Proportions et dimension (synthèse micro-macro); Instabilité tendancielle
Proportions and dimension (synthesis micro-macro); Tendancial instability
A Lire:
La dynamique du capital (1996) : Ch. 14, Proportions, dimension et tendances historiques
Anarchie capitaliste; Stabilité en proportion / instabilité en dimension
The anarchy of capitalism; Stability in proportions / Instability in dimension
Économie marxiste du capitalisme (2003) : Ch. IV, Concurrence et cycle
Being Keynesian in the Short Term and Classical in the Long Term: The Traverse to Classical Long-Term Equilibrium (1999)
La dynamique du capital (1996) : Ch. 14, Proportions, dimension et tendances historiques
Stability in Capitalism: Are Long-Term Positions the Problem? (1990)
La thèse de l'instabilité tendancielle
La stabilité macroéconomique des économies capitalistes a une
histoire: il existe une tendance historique à l'accentuation de
l'instabilité, qui doit être contrée par les progrès des institutions
et politiques susceptibles d'y remédier. Nous appelons thèse de
l'instabilité tendancielle cette interprétation, qu'on peut
résumer en trois propositions.
Un première proposition a trait au fait que le progrès de la gestion
privée et certains aspects du fonctionnement des institutions
financières est à l'origine d'une tendance historique à une
instabilité accrue. Pour des raisons assez intuitives, le progrès
de gestion se manifeste par des réactions plus vives et plus rapides
aux déséquilibres. Ce progrès a cependant un prix: en dépit de son
caractère bénéfique pour les agents individuels, il favorise
l'instabilité en dimension (l'instabilité macroéconomique). Cette
instabilité accrue cause une multiplication des surchauffes, des
récessions ou des dépressions.
Une seconde proposition est que l'activité du système°-en partie privé
et en partie public°-responsable du contrôle de la stabilité devient
de plus en plus nécessaire face à cette instabilité croissante. Les
transformations progressives de ce système font écho aux
manifestations effectives d'instabilité dans l'économie. D'une
manière générale, on peut soutenir que les difficultés ne sont pas
anticipées et que la stabilité est constamment détruite et restaurée.
C'est dans le sillage des crises que les transformations sont
réalisées. L'inertie est une caractéristique bien connue des
institutions, où de nombreux intérêts divergents sont impliqués. Les
transformations des lois, des réglementations et des politiques
viennent habituellement trop tard, en réponse aux
manifestations réelles de désajustement. De plus, les remèdes aux
dysfonctionnements des institutions ne surgissent jamais du premier
coup, et des tentatives réitérées et des rectifications successives
sont toujours nécessaires pour parvenir à des solutions
satisfaisantes. La question n'est pas celle du choix d'une procédure
optimale mais celle du progrès historique du contrôle social de la
stabilité, un processus lent et difficile. Comme on le sait, les
controverses qui accompagnent ces transformations sont d'ailleurs
politiques. L'intervention accrue de l'État dans la gestion de
l'économie fait l'objet d'une résistance permanente (sauf lorsque des
intérêts capitalistes vitaux sont menacés).
Au total, et c'est la troisième proposition, du fait de la conjugaison
de ces deux aspects du processus global de progrès des gestions
privées et publiques, l'économie est constamment maintenue à la
frontière de la stabilité et de l'instabilité. En dépit des
retards dans les ajustements récurrents des institutions en charge du
contrôle de la stabilité, les forces déstabilisatrices et
stabilisatrices progressent parallèlement. La thèse de l'instabilité
tendancielle fournit ainsi une explication de l'observation paradoxale
selon laquelle les économies capitalistes continuent à vaciller au
voisinage de l'instabilité, en dépit du progrès du contrôle social de
la stabilité et des efforts incessants visant à atténuer les
fluctuations.
Retour à la page Web de Duménil
-- Lévy