques qui amĂ©lioreraient notre bien-ĂȘtre quotidien, allant d’incitations relativement simples Ă  mettre Ă  place Ă  une intĂ©gration forte des motifs de bien-ĂȘtre subjectif dans notre conception de l’urbanisme.

L’acceptabilitĂ© sociale des politiques environnementales avant le mouvement des Gilets jaunes

L’acceptabilitĂ© sociale des politiques environnementales avant le mouvement des Gilets jaunes

ous Ă©tudions ici les dĂ©terminants de l’acceptabilitĂ© de trois politiques environnementales en France : l’augmentation des taxes sur les combustibles fossiles comme le pĂ©trole, le gaz et le charbon, les subventions publiques aux Ă©nergies renouvelables comme l’énergie solaire ou Ă©olienne et l’interdiction de la vente des produits mĂ©nagers les moins performants sur le plan Ă©nergĂ©tique. Cette analyse est rendue possible grĂące au module Attitudes to Climate Change and Energy de la vague 8 dĂ©ployĂ©e par l’European Social Survey en 2016. Nous analysons les ressemblances de ces dĂ©terminants avec les caractĂ©ristiques spĂ©cifiques aux soutiens des Gilets jaunes. Nous montrons d’abord que les Français s’opposent plus Ă  une taxe sur les carburants que leurs voisins europĂ©ens. Ensuite, nous Ă©tudions les effets des caractĂ©ristiques socio-dĂ©mographiques sur l’acceptabilitĂ© de ces politiques. Enfin, nous observons qu’un sentiment de forte responsabilitĂ© personnelle envers le changement climatique est corrĂ©lĂ© avec un plus fort soutien envers les politiques environnementales. Au contraire, le manque de confiance envers autrui, l’une des principales caractĂ©ristiques subjectives des Gilets jaunes et de leurs soutiens, affecte seulement l’acceptabilitĂ© de la politique fiscale.

L’environnement et les Français, prĂ©occupations et pratiques

L’environnement et les Français, prĂ©occupations et pratiques

En 2021, les prĂ©occupations environnementales se hissaient au deuxiĂšme rang des inquiĂ©tudes principales des Français, derriĂšre la violence et l’insĂ©curitĂ©. Un vĂ©ritable renversement de l’ordre des inquiĂ©tudes s’est opĂ©rĂ© notamment depuis les confinements successifs de 2020. GrĂące au travail de prĂ©vention et de mĂ©diatisation de nombreux acteurs, les problĂšmes environnementaux, historiquement souvent Ă©cartĂ©s au profit de sujets comme le chĂŽmage et l’immigration, sont aujourd’hui amplement reconnus par la population française. Toutefois, ces dangers sont variĂ©s et diffĂ©remment perçus selon les groupes sociaux. Afin d’attĂ©nuer leurs consĂ©quences nĂ©fastes, de nombreuses pratiques pro-environnementales existent. De nature multiple, allant du tri des dĂ©chets mĂ©nagers au transport quotidien « propre », ils font aujourd’hui partie intĂ©grante de la vie des Français. Nous montrons que ces efforts exercent une influence positive sur le bien-ĂȘtre de ceux qui les pratiquent. Notre travail s’inscrit dans la continuitĂ© des Ă©tudes dĂ©jĂ  produites par le MinistĂšre de la Transition Écologique et de la CohĂ©sion des Territoires sur le sujet. L’ensemble des rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s provient des plateformes « Bien-ĂȘtre » et « Environnement » de l’EnquĂȘte mensuelle de conjoncture auprĂšs des mĂ©nages (CAMME) rĂ©alisĂ©e par l’INSEE.

La Mobilité sociale perçue par les Français

La Mobilité sociale perçue par les Français

Les Français se reprĂ©sentent leur sociĂ©tĂ© comme trĂšs inĂ©galitaire mais, comme la plupart des EuropĂ©ens, s’y voient occuper une place de niveau intermĂ©diaire – mĂȘme si, aux cĂŽtĂ©s des Russes, des Italiens et des Japonais, ils sont plus nombreux que les autres Ă  se voir sur les niveaux infĂ©rieurs de l’échelle sociale. Mais au-delĂ  de cette position statique, comment perçoivent-ils leur mobilitĂ© sociale ? La France fait partie des pays dont les habitants sont les plus nombreux en moyenne Ă  penser avoir progressĂ© par rapport Ă  la position sociale de leurs parents – comme l’Allemagne, la Finlande et IsraĂ«l par exemple, et Ă  l’opposĂ© de la Russie et du Japon. Pour ce concerne l’évolution future de leur position relative dans la sociĂ©tĂ©, la majoritĂ© des Français anticipe une certaine stabilitĂ©. Ces perceptions dĂ©pendent aussi du revenu des individus : jusqu’aux deux quintiles les plus riches, tous anticipent une mobilitĂ© intra et inter-gĂ©nĂ©rationnelle ascendante. Ceux qui voient la sociĂ©tĂ© comme un sapin ou une toupie (peu de pauvres) sont beaucoup plus optimistes quant Ă  leur propre trajectoire. Ceux qui l’imaginent comme une pyramide (inĂ©galitaire) perçoivent une mobilitĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle- mais pas intragĂ©nĂ©rationnelle- ascendante. Enfin, en ce qui concerne le lien avec le positionnement politique, c’est Ă  droite que la mobilitĂ© ascendante est perçue comme la plus forte. Au total, les Français se montrent assez optimistes quant Ă  leur trajectoire de mobilitĂ© sociale, surtout par rapport Ă  leurs parents, et l’image gĂ©nĂ©rale que forme leurs perceptions est celle d’une croyance largement partagĂ©e en un mĂ©canisme de convergence vers la moyenne.

Le Bien-ĂȘtre des Français – Mars 2022

Le Bien-ĂȘtre des Français – Mars 2022

Quelques semaines avant le premier tour de l’élection prĂ©sidentielle, notre baromĂštre de mars relĂšve un moral des Français en berne. La satisfaction dans la vie continue sa lente Ă©rosion, passant en dessous de sa moyenne depuis 2016. Le bien-ĂȘtre Ă©motionnel reste particuliĂšrement affectĂ©, tant dans le fait de se sentir heureux que dans celui de se sentir dĂ©primĂ©. Cette vague est marquĂ©e par un renforcement du pessimisme des Français quant Ă  leur avenir personnel. Leur apprĂ©ciation de ce qu’ils vont vivre dans les annĂ©es qui viennent avait plutĂŽt bien rĂ©sistĂ© Ă  la pandĂ©mie, contrairement Ă  leur opinion de l’avenir collectif. Depuis neuf mois et particuliĂšrement au dernier trimestre, les perspectives de dĂ©gradation de leur situation financiĂšre – trois Français sur quatre pensent que leur situation financiĂšre va se dĂ©grader dans l’annĂ©e qui vient – semblent avoir pesĂ© lourdement sur l’image qu’ils se font de leur vie dans les annĂ©es Ă  venir. Deux dimensions connaissent une amĂ©lioration. La satisfaction augmente dans toutes les dimensions liĂ©es au travail, et en particulier dans l’apprĂ©ciation de l’équilibre des temps de vie. Du cĂŽtĂ© des relations sociales, la deuxiĂšme partie de la pandĂ©mie a vu un gain dans le sentiment d’avoir autour de soi des gens sur qui compter. Cet Ă©cart Ă  la situation d’avant la pandĂ©mie, sensible surtout chez les femmes, se confirme ce trimestre. Enfin, nous avons introduit une nouvelle question Ă  notre tableau de bord, demandant aux enquĂȘtĂ©s dans quel pays ils voudraient vivre s’ils avaient le choix. AprĂšs la France, choisie par un peu moins de la moitiĂ© des rĂ©pondants, ce sont surtout le Canada et l’Europe du Sud qui sont plĂ©biscitĂ©s.

France heureuse, France malheureuse

France heureuse, France malheureuse

La France est-elle coupĂ©e en deux du point de vue du bien-ĂȘtre ? Nos indicateurs donnent une image nettement plus contrastĂ©e. GrĂące Ă  nos 19 questions, nous montrons que certains aspects du bien-ĂȘtre, comme la satisfaction vis-Ă -vis du travail, sont plus polarisantes que d’autres, comme la satisfaction dans la vie. Les Français semblent largement segmenter leurs Ă©valuations : une grande insatisfaction dans un domaine ne se propage que peu aux autres domaines, alors que la grande satisfaction s’étend plus souvent Ă  de nombreux domaines. Par exemple, l’insatisfaction quant Ă  son travail n’entraĂźne pas une insatisfaction Ă  l’égard de sa santĂ©, et mĂȘme une insatisfaction Ă  l’égard de sa vie en gĂ©nĂ©ral n’est pas frĂ©quemment associĂ©e Ă  une insatisfaction quant aux relations avec ses proches. Il n’y a donc pas un groupe de Français globalement insatisfaits de tout, mais autant de groupes diffĂ©rents qu’il y a de dimensions. Nous n’en constatons pas moins des contrastes marquĂ©s. Avec l’ñge, l’insatisfaction a tendance Ă  augmenter et la grande satisfaction au baisser sur des dimensions essentielles, comme le sentiment que la vie a du sens, tandis que d’autres, comme la satisfaction dans la vie, connaissent plutĂŽt un creux au moment de la quarantaine. Du cĂŽtĂ© du genre, les femmes dĂ©clarent plus frĂ©quemment que les hommes tant un niveau de satisfaction faible qu’un niveau de satisfaction Ă©levĂ©. Socialement, la part des personnes peu satisfaites de leur vie en gĂ©nĂ©ral diminue avec le revenu, mais la part de peu satisfaite de l’équilibre de leurs temps de vie augmente. Nous dressons ainsi un premier portrait contrastĂ© de la satisfaction et de l’insatisfaction en France, qui montre moins un pays coupĂ© en deux que traversĂ© de contrastes multiples.

Le Bien-ĂȘtre des Français – DĂ©cembre 2021, Moral en berne

Le Bien-ĂȘtre des Français – DĂ©cembre 2021, Moral en berne

Pris dĂ©but dĂ©cembre, notre dernier baromĂštre du bien-ĂȘtre des Français pour 2021 confirme la stabilisation des principaux indicateurs aprĂšs les montagnes russes des deux derniĂšres annĂ©es. Cette stabilisation s’accompagne toutefois d’une dĂ©tĂ©rioration de l’état Ă©motionnel des Français. Si une part de la chute du sentiment d’ĂȘtre heureux doit s’expliquer par la saison, nous enregistrons une baisse significative de la part des gens qui se sont sentis heureux la veille, et en parallĂšle une augmentation de ceux qui se sont sentis dĂ©primĂ©s. Le prĂ©sent, angoissant, fait ainsi de moins en moins recette tandis que les apprĂ©ciations de l’avenir se dĂ©gradent lentement. La stabilitĂ© des autres indicateurs cache parfois des Ă©volutions contrastĂ©es. Ainsi, les femmes indiquent une progression de leur satisfaction Ă  l’égard de toutes les dimensions touchant au travail et aux temps de vie, alors que ces domaines se dĂ©gradent chez les hommes. De mĂȘme, l’apprĂ©ciation de plusieurs indicateurs-clef rĂ©siste bien voire s’amĂ©liore depuis un an chez les moins de 45 ans, mais baisse chez leurs aĂźnĂ©s. La pandĂ©mie n’a pas remis en cause la stratification sociale du bien-ĂȘtre en France, mais nous constatons dans cette derniĂšre vague que le niveau d’inquiĂ©tude des classes moyennes et supĂ©rieures rejoint celui habituellement dĂ©clarĂ© par les mĂ©nages les plus modestes.

Estime de soi et performances scolaires en primaire : les enseignements du panel DEPP 2011

Estime de soi et performances scolaires en primaire : les enseignements du panel DEPP 2011

L’enquĂȘte de panel du service statistique de l’Éducation Nationale permet de suivre plus de 15 000 Ă©lĂšves, entrĂ©s au CP en 2011 et interrogĂ©s Ă©galement en CM2 en 2016. On dispose grĂące Ă  l’enquĂȘte de nombreuses informations sur la situation des Ă©lĂšves (familiale, bien-ĂȘtre, 
) et une Ă©valuation de leurs performances scolaires. À l’entrĂ©e au CP, les filles sont plus contentes d’elles-mĂȘmes et de leur vie que les garçons en moyenne. Une fois en CM2, cet Ă©cart s’inverse, mĂȘme si les filles semblent plus comblĂ©es par leur vie lorsque les questions n’ont plus trait Ă  l’estime de soi. En matiĂšre de performance scolaires, les filles sont lĂ©gĂšrement plus fortes que les garçons en CP, mais l’écart s’inverse Ă©galement en CM2 Ă  la faveur des garçons. Cet inversion tient Ă  la composition des Ă©valuations : si les filles restent plus fortes que les garçons en français, l’évaluation de CM2 comprend davantage de compĂ©tences en mathĂ©matiques. Or, au cours de la scolaritĂ© en primaire, les garçons finissent par obtenir de bien meilleures notes que les filles en mathĂ©matiques alors que la diffĂ©rence initiale de niveau Ă©tait quasi-invisible. Par ailleurs, les filles et les garçons se distinguent aussi par la maniĂšre dont ils Ă©valuent leurs propres capacitĂ©s scolaires : les filles se voient mieux adaptĂ©es au cadre scolaire tandis que les garçons ont plus le sentiment de rĂ©pondre aux questions posĂ©s par le professeur en classe. Les performances scolaires dans l’enquĂȘte reflĂštent aussi le milieu social des Ă©lĂšves, et l’écart entre les moins favorisĂ©s et les plus favorisĂ©s s’accentue du CP au CM2. Pourtant, au CP, les Ă©lĂšves dĂ©favorisĂ©s ont une perception plus positive de leurs capacitĂ©s scolaires que leurs camarades, y compris Ă  performance Ă©gale. ArrivĂ©s en CM2, plus les Ă©lĂšves viennent de milieux favorisĂ©s, plus ils ont le sentiment de bien rĂ©ussir Ă  l’école. Enfin, il n’y a pas de diffĂ©rences rĂ©elles de bien-ĂȘtre selon l’origine sociale.

Relations enseignants-Ă©lĂšves : comment amĂ©liorer le bien-ĂȘtre des Ă©lĂšves du secondaire ?

Relations enseignants-Ă©lĂšves : comment amĂ©liorer le bien-ĂȘtre des Ă©lĂšves du secondaire ?

MalgrĂ© une opinion trĂšs positive de leur expĂ©rience dans leur Ă©tablissement (94 % disent se sentir bien dans leur collĂšge ou lycĂ©e), les Ă©lĂšves français interrogĂ©s Ă  15 ans par l’enquĂȘte PISA ont un sentiment d’appartenance Ă  l’école plus faible que la moyenne de l’OCDE. Parmi les neuf questions qui permettent de construire cet indicateur d’appartenance Ă  l’école, les jeunes français sont dans la moyenne de l’OCDE pour quatre questions, et au-dessous de la moyenne pour deux autres. Le score d’ensemble assez faible de la France repose ainsi sur un jugement significativement plus nĂ©gatif quant Ă  l’impression d’ĂȘtre laissĂ© pour compte et au sentiment de se sentir chez soi Ă  l’école. Parmi les facteurs qui expliquent cette contre-performance, la relation avec les enseignants joue un rĂŽle important. Les Ă©lĂšves français sont en effet nombreux Ă  estimer qu’ils sont traitĂ©s injustement par leurs professeurs, notamment que ces derniers sous-estiment leurs capacitĂ©s et les font moins participer que leurs camarades de classe. Contrairement au sentiment d’appartenance Ă  l’école en gĂ©nĂ©ral, le sentiment d’injustice est corrĂ©lĂ© avec les performances scolaires. Les plus mauvais Ă©lĂšves ont plus frĂ©quemment le sentiment que les enseignants sont injustes Ă  leur Ă©gard ; les Ă©lĂšves moyens plus que les bons Ă©lĂšves, mais aussi les garçons plus que les filles, quel que soit leur niveau scolaire.

Faut-il avoir des bonnes notes pour ĂȘtre heureux Ă  15 ans ?

Faut-il avoir des bonnes notes pour ĂȘtre heureux Ă  15 ans ?

Nous connaissons les enquĂȘtes PISA pour la comparaison qu’elles permettent des performances scolaires entre pays. Ces enquĂȘtes apportent cependant aussi un Ă©clairage remarquable sur le bien-ĂȘtre des adolescents interrogĂ©s, et en particulier sur les liens que celui-ci entretien avec les performances scolaires. Nous montrons ici que ce lien est complexe. Si les adolescents qui ont de meilleures notes se dĂ©clarent plus satisfaits de leur vie, il n’y a pratiquement pas de relation entre le sentiment d’appartenance Ă  l’école et le niveau de performance, et mĂȘme une relation nĂ©gative entre les notes et le sentiment de savoir ce qui donne du sens Ă  sa vie. Les rĂ©ponses mettent en Ă©vidence un Ă©cart fille-garçon trĂšs marquĂ©. Les filles sont moins satisfaites de leur vie que les garçons, avec un poids plus important des notes, se sentent moins bien Ă  l’école et dĂ©clarent plus souvent Ă©prouver des Ă©motions nĂ©gatives. Une partie de cet Ă©cart semble liĂ© Ă  la peur de l’échec, plus fort chez les filles, et Ă  un moindre esprit de compĂ©tition dans un environnement oĂč celui-ci est valorisĂ©. Dans toutes ces dimensions, la France ne fait pas figure d’exception et ressemble beaucoup aux autres pays europĂ©ens. Deux spĂ©cificitĂ©s françaises Ă©mergent cependant. D’une part, le poids accordĂ© aux mathĂ©matiques dans le parcours scolaire se reflĂšte dans l’importance de cette matiĂšre dans la satisfaction de vie. D’autre part, la satisfaction dans la vie des adultes, assez dĂ©cevante au regard des pays comparables, contraste avec les rĂ©ponses nettement plus favorables des adolescents.

Ces enseignants qui nous marquent

Ces enseignants qui nous marquent

Le suivi d’une cohorte d’enfants permet de mettre en Ă©vidence l’influence sur le long terme que peuvent avoir les enseignants sur leurs Ă©lĂšves. Les travaux de Sarah FlĂšche Ă  partir d’une cohorte britannique montrent que les enseignantes et enseignants du primaire ont un effet non seulement sur les notes de leurs Ă©lĂšves, mais aussi sur leurs compĂ©tences non-cognitives (par exemple l’estime de soi, la persĂ©vĂ©rance, ou encore les relations interpersonnelles). Cet effet s’observe Ă  court terme sur les notes, mais s’estompe avec les annĂ©es. Cependant, si l’effet sur les notes diminue au fil du temps, on continue Ă  observer une influence des enseignants sur la rĂ©ussite de leurs Ă©lĂšves Ă  long terme, que ce soit Ă  travers l’accĂšs Ă  l’universitĂ©, l’insertion sur le marchĂ© du travail, leur santĂ© mentale ou leurs comportements. La capacitĂ© des enseignants Ă  amĂ©liorer les performances cognitives de leurs Ă©lĂšves ne va pas nĂ©cessairement de pair avec leur capacitĂ© Ă  amĂ©liorer la dimension non-cognitives. Les capacitĂ©s Ă  faire progresser les Ă©lĂšves dans l’un ou l’autre constituent deux compĂ©tences sĂ©parĂ©es. Ces compĂ©tences ne semblent pas s’acquĂ©rir principalement avec l’expĂ©rience, puisque l’ñge, le nombre d’annĂ©es d’exercice ou la confiance que les enseignants ont dans leurs pratiques ne semblent pas liĂ©es Ă  la valeur ajoutĂ©e mesurĂ©e. En revanche, les pratiques pĂ©dagogiques mises en place par l’enseignant contribuent significativement Ă  expliquer les diffĂ©rences de progressions entre Ă©lĂšves.

Note de l’Observatoire du Bien-ĂȘtre n°2020-07 : Heurs et malheurs du confinement

Note de l’Observatoire du Bien-ĂȘtre n°2020-07 : Heurs et malheurs du confinement

Face Ă  l’épidĂ©mie de covid-19, le gouvernement français dĂ©cide de placer le pays en confinement strict du 15 mars au 11 mai 2020. Pour la plupart des Français, le confinement est arrivĂ© de maniĂšre inattendue, imposant de s’adapter trĂšs rapidement Ă  une situation complĂštement inĂ©dite, chamboulant leur vie quotidienne, familiale et professionnelle. Les rĂ©sultats de l’enquĂȘte Conditions de vie et aspirations rĂ©alisĂ©e par le CrĂ©doc pendant le confinement, du 20 avril au 04 mai soulignent des vĂ©cus trĂšs diffĂ©renciĂ©s. Les jeunes ont vĂ©cu plus difficilement la pĂ©riode que leurs aĂźnĂ©s du fait de l’importance des liens sociaux dans leur constitution identitaire. Alors qu’en temps normal, les 15-24 ans sortent souvent de chez eux, notamment pour voir leurs amis, ils ont souffert de devoir y renoncer, malgrĂ© l’importance des liens sociaux dans leur constitution identitaire. Habitant souvent dans de petits espaces, ils ont vu leur vie rĂ©trĂ©cie entre quatre murs ou ont choisi pour certains de retourner vivre dans leurs familles, ce qui n’a pas Ă©tĂ© sans provoquer quelques tensions. Les autres foyers habitant de petits logements, en liaison avec des ressources financiĂšres limitĂ©es (le logement Ă©tant le premier poste de dĂ©penses des Français), ont Ă©galement vĂ©cu difficilement la pĂ©riode. En revanche, au-delĂ  des diffĂ©rences d’habitat, l’effet des diffĂ©rences de revenus a Ă©tĂ© – temporairement – gommĂ© pendant la pĂ©riode. Chez les actifs, la dĂ©couverte ou l’amplification du tĂ©lĂ©travail ont manifestement constituĂ© une bonne surprise pour les personnes qui y ont eu accĂšs, mais moins pour les personnes qui travaillaient habituellement Ă  distance avant le confinement, qui se sont trouvĂ©es plus perturbĂ©es dans leurs habitudes. Le choc de la crise de la covid-19 a Ă©tĂ© tel que la plupart des Français ont revisitĂ© le regard qu’ils portaient sur leur vie, et rĂ©Ă©valuent plus positivement ses diffĂ©rentes dimensions. Enfin, pour une partie importante de la population, le confinement a Ă©tĂ© une pause bien vĂ©cue, permettant de profiter davantage de ses proches, d’une vie calme et sĂ©curisante.

Étendue et perception de la violence au travail

Étendue et perception de la violence au travail

La violence au travail n’a en France rien d’anecdotique. InterrogĂ©s sur leurs conditions de travail, pratiquement un tiers des rĂ©pondants dĂ©clarent avoir Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  un comportement malveillant au cours de l’annĂ©e. Cette malveillance prend des formes multiples, et cumulatives : plus d’un tiers des personnes concernĂ©es sont exposĂ©es Ă  au moins trois comportements hostiles diffĂ©rents. Afin de bien prendre acte de l’ampleur de ce phĂ©nomĂšne, nous dressons un panorama de ces comportements, en tĂȘte desquels figurent des attitudes malheureusement ordinaires, comme la critique injuste ou les entraves Ă  l’expression de la personne. Du cĂŽtĂ© des victimes, l’ñge ou le mĂ©pris envers la profession exercĂ©e constituent les motifs les plus souvent dĂ©clarĂ©s. Les femmes sont plus souvent que les hommes victimes de ces comportements, hostiles, et particuliĂšrement ceux comportant une teneur sexuelle. Le cumul de comportements malveillants est alors encore plus frĂ©quent – au moins cinq types d’attaques diffĂ©rentes pour la moitiĂ© des individus exposĂ©s Ă  de tels comportements. Dans ce contexte, des comportements a priori sans contenu sexuel prennent une coloration sexiste. Les femmes sont d’ailleurs les premiĂšres Ă  bien identifier cette contamination, et attribuent beaucoup plus souvent que les hommes les comportements hostiles Ă  leur sexe. Chez les hommes, les motifs relatifs Ă  l’origine, la nationalitĂ© ou les convictions religieuses et politiques sont relativement plus frĂ©quents. En Ă©tendant le champ pour intĂ©grer des comportements en apparence plus anodins, telles les blagues sexistes, nous prenons la mesure d’un sexisme ordinaire largement rĂ©pandu et tolĂ©rĂ© dans le monde du travail en France. S’ils sont les plus exposĂ©s Ă  ce genre de propos, les moins de trente ans sont nombreux Ă  ne pas de sentir dĂ©rangĂ©s par ces propos.

Figure 8
Lecture : La part de personnes déclarant une faible satisfaction de vie est de 16 % pour les personnes qui ne se sentent pas seules et 45 % pour celles qui se sentent seules.
Faible satisfaction de vie et faible confiance sont dĂ©finies comme l’appartenance aux 25 % des rĂ©ponses les plus faibles (satisfaction de vie infĂ©rieure ou Ă©gale Ă  5, confiance interpersonnelle infĂ©rieure ou Ă©gale Ă  3)

Dimensions de la solitude en France

Un grand nombre de Français vivent dans une situation plus ou moins prononcĂ©e d’isolement social. 12 % des Français de seize ans passent rĂ©guliĂšrement une semaine sans aucun contact avec leurs amis et leur famille, et 3 % plusieurs semaines. En septembre dernier, l’Insee a dressĂ© un portrait socio-Ă©conomique des personnes isolĂ©es, c’est-Ă -dire ayant peu ou pas de contacts avec leur famille et leurs amis. Ce travail montrait que l’isolement est associĂ© Ă  des indicateurs de fragilitĂ© Ă©conomique, ainsi qu’à un bien-ĂȘtre fortement dĂ©gradĂ©. Dans la lignĂ©e de leur travail, nous rĂ©alisons un portrait similaire, et croisĂ© avec le leur, en nous intĂ©ressant aux personnes qui dĂ©clarent se sentir trĂšs souvent seules. Cette apprĂ©hension subjective de solitude ne recouvre que partiellement celle d’isolement, et nous donne Ă  voir des segments de la population qui souffrent de solitude quand bien mĂȘme ils entretiennent autant voire plus que la moyenne des contacts rĂ©guliers avec leur entourage. Notre analyse met ainsi en Ă©vidence que certaines de ces poches de solitude, Ă  l’exemple des citĂ©s et grands ensembles, se situent dans des zones denses de la sociĂ©tĂ©, et procĂšdent de l’accumulation dans certains lieux ou populations des difficultĂ©s financiĂšres et sociales – exacerbĂ©es par le sentiment de n’avoir personne vers qui se tourner en cas de besoin. Au-delĂ  de ces effets d’accumulation, nous mettons Ă©galement en Ă©vidence des populations et lieux oĂč la composition socio-dĂ©mographique n’épuise pas la prĂ©valence du sentiment de solitude, attestant de facteurs supplĂ©mentaires de fragilisation du lien social. Nous ajoutons Ă©galement Ă  l’analyse l’impact de l’isolement et de la solitude sur la satisfaction dans la vie et la confiance interpersonnelle, dont nous avons montrĂ© qu’elles structurent le paysage politique français. La solitude pĂšse lourdement sur la satisfaction, alimentant la tentation contestataire, tandis qu’isolement comme solitude pĂšsent sur notre capacitĂ© Ă  faire confiance Ă  autrui.

Le Passage Ă  la retraite

Le Passage Ă  la retraite

Le projet de rĂ©forme du systĂšme de retraites français, dĂ©voilĂ© en juillet dernier, devrait remplacer les notions d’ñge lĂ©gal de dĂ©part Ă  la retraite par un Ăąge-pivot, Ă©voluant en fonction de l’espĂ©rance de vie des gĂ©nĂ©rations. On a dĂ©jĂ  pu voir Ă  quel point cette question de l’ñge de dĂ©part Ă  la retraite faisait l’objet de prises de position marquĂ©es, reflĂ©tant l’importance symbolique de cette transition dans notre sociĂ©tĂ©. Pour autant, la littĂ©rature Ă©conomique met en Ă©vidence des impacts nĂ©gatifs comme positifs du dĂ©part Ă  la retraite, selon le contexte national et la situation des personnes concernĂ©es. Cette ambivalence du dĂ©part Ă  la retraite se retrouve dans les Ă©valuations subjectives de bien-ĂȘtre. La retraite n’efface par ailleurs pas ou peu les diffĂ©rences sociales dans l’évaluation de son bien-ĂȘtre : les plus satisfaits avant leur retraite le sont Ă©galement aprĂšs, mĂȘme si dans certains domaine, en particulier celui de la santĂ©, l’écart entre groupes sociaux tend Ă  se rĂ©duire avec le passage Ă  la retraite. Du fait de la place occupĂ©e par le travail dans la construction de la position sociale des individus, la retraite peut Ă©galement ĂȘtre un moment d’interrogation de leur utilitĂ© sociale, lorsque certains liens de sociabilitĂ© liĂ©s au travail se distendent. Nous observons de tels effets dans le cas français, mais ils restent faibles pour les personnes de moins de 70 ans, et d’autant plus faibles si, comme un tiers des retraitĂ©s de cette classe d’ñge, la personne est engagĂ©e dans des activitĂ©s de bĂ©nĂ©volat. Les interrogations douloureuses sur l’utilitĂ© sociale ou le sentiment de solitude sont plutĂŽt un problĂšme propre au quatriĂšme Ăąge, Ă  partir de 80 ans.

La France et l’Europe

La France et l'Europe

En avril, l’INSEE a publiĂ© un panorama positionnant la France par rapport aux autres pays de l’Union europĂ©enne sur une vaste gamme d’indicateurs objectifs. Nous mettons ici ces indicateurs en regard de l’évaluation subjective de situation par les Français et par les habitants des autres pays de l’Europe ou de l’OCDE. En balayant un vaste ensemble d’indicateurs, nous mettons Ă  nouveau en Ă©vidence une forme de pessimisme et de mal-ĂȘtre français. Les Ă©valuations que donnent les Français de leur situation sont presque toujours plus sombres que ce que voudrait le positionnement du pays sur des mĂ©triques objectives. Cet Ă©cart est rĂ©vĂ©lateur des craintes comme des aspirations des Français. À bien des Ă©gards, la France est proche des moyennes europĂ©ennes, souvent un peu en retrait dans les dimensions Ă©conomiques par rapport Ă  ses voisins du nord, l’Allemagne constituant un point de comparaison quasi-systĂ©matique, mais mieux situĂ©s que ses voisins du sud, Espagne et Italie en tĂȘte. La faible dynamique de l’économie française depuis 2008 joue certainement un rĂŽle dans le pessimisme des Français, qui ont l’impression de voir leur pays faire du sur-place, tandis que d’autres progressent ou rebondissent. Cependant, le phĂ©nomĂšne touche aussi des dimensions Ă  l’évolution plus lente, comme le sentiment d’ĂȘtre en bonne santĂ© ou la confiance interpersonnelle.

Le Bien-ĂȘtre des Français – Mars 2019 :  Un retour Ă  la normale

Le Bien-ĂȘtre des Français – Mars 2019 : Un retour Ă  la normale

AprĂšs une vague de dĂ©cembre marquĂ©e par une dĂ©gradation gĂ©nĂ©ralisĂ©e des indicateurs de bien-ĂȘtre subjectif – dĂ©gradation que nous avons mis en relation avec le mouvement des Gilets jaunes – la vague de mars de notre enquĂȘte montre un rebond de la plupart de ces indicateurs Ă  leurs niveaux moyens observĂ©s depuis deux ans. En miroir de ce que nous observions au trimestre dernier, ce retour Ă  une forme de normalitĂ© touche de maniĂšre assez homogĂšne toutes les couches de la sociĂ©tĂ©, et concerne aussi l’apprĂ©ciation que les enquĂȘtĂ©s font de leurs perspectives d’avenir. Deux Ă©lĂ©ments de ce rebond retiennent particuliĂšrement notre attention. D’une part, les indicateurs liĂ©s au travail et Ă  l’équilibre des temps de vie s’établissent au-delĂ  d’un simple retour Ă  la moyenne. Ils semblent avoir repris le chemin d’une amĂ©lioration progressive dont nous avions dĂ©jĂ  dĂ©celĂ© des indices l’annĂ©e derniĂšre. Cette trajectoire pourrait traduire les ressentis de l’amĂ©lioration progressive du marchĂ© du travail en France. D’autre part, si le tiers des mĂ©nages les plus modestes en termes de revenus partage l’embellie quant Ă  la perception de leur avenir personnel, la satisfaction exprimĂ©e vis-Ă -vis de leur situation actuelle ne s’est pas significativement amĂ©liorĂ©e depuis dĂ©cembre. Cette disjonction entre un avenir qu’on pense pouvoir ĂȘtre meilleur et une situation prĂ©sente vue comme difficile reste le signe d’une situation politique et sociale potentiellement fragile.

Lecture  : En moyenne, les répondants sont 27% à se déclarer malheureux selon notre définition. Dans les villes moyennes, ils sont presque 3,5 points de pourcentage plus nombreux (30,5%).

La France Malheureuse

La vaste contestation que reprĂ©sente le mouvement des Gilets Jaunes s’enracine pour nous dans un sentiment profond et durable de mal-ĂȘtre et d’insatisfaction des personnes vis-Ă -vis de leur vie et de leurs perspectives d’avenir. Afin de contribuer Ă  la comprĂ©hension de ce mouvement et de sa composition sociale, nous dressons dans cette note un portrait en trois temps du mal-ĂȘtre en France tels que le rĂ©vĂšlent nos indicateurs subjectifs. Qui sont les malheureux en France ? Nous montrons que si les marqueurs de statut social que sont le diplĂŽme, l’emploi et le revenu structurent l’exposition au mal-ĂȘtre, ce dernier touche une large frange de la population associĂ©e aux classes populaires et moyennes. Dans la lignĂ©e de notre note de novembre dernier, « Bonheur rural, malheur urbain », nous revenons sur la situation des villes moyennes. Celles-ci affichent un niveau de bien-ĂȘtre moyen infĂ©rieur, et une proportion plus forte de malheureux. Cet Ă©cart s’explique en partie par une sur-reprĂ©sentation en leur sein des catĂ©gories les plus malheureuses, ce qui se conjugue avec des niveaux de revenus plus faibles et une dynamique dĂ©mographique en berne. En nous focalisant sur les malheureux de ces villes, nous mettons cependant en Ă©vidence un effet local supplĂ©mentaire : au sein de ces villes, le malheur et l’insatisfaction vis-Ă -vis des relations avec les proches s’expriment plus fortement dans la quasi-totalitĂ© des couches de la population. Il se manifeste donc dans ces agglomĂ©rations une dynamique nĂ©gative, qui pĂšse sur le bien-ĂȘtre de l’ensemble de leurs habitants.

Le Bien-ĂȘtre des Français — DĂ©cembre 2018

Le Bien-ĂȘtre des Français — DĂ©cembre 2018

La vague de dĂ©cembre de notre enquĂȘte sur le bien-ĂȘtre des Français reflĂšte l’état d’un pays traversĂ© par la crise des Gilets Jaunes. Une majoritĂ© de nos indicateurs sont Ă  la baisse comparĂ©s Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, et pour la plupart aussi par rapport au trimestre prĂ©cĂ©dent, en rĂ©el contraste avec le rebond habituellement observĂ© sur la vague de dĂ©cembre. Le recul de la satisfaction de vie touche ainsi l’ensemble des couches de la sociĂ©tĂ©, avec une augmentation de la part des trĂšs insatisfaits, et, dans les milieux les plus aisĂ©s, un recul des plus satisfaits. Comme en tĂ©moigne le cƓur initial des revendications, cette crise s’ancre dans les craintes quant au pouvoir d’achat, malmenĂ© par le prix des carburants et plus gĂ©nĂ©ralement une augmentation des prix les plus visibles. Ces craintes se sont traduites par un recul marquĂ© depuis dĂ©but 2018 du moral des mĂ©nages, et un retour des craintes vis-Ă -vis du chĂŽmage. Il s’agit Ă©galement d’une crise de confiance en l’avenir. Nos indicateurs d’optimisme collectif avaient dĂ©jĂ  reculĂ© le trimestre dernier. Ce trimestre, c’est au tour des anticipations vis-Ă -vis de l’avenir individuel de chuter trĂšs fortement, et lĂ  encore pour une partie trĂšs significative de notre Ă©chantillon. Cette insatisfaction et ce pessimisme peignent un tableau sombre pour le gouvernement : la confiance dans l’avenir et un haut niveau de satisfaction de vie ont caractĂ©risĂ© l’électorat d’Emmanuel Macron. A contrario, l’insatisfaction et la dĂ©fiance nourrissent les rangs de l’extrĂȘme-droite.

Figure 6 : La satisfaction de vie en Europe. 
Source : World Happiness Report 2017

Le Bien-ĂȘtre des Français - Mars 2018

Notre enquĂȘte de mars 2018 dresse un portrait contrastĂ© du bien-ĂȘtre en France. On sait que de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les Français sont modĂ©rĂ©ment satisfaits dans les grandes dimensions du bien-ĂȘtre subjectif (satisfaction dans la vie, sentiment que leur vie a un sens, bonheur, anxiĂ©tĂ©, santĂ© ressentie) mais sont pessimistes pour leur avenir personnel et plus encore pour l’avenir collectif de la France et de l’Europe. Pour autant, ils sont trĂšs satisfaits de leur environnement proche, qu’il s’agisse de liens sociaux, de sĂ©curitĂ© personnelle ou d’exposition Ă  l’agressivitĂ©. De mĂȘme, leur travail et les relations qu’ils y entretiennent constituent des sources de satisfaction, de mĂȘme que leur temps libre, mĂȘme s’ils sont en moyenne moins satisfaits de l’équilibre travail/temps libre. Si sur le moyen terme ces Ă©valuations sont assez stables, on observe des Ă©volutions d’un trimestre Ă  l’autre, rĂ©vĂ©lant une dimension conjoncturelle des rĂ©ponses Ă  ces questions, mĂȘme celles qui s’ancrent dans une vision de long terme, comme la satisfaction de vie. Si ces variations ne sont pas d’ampleur suffisante pour modifier le positionnement de la France, entre des pays du nord de l’Europe en moyenne plus heureux et des pays du sud de l’Europe qui le sont moins, elles traduisent des mouvements significatifs dans l’opinion, tantĂŽt sur l’ensemble des enquĂȘtĂ©s, tantĂŽt aux extrĂȘmes. Qu’est devenu le sursaut d’optimisme observĂ© autour de l’élection d’Emmanuel Macron ? Si la confiance dans l’avenir a refluĂ© et fluctuĂ© depuis l’élection, on observe que la part des pessimistes reste depuis l’élection infĂ©rieure Ă  ce qu’elle Ă©tait avant, tandis que la part des optimistes reste au-dessus de ses valeurs prĂ©-Ă©lection.

Pour chaque question, les perspectives sont notĂ©es sur une Ă©chelle de 0 Ă  10. Pour ce graphique, 0 – 3 : dĂ©gradation, 4 – 6 stabilitĂ©, 7 – 10 : amĂ©lioration.
Source : EnquĂȘte Conjoncture auprĂšs des mĂ©nages, INSEE et Plate-forme « Bien-ĂȘtre » de l’enquĂȘte Conjoncture auprĂšs des mĂ©nages, INSEE / CEPREMAP

PrĂ©sidentielle : un choc d’optimisme

Il y a un an avait lieu la premiĂšre vague de l’enquĂȘte trimestrielle organisĂ©e par l’Observatoire du bien-ĂȘtre du Cepremap. L’Observatoire avait publiĂ© un premier bilan du bien-ĂȘtre en France. La tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale en 2016 Ă©tait celle d’une France particuliĂšrement pessimiste. Plus de deux tiers des Français estimaient que la vie des prochaines gĂ©nĂ©rations dĂ©clinerait et exprimaient des pronostics sombres sur la situation Ă©conomique. Si les Français se disaient en gĂ©nĂ©ral satisfaits de leur situation personnelle, l’écrasante majoritĂ© manifestait une forte inquiĂ©tude quant Ă  l’avenir de la France et la possibilitĂ© d’un destin collectif, pessimisme auquel nous avons consacrĂ© une note. Un an plus tard, la France a repris des couleurs selon notre derniĂšre vague d’enquĂȘte de juin 2017. La confiance dans les perspectives de la France dans son ensemble s’amĂ©liore considĂ©rablement, se rapprochant de l’optimisme des Français quant Ă  leur situation personnelle. Ce dernier change d’ailleurs peu. Les Ă©volutions sont frappantes depuis le prĂ©cĂ©dent bilan de mi-2016, tant par leur ampleur que par l’homogĂ©nĂ©itĂ© de leur direction, celle d’une vision plus positive de l’avenir. Si les Français ne voient pas encore la vie en rose, une grande partie du camp des pessimistes a basculĂ© dans le camp des optimistes. Effet Macron ? Difficile de ne pas y voir une association. Nous avions montrĂ© dans une rĂ©cente analyse de la relation entre bien-ĂȘtre et vote qu’un plus fort niveau d’optimisme caractĂ©risait les Ă©lecteurs d’Emmanuel Macron au premier tour, quels que soient leur revenu, leur catĂ©gorie socio-professionnelle ou leur lieu de rĂ©sidence. Par ailleurs, la forte hausse de l’optimisme en France se dĂ©roule entre nos deux vagues d’enquĂȘte prĂ©- et post-Ă©lection prĂ©sidentielle, avec une forte bascule des pessimistes vers le camp des optimistes. Effet Macron stricto sensu ? Les Ă©lections prĂ©sidentielles sont traditionnellement associĂ©es Ă  un regain d’optimisme dans les indicateurs de la confiance des mĂ©nages. Le temps et les enquĂȘtes futures nous diront s’il y a eu un effet spĂ©cifique et durable liĂ© au nouveau PrĂ©sident.