SECTEUR MANUFACTURIER ET TURBULENCE MONDIALE. L'erreur d'interprétation des écarts de rentabilité par Robert Brenner
L'analyse de la crise structurelle de la fin du XXème siècle par Robert Brenner, dans son Economics of Global Turbulence, repose sur la constatation de la baisse du taux de profit, comme c'est couramment le cas chez les économistes marxistes. Au lieu de la référence usuelle aux caractéristiques du changement technique, Brenner explique la baisse du taux de profit dans toute l'économie par sa baisse dans les industries manufacturières, résultant elle-même d'une concurrence mondiale excessive. Son intuition fondamentale provient de l'observation qu'au États-Unis, après la Seconde Guerre mondiale, le taux de profit des industries manufacturières était plus élevé que dans les autres branches de l'économie américaine, et qu'il y décrut bien davantage. Cette interprétation résulte d'une mauvaise lecture des écarts de rentabilité entre branches. En fait, le taux de profit des industries manufacturières ne fut pas sensiblement différent de celui de la plupart des autres branches, à l'exception d'un groupe de branches très capitalistiques, comme les chemins de fer, qui ne sont responsables que de 13 percent de la production totale. Cette différence, qui demeure à expliquer n'a rien à voir avec la concurrence internationale.
MANUFACTURING AND GLOBAL TURBULENCE. Brenner's misinterpretation of profit rate differentials
Robert Brenner's analysis of the structural crisis of the late 20th century, in his Economics of Global Turbulence, is based on the observation of the decline of the profit, as is common among Marxist economists. Instead of the usual reference to the features of technical change, Brenner explains the decline of the profit rate in the whole economy by its fall within manufacturing industries, resulting from excess international competition. Brenner's basic insight is based on the observation that, after World War II, in the US, the profit rate of manufacturing industries was larger than in other US industries and declined considerably more. This observation follows from a misinterpretation of profit rate differentials. Actually, the profit rate of manufacturing industries was not significantly different from that of most other industries, with the exception of a group of very capital intensive industries, such as railroads, which accounts for only 13 percent of total output. This difference, which remains to be explained, has nothing to do with international competition.
G. Duménil, D. Lévy, "Manufacturing and Global Turbulence. Brenner's Misinterpretation of profit rate differentials", 2002,
Review of Radical Political Economy, Vol. 34(1), pp. 45-48.
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