Les Opuscules du CEPREMAP sont des ouvrages courts, synthĂ©tiques, rĂ©digĂ©s par des experts du domaine et faisant le tour d’une question de politique Ă©conomique.
La collection est dirigĂ©e par Daniel Cohen, et les ouvrages sont publiĂ©s en partenariat avec Ăditions Rue d’Ulm. Ils sont mis en tĂ©lĂ©chargement au format PDF sur notre site quelques mois aprĂšs leur publication.
Le CEPREMAP publie occasionnellement des volumes hors de la collection des Opuscules.
Table des matiĂšres
Macroéconomie
Crises et instabilités
De lâeuphorie Ă la panique : penser la crise financiĂšre
André Orléan, 2009
Cet opuscule ne cherche pas Ă raconter la crise. Il cherche Ă la comprendre. Trois questions sont abordĂ©es : Pourquoi des crises financiĂšres ? Pourquoi celle-ci ? Pourquoi une telle ampleur ? Pour y rĂ©pondre, un fil directeur unique : les marchĂ©s financiers sont, par nature, instables. Ils ne savent pas sâauto-corriger comme le font les marchĂ©s de biens ordinaires. Lorsque les prix dâactifs sâĂ©cartent de lâĂ©quilibre, aucune force de rappel ne vient faire obstacle Ă leur dĂ©rive. Tout au contraire, la concurrence financiĂšre pousse au mimĂ©tisme, Ă la hausse comme Ă la baisse. Ă partir de cette hypothĂšse, il devient possible de comprendre la mĂ©canique de lâemballement euphorique comme celle de la panique et du krach.
Cette rĂ©flexion a pour originalitĂ© de placer au cĆur de lâanalyse la logique des prix elle-mĂȘme et non pas, comme il est fait le plus souvent, la titrisation et son opacitĂ©. Le dĂ©bat nâest pas seulement acadĂ©mique. Dans un cas, la rĂ©gulation souhaitĂ©e maintient les marchĂ©s financiers au centre de son dispositif puisquâelle considĂšre que ce ne sont pas eux qui sont Ă lâorigine des dĂ©faillances mais leur environnement institutionnel. En consĂ©quence, câest celui-ci quâil faut rĂ©guler. Dans lâautre cas, la rĂ©gulation vise Ă revenir sur la primautĂ© accordĂ©e Ă la finance de marchĂ©. Il sâensuit deux conceptions tout Ă fait distinctes de lâarchitecture financiĂšre Ă construire.
LâĂ©pargnant dans un monde en crise â Ce qui a changĂ©
Luc Arrondel, André Masson, 2011
La crise a affectĂ© les comportements de lâĂ©pargnant : les mĂ©nages français se sont montrĂ©s en moyenne plus « prudents », dĂ©sirant Ă©pargner davantage dans des placements plus sĂ»rs et Ă plus long terme, et limiter parallĂšlement leurs investissements risquĂ©s.
Comment expliquer ce changement ? Les Français se sont-ils simplement adaptĂ©s au nouvel environnement Ă©conomique et aux Ă©volutions perçues dans leur situation personnelle : baisse anticipĂ©e des ressources ou des rendements dâactifs, exposition au risque plus Ă©levĂ©e, etc. ? Ou bien la crise a-t-elle modifiĂ© la « psychĂ© » mĂȘme des individus, Ă savoir ici les prĂ©fĂ©rences de lâĂ©pargnant en matiĂšre de risque et vis-Ă -vis du futur : manifeste-t-il une plus grande « aversion au risque » quâhier ? En termes dâhorizon dĂ©cisionnel, lâĂ©pargnant est-il moins obnubilĂ© par les Ă©chĂ©ances de court terme et plus soucieux de son avenir ? Bref, ses prĂ©fĂ©rences sont-elles soumises aux alĂ©as de la conjoncture Ă©conomique et financiĂšre ?
Ă cette question centrale, notre Ă©tude rĂ©pond par la nĂ©gative, concluant ainsi Ă la stabilitĂ© dâensemble des prĂ©fĂ©rences de nos compatriotes Ă lâĂ©gard du risque et du temps pendant la crise de 2008. Contrairement Ă une antienne Ă la mode, ce rĂ©sultat qui peut surprendre rĂ©vĂšle un Ă©pargnant « stoĂŻque » dans la tourmente, pas plus averse au risque quâauparavant.
Les banques centrales dans la tempĂȘte â Pour un nouveau mandat de stabilitĂ© financiĂšre
Xavier Ragot, 2012
La crise Ă©conomique que nous traversons montre le rĂŽle pivot des banques centrales dans les Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es. Si elles se veulent les gardiennes discrĂštes de la stabilitĂ© des prix, cette crise souligne la nĂ©cessitĂ© de repenser plus globalement leur rĂŽle. Dâabord, elles nâont pas su percevoir, pas plus que les autres acteurs, la transformation des marchĂ©s financiers en un systĂšme bancaire parallĂšle non rĂ©glementĂ©. Ensuite, la gestion de la crise de la liquiditĂ© les a conduites Ă assumer de nouvelles fonctions pour assurer directement le financement de lâĂ©conomie. Enfin, le problĂšme de la dette publique europĂ©enne, puis amĂ©ricaine, les a obligĂ©es Ă modifier leur action sans quâelles prĂ©cisent toujours leur doctrine. PhĂ©nomĂšne inĂ©dit dans la pĂ©riode actuelle, les banques centrales contribuent dĂ©sormais au financement des Ătats.
Ă quoi conduiront de tels bouleversements ? Ă un nouveau fonctionnement des marchĂ©s financiers, sans doute, avec une nouvelle place occupĂ©e par les banques centrales. Revenant sur ces Ă©volutions, Xavier Ragot dĂ©montre quâil sera nĂ©cessaire que les banques centrales prennent en compte non seulement la stabilitĂ© des prix, câest-Ă -dire le contrĂŽle de lâinflation, mais aussi, de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, la stabilitĂ© financiĂšre et la stabilitĂ© Ă©conomique.
Ăconomie politique
L'hélicoptÚre monétaire : Au-delà du mythe
« LâhĂ©licoptĂšre monĂ©taire » : cette mĂ©taphore extravagante paraĂźt avoir aujourdâhui envahi les dĂ©bats dâordinaire si sĂ©rieux entre Ă©conomistes financiers et monĂ©taires. Pourquoi ce terme tirĂ© dâun texte de Milton Friedman publiĂ© en 1969 ressurgit-il avec autant de force aujourdâhui ? Quâen est-il vraiment dâun outil de politique publique prĂ©sentĂ© par certains comme un instrument miracle et par dâautres comme une solution fantasque, voire dangereuse ? On tente ici de dĂ©crypter les rĂ©alitĂ©s que recouvre la proposition dâinjecter de la monnaie dans lâĂ©conomie sous forme de transferts directs aux individus. Ă lâheure oĂč la question de lâabolition de la dette des Ătats fait plus que jamais dĂ©bat, ce petit livre donne les clĂ©s pour en comprendre tous les enjeux. Plus d'infos
Leçons de l'expérience japonaise : Vers une autre politique économique ?
Depuis la crise de 2008, la lenteur du retour aux taux de croissance passĂ©s a fait naĂźtre la crainte que lâEurope ne suive, peu ou prou, la trajectoire Ă©conomique du Japon durant les annĂ©es 1990-2000. Cette inquiĂ©tude sâexprime dĂ©sormais rĂ©guliĂšrement, formulĂ©e le plus souvent comme le risque dâune dĂ©cennie perdue « Ă la japonaise ». Lâobjectif de cet opuscule est de revenir sur lâexpĂ©rience japonaise depuis 1990 jusquâĂ la politique dite des Abenomics conduite depuis 2012, afin de discuter la pertinence dâune transposition dans un contexte autre que japonais. Le Japon nâa pas « perdu » vingt-cinq ans et son Ă©volution a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e de trĂšs prĂšs aux Ătats-Unis par les macroĂ©conomistes et les responsables politiques, mais beaucoup moins en Europe. Il serait, selon nous, exagĂ©rĂ© dây voir une expĂ©rience de politique Ă©conomique non conventionnelle dont pourraient sâinspirer les Ă©conomistes europĂ©ens Ă la recherche dâune « autre politique ». Mais les Abenomics incarnent, aussi, une forme de volontarisme politique et une tentative pertinente de mettre en Ćuvre de façon cohĂ©rente diffĂ©rents instruments de politique Ă©conomique. Plus d'infos
Libéralisation, Innovation et croissance: Faut-il vraiment les associer ?
Depuis les annĂ©es 1990, les politiques de soutien Ă lâinnovation suscitent un intĂ©rĂȘt toujours croissant. Des travaux influents ont Ă©tudiĂ© le rĂŽle que pourrait jouer la libĂ©ralisation des marchĂ©s de biens et services dans les incitations Ă innover. Ils reposent sur des Ă©tudes empiriques qui tentent de mettre en Ă©vidence un lien nĂ©gatif entre niveau de rĂ©glementation et productivitĂ©. Leur message est relativement simple : la libĂ©ralisation, qui favorise les nouveaux entrants, conduirait les firmes Ă innover pour Ă©chapper Ă la concurrence dans un contexte de stagnation Ă©conomique. Sâappuyant principalement sur des donnĂ©es sectorielle pour les pays de lâOCDE, B. Amable et I. Ledezma montrent que cette conclusion selon laquelle un haut niveau de rĂ©glementation serait nuisible Ă lâinnovation ou Ă la croissance peut ĂȘtre renversĂ©e en fonction des spĂ©cifications empiriques adoptĂ©es : pĂ©rimĂštre sectoriel de lâĂ©chantillon, spĂ©cification des Ă©quations estimĂ©es, etc. Il ressort notamment de leur Ă©tude que la rĂ©glementation sur les marchĂ©s de biens et services nâapparaĂźt nullement comme un obstacle Ă lâinnovation dans lâindustrie manufacturiĂšre. Il faut donc mettre en place des politiques spĂ©cifiques dĂ©diĂ©es Ă la promotion de lâinnovation, qui vont bien au-delĂ de la fourniture dâun cadre concurrentiel adĂ©quat aux entreprises. Plus d'infos
LâĂ©conomie politique du nĂ©olibĂ©ralisme â Le cas de la France et de lâItalie
La France et lâItalie connaissent des Ă©volutions Ă©conomiques et politiques comparables. Contrairement Ă lâopinion dominante, selon laquelle des obstacles dâordre politique empĂȘcheraient lâadoption de mesures Ă©conomiques dâinspiration nĂ©olibĂ©rale qui seraient « indispensables », ce livre analyse la mise en Ćuvre dâun programme Ă©conomique nĂ©olibĂ©ral en France et en Italie comme une rĂ©ponse aux crises politiques que connaissent les deux pays depuis plus de deux dĂ©cennies. La dissolution des anciennes alliances sociales y a rendu nĂ©cessaire la reconstitution dâun bloc social dominant. Mais le « noyau dur » du bloc nĂ©olibĂ©ral constituant une minoritĂ© politique, la stratĂ©gie consiste Ă sâappuyer sur une coalition sociale Ă©largie. En France, le programme de « rupture » de Sarkozy a Ă©tĂ© conçu comme une mĂ©diation entre dâune part les attentes du « noyau dur », et dâautre part celles de la majeure partie des salariĂ©s du secteur privĂ©. En Italie, la stratĂ©gie de Berlusconi a Ă©tĂ© de former une alliance entre le « noyau dur » et les classes prĂ©caires et assistĂ©es. Quant Ă la participation Ă lâUnion europĂ©enne, elle implique dans les deux pays une pression politique forte qui est favorable Ă la mise en place dâune stratĂ©gie nĂ©olibĂ©rale sous des formes politiques variĂ©es. Plus d'infos
Bien-ĂȘtre, travail et politiques publiques
Société française
Une Jeunesse Difficile. Portrait économique et social de la jeunesse française
Collectif, 2007
Ă quelques mois dâintervalle, deux visages de la jeunesse française ont fait irruption dans le dĂ©bat politique : la jeunesse des banlieues Ă lâautomne 2005, puis la jeunesse Ă©tudiante, au printemps 2006. Ils ont rappelĂ© Ă lâopinion publique ce que sociologues et Ă©conomistes soulignaient depuis longtemps : la jeunesse est en premiĂšre ligne des ruptures qui ont accompagnĂ© les mutations de la sociĂ©tĂ©.
Cet ouvrage vise Ă approfondir le diagnostic. Deux thĂšmes principaux sont analysĂ©s : la prĂ©caritĂ© de lâemploi pour les jeunes, lâallongement de la durĂ©e des Ă©tudes. Contrairement Ă une idĂ©e qui tend Ă prĂ©valoir, lâallongement des Ă©tudes a Ă©tĂ© une bonne chose, en moyenne, tant du point de vue des salaires que de celui des emplois. Mais son effet principal pour les jeunes est de retarder lâĂąge oĂč lâon dispose dâun emploi stable : lâinsertion hier rĂ©servĂ©e aux 20-25 ans sâest dĂ©sormais dĂ©calĂ©e dans le temps, parfois jusquâĂ lâĂąge de 32 ans. Et cet effet se conjugue avec la prĂ©caritĂ© de lâemploi.
Comment ĂȘtre jeune si longtemps ? GrĂące aux solidaritĂ©s familiales, mais Ă condition dâen bĂ©nĂ©ficier. DĂšs lors que sâallonge la durĂ©e dâaccĂšs Ă un emploi stable, la dĂ©pendance Ă lâĂ©gard de la famille se trouve renforcĂ©e. Aider les jeunes, aujourdâhui plus encore quâhier, câest leur donner les moyens dâĂ©chapper aux inĂ©galitĂ©s familiales.
La sociĂ©tĂ© de dĂ©fiance : comment le modĂšle social français sâautodĂ©truit
Yann Algan, Pierre Cahuc, 2007
La France est engagĂ©e dans un cercle vicieux dont les coĂ»ts Ă©conomiques et sociaux sont considĂ©rables. Depuis plus de vingt ans, des enquĂȘtes menĂ©es dans tous les pays dĂ©veloppĂ©s rĂ©vĂšlent quâici plus quâailleurs, on se mĂ©fie de ses concitoyens, des pouvoirs publics et du marchĂ©. Cette dĂ©fiance allant de pair avec un incivisme plus frĂ©quent.
Or la dĂ©fiance et lâincivisme, loin dâĂȘtre des traits culturels immuables, sont alimentĂ©s par le corporatisme et lâĂ©tatisme du modĂšle social français. En retour, le manque de confiance des Français entrave leurs capacitĂ©s de coopĂ©ration, ce qui conduit lâĂtat Ă tout rĂ©glementer et Ă vider de son contenu le dialogue social.
En comparant les relations entre les performances Ă©conomiques et les attitudes sociales dans une trentaine de pays du dĂ©but des annĂ©es 1950 Ă nos jours, Yann Algan et Pierre Cahuc montrent comment ce dĂ©ficit de confiance rĂ©duit significativement lâemploi, la croissance et, surtout, lâaptitude des Français au bonheur.
Handicap et dĂ©pendance â Drames humains, enjeux politiques
Florence Weber, 2011
Drames privĂ©s ou question publique ? De quoi et de qui parle-t-on quand on parle de dĂ©pendance ? Le terme, dâorigine mĂ©dicale, dĂ©signe lâincapacitĂ© Ă accomplir sans aide les actes essentiels de la vie quotidienne, qui touche les handicapĂ©s, les malades chroniques, les vieillards infirmes ou dĂ©ments. La rĂ©forme de la dĂ©pendance, promesse Ă©lectorale depuis trois campagnes prĂ©sidentielles, devrait donner une base cohĂ©rente aux politiques visant Ă compenser ces difficultĂ©s, pour assurer la survie et promouvoir lâautonomie des personnes concernĂ©es.
Au-delĂ des dĂ©bats sur le financement de cette nouvelle protection sociale, ce petit livre Ă©claire les enjeux humains dâune rĂ©forme attendue en tentant de faire entendre les points de vue des personnes handicapĂ©es elles-mĂȘmes, de leurs familles et des professionnels de lâaide. Il plaide pour la suppression de la barriĂšre des 60 ans entre handicap et dĂ©pendance, ainsi que pour la construction dâun nouveau secteur professionnel de lâaide, Ă domicile et en institution.
Faut-il abolir le cumul des mandats ?
Laurent Bach, 2012
Le cumul dâun mandat Ă©lectif national avec un mandat local est encore aujourdâhui la rĂšgle Ă lâAssemblĂ©e nationale : en France, depuis trente ans, on hĂ©site manifestement, malgrĂ© de nombreuses tentatives, Ă lĂ©gifĂ©rer de maniĂšre dĂ©cisive sur ce sujet.
Ă partir dâune analyse empirique des rĂ©sultats aux Ă©lections et du travail des dĂ©putĂ©s depuis 1988, Laurent Bach remet en cause les prĂ©misses de ce dĂ©bat. Il dĂ©montre que la dĂ©tention dâun mandat local ne donne aucun avantage rĂ©el lors des Ă©lections lĂ©gislatives. En revanche, nos institutions encouragent plus quâailleurs les dĂ©putĂ©s Ă dĂ©velopper leur implantation locale, ce qui en fait des candidats naturels lors des Ă©lections municipales, cantonales et rĂ©gionales. De lĂ naĂźt une forte propension au cumul des mandats, en dĂ©pit des contraintes de temps et dâorganisation que cette pratique entraĂźne.
Cette situation a un coĂ»t : les dĂ©putĂ©s qui cumulent sont nettement moins impliquĂ©s dans les dĂ©bats nationaux et concentrent leurs interventions sur les sujets touchant aux collectivitĂ©s locales. Câest pourquoi une rĂ©gulation est nĂ©cessaire. Ă lâĂ©vidence, les citoyens doivent pouvoir accĂ©der plus simplement au contenu dĂ©taillĂ© de lâactivitĂ© des parlementaires. Surtout, il faut imposer enfin le mandat unique pour nos dĂ©putĂ©s.
Avoir un enfant plus tard: Enjeux sociodémographiques du report des naissances
Hippolyte d’Albis, Angela Greulich et GrĂ©gory PonthiĂšre, 2015
Les Ă©volutions de la natalitĂ© sont le plus souvent apprĂ©hendĂ©es Ă lâaune dâun unique indicateur, le nombre dâenfants par femme. Pourtant, le calendrier des naissances, câest-Ă -dire les Ăąges auxquels une mĂšre donne naissance Ă ses enfants, Ă©claire utilement les dynamiques sociodĂ©mographiques. LâĂąge de la maternitĂ© se rĂ©vĂšle, en particulier, ĂȘtre un marqueur social car il sâaccroĂźt avec les niveaux dâĂ©ducation et de revenus des parents. Aujourdâhui, parmi celles ayant le moins de perspectives sociales, on trouve souvent des filles-mĂšres.
Force est de constater que le calendrier des naissances est naturellement liĂ© aux autres dĂ©cisions importantes qui rythment le cycle de vie : nombre dâenfants, bien sĂ»r, mais aussi temps consacrĂ© aux Ă©tudes et rĂŽle des femmes sur le marchĂ© du travail. MĂȘme si on a trop souvent tendance Ă sâalarmer du report des naissances, les Ăąges de la maternitĂ© ne sont pas des variables ni des objectifs des politiques publiques ; câest plutĂŽt le contraire : ils rĂ©agissent indirectement Ă certaines politiques, et peuvent de ce fait en annihiler les effets.
Dans cet opuscule, le calendrier des naissances sert à lire certaines dynamiques sociales, économiques et démographiques propres aux sociétés européennes et, en particulier, aux sociétés française et allemande. Nous mettons en perspective le phénomÚne de report des naissances qui caractérise depuis plusieurs décennies la démographie européenne en analysant précisément ses ressorts et implications.
Repenser lâImmigration en France
Hillel Rapoport, 2018
La question de lâimmigration fait partie des grands dĂ©bats publics de la France dâaujourdâhui. Ce dĂ©bat est dâautant plus vif quâil a Ă©tĂ© ranimĂ©, dâune part, par la « crise des migrants » que connaĂźt actuellement lâEurope et, dâautre part, par les attentats qui ont rĂ©cemment endeuillĂ© notre pays. Si la question de lâimmigration se pose avant tout en termes dâidentitĂ© et de sĂ©curitĂ©, sa dimension Ă©conomique nâest pas Ă nĂ©gliger : elle conditionne les perspectives dâintĂ©gration des immigrĂ©s prĂ©sents sur le territoire national, ainsi que les degrĂ©s dâouverture ou de fermeture auxquels seront confrontĂ©s les immigrants de demain.
Le constat que fait ce livre est le suivant. Depuis la fin des Trente Glorieuses, et malgrĂ© sa tradition dâasile et dâaccueil, la France a voulu rĂ©duire une immigration quâelle a perçue comme un « problĂšme » ; ce faisant, elle a accueilli une proportion dâimmigrants non qualifiĂ©s plus forte que les autres pays ; les Ă priori nĂ©gatifs des Français vis-Ă -vis de lâimmigration sâen sont trouvĂ©s renforcĂ©s, et leurs attentes Ă lâĂ©gard de politiques dâimmigration restrictives, renforcĂ©es. La France sâest ainsi enfermĂ©e dans un cercle vicieux : faible taille, faible qualification et faible diversitĂ© de son immigration lâempĂȘchent de tirer parti des bĂ©nĂ©fices Ă©conomiques quâune immigration plus importante, mieux sĂ©lectionnĂ©e sur la base de lâĂ©ducation et des qualifications, et originaire dâun champ gĂ©ographique plus large et plus variĂ© que lâancien champ colonial, pourrait lui apporter.
Nous devons donc repenser notre politique dâimmigration en nous inspirant des rĂ©sultats de la recherche et des expĂ©riences de pays disposant dâune immigration plus qualifiĂ©e et plus diversifiĂ©e, plus large et plus consensuelle Ă la fois.
Les Français, le bonheur et lâargent
Yann Algan, Elizabeth Beasley, Claudia Senik, 2018
Bonheur, satisfaction dans la vie, confiance et optimisme : oĂč en sont les Français ? Il existe une spĂ©cificitĂ© française en matiĂšre de bien-ĂȘtre et ce livre met en lumiĂšre plusieurs paradoxes.
Les Français se disent moins heureux et plus pessimistes que la plupart des citoyens des autres pays europĂ©ens ; ce mal-ĂȘtre concerne avant tout les questions Ă©conomiques ; et câest en France que la relation entre bonheur et argent est la plus forte. Ceci vient sans doute de leur dĂ©fiance vis-Ă -vis des institutions : ne pouvant plus compter sur elles pour organiser leur destinĂ©e collective et les protĂ©ger contre les principaux risques de la vie, les Français se replieraient sur leurs ressources personnelles. Au malheur collectif sâoppose alors un bonheur privĂ©.
Mal-ĂȘtre et dĂ©fiance se traduisent par un processus de polarisation politique, avec la montĂ©e de lâextrĂȘme droite notamment. Lors des derniĂšres Ă©lections prĂ©sidentielles, le vote en faveur dâEmmanuel Macron ou de Marine Le Pen a marquĂ© le clivage entre optimistes et pessimistes. Quelle que soit sa postĂ©ritĂ©, le sursaut dâoptimisme du mois de juin 2017 montre que, mĂȘme si lâĂ©tat dâesprit des Français est si ancien quâil finit par se confondre avec une attitude culturelle, il nâest pas pour autant irrĂ©versible.
Bien publics, charité privée
Gabrielle Fack, Camille Landais, Alix Myczkowski, 2018
Dans un contexte de crise des finances publiques, les Ătats cherchent Ă encourager les financements volontaires alternatifs Ă la taxation pour financer les biens publics comme les institutions culturelles, lâĂ©ducation, la recherche⊠Ils ont donc mis en place depuis une quinzaine dâannĂ©es des incitations fiscales au don, avec lâespoir dâatteindre un niveau de financement privĂ© similaire Ă celui des Ătats-Unis, oĂč le niveau de philanthropie est beaucoup plus Ă©levĂ© quâen Europe. Ainsi en France, un euro de don ouvre aujourdâhui le droit Ă une rĂ©duction dâimpĂŽts comprise entre 0,66 et 0,75 euro. Alors que les dĂ©penses publiques associĂ©es Ă ces incitations augmentent, il faut sâinterroger sur lâefficacitĂ© de tels dispositifs : dans quelle mesure lâĂtat peut-il encourager la charitĂ© privĂ©e au moyen dâincitations financiĂšres ?
Pour rĂ©pondre Ă cette question, il faut analyser et comparer les niveaux de dons dans les diffĂ©rents pays. AprĂšs avoir rassemblĂ© les sources disponibles pour Ă©tudier le financement des biens privĂ©s autour du monde, en comparant en particulier lâĂ©volution des dons en France, aux Ătats-Unis, au Canada et au Danemark, les auteurs cherchent Ă comprendre les motivations des donateurs puis analysent lâefficacitĂ© des incitations fiscales au don, prenant en compte le fait que les incitations financiĂšres sont parfois contreproductives dans le cas de la charitĂ© privĂ©e. Comment amĂ©liorer le dispositif existant ?
Voter autrement
Jean-François Laslier, 2019
La dĂ©mocratie nâest plus une Ă©vidence. Ses dysfonctionnements remettent en cause son principe (le pouvoir du peuple) ou lâidĂ©e dĂ©rivĂ©e de reprĂ©sentation.
Or, il est possible dâamĂ©liorer la dĂ©mocratie reprĂ©sentative sur au moins un point : la technique Ă©lectorale. Il existe des maniĂšres diffĂ©rentes de voter, qui portent des symboliques diffĂ©rentes et ont des consĂ©quences diffĂ©rentes. Demande-t-on Ă lâĂ©lecteur derriĂšre quel candidat il se range, ou bien lui demande-t-on son avis sur chacun ? Encourage-t-on le regroupement ou lâĂ©miettement des partis ?
Ce livre offre une synthĂšse des connaissances Ă propos des votes « par Ă©valuation », quand chaque Ă©lecteur sâexprime sur chaque candidat. Il repose sur la rĂ©flexion thĂ©orique et sur de nombreuses expĂ©riences rĂ©alisĂ©es en collaboration avec le public, dans les bureaux de vote, en ligne ou en laboratoire. Certaines mĂ©thodes envisagĂ©es sont plus satisfaisantes que les systĂšmes actuels, et tendraient sans doute Ă favoriser les candidats consensuels.
En sâinterrogeant sur lâart difficile de la dĂ©cision collective et sur ce que pourrait ĂȘtre notre dĂ©mocratie, lâouvrage porte un Ă©clairage original sur ce quâelle est actuellement, sur ses petits dĂ©fauts comme sur ses failles plus profondes.
Le Bonheur est sur Twitter : Un baromÚtre du moral des Français
Thomas Renault, 2022
Est-il possible de mesurer le bien-ĂȘtre subjectif des Français en analysant les messages quâils publient sur Twitter ? Quels sont les avantages et les limites de cette approche ? Et que peut-on apprendre de lâanalyse de leurs Ă©motions Ă partir de cette nouvelle source de donnĂ©es ?
Cet opuscule prĂ©sente les rĂ©sultats dâun travail de recherche original issu de lâanalyse de plusieurs dizaines de millions de messages publiĂ©s sur Twitter entre 2010 et 2022. Lâauteur commence par dĂ©crire une mĂ©thodologie susceptible de construire des indicateurs de sentiment et dâĂ©motion de maniĂšre automatique. Lâanalyse des mots clĂ©s et des hashtags permet de rĂ©vĂ©ler les principaux sujets qui intĂ©ressent les Français et les Ă©motions associĂ©es au traitement de chacun. Des indicateurs dĂ©sagrĂ©gĂ©s sont aussi prĂ©sentĂ©s â par genre, Ăąge et catĂ©gorie socio-professionnelle â, qui permettent dâanalyser de maniĂšre plus fine les dĂ©terminants des variations du bien-ĂȘtre subjectif.
Lâanalyse des messages illustre un net dĂ©crochage du moral des Français â et une hausse de leur colĂšre â Ă partir de la fin de lâannĂ©e 2018, au moment du mouvement des Gilets jaunes. AprĂšs une forte montĂ©e de la peur quand sâest dĂ©clarĂ©e la Covid-19, la colĂšre est lâĂ©motion qui a repris le dessus depuis le milieu de lâannĂ©e 2020, autour des thĂ©matiques de la #politique et de la #santĂ©, en dĂ©pit dâune augmentation des Ă©motions relatives Ă lâ#Ă©conomie.
La guerre en Ukraine a entraĂźnĂ© une nouvelle dĂ©gradation des Ă©motions exprimĂ©es par les Français en fĂ©vrier 2022, un effet qui sâest estompĂ© lorsque les craintes dâune 3e guerre mondiale se sont Ă©loignĂ©es et ont cĂ©dĂ© la place Ă la thĂ©matique des Ă©lections prĂ©sidentielles françaises.
Protection sociale et emploi
LâĂtat providence en Europe â Performance et dumping social
Mathieu Lefebvre, Pierre Pestieau, 2012
Cet opuscule propose une mesure de la performance des Ătats-providence europĂ©ens fondĂ©e sur la maniĂšre dont ils traitent des inĂ©galitĂ©s sociales, de santĂ©, dâemploi et dâĂ©ducation. Cette mesure permet de comparer la performance des pays de lâEurope des quinze avec celle des douze nouveaux membres ; elle donne aussi la possibilitĂ© de tester lâhypothĂšse dâun Ă©ventuel dumping social Ă lâĆuvre dans ces pays ; enfin elle peut ĂȘtre utilisĂ©e pour mieux apprĂ©hender la façon dont les diffĂ©rents Ătats europĂ©ens prennent en charge les personnes ĂągĂ©es.
Sans surprise, les pays nordiques prĂ©sentent les meilleurs scores. En revanche, lâentrĂ©e des douze nouveaux membres a eu un effet contrastĂ©. Certains, telles la RĂ©publique TchĂšque ou la SlovĂ©nie, font aussi bien que les meilleurs de lâEurope des quinze, alors que dâautres, la Roumanie et la Bulgarie en particulier, sont Ă la traĂźne. On nây observe pas de dumping social et, en dĂ©pit de lâaugmentation du taux de dĂ©pendance, le bien-ĂȘtre des personnes ĂągĂ©es nây a pas progressĂ© au cours de la derniĂšre dĂ©cennie.
Les allocations logement, comment les réformer ?
Antoine Bozio, Gabrielle Fack et Julien Grenet, 2015
Les aides personnelles au logement constituent le principal instrument de la politique du logement en France. PrĂšs de 6 millions de mĂ©nages en bĂ©nĂ©ficient chaque annĂ©e, pour un coĂ»t global de prĂšs de 18 milliards dâeuros.
La rĂ©forme proposĂ©e ici propose de fusionner les aides au logement, le RSA et la PPE en une prestation unique. Simplification utile du systĂšme de protection sociale français, lâintĂ©gration des aides au logement au sein dâune prestation ni spĂ©cifiquement « flĂ©chĂ©e » ni affectĂ©e Ă ce poste de consommation diminuerait, en outre, le risque de capture des aides par les bailleurs, tout en accroissant les incitations au retour Ă lâemploi. Une telle rĂ©forme permettrait ainsi que les sommes allouĂ©es aux aides au logement bĂ©nĂ©ficient rĂ©ellement aux mĂ©nages quâelles ont vocation Ă soutenir.
Emploi et chĂŽmage
La flexisécurité danoise : quels enseignements pour la France ?
Robert Boyer, 2006
Alors que dans nombre de pays europĂ©ens une fraction notable de la population continue Ă souffrir dâun chĂŽmage Ă©levĂ© et de longue durĂ©e, il est un pays qui, en lâespace de quelques annĂ©es, est parvenu Ă rĂ©duire de moitiĂ© son taux de chĂŽmage. Ce pays, le Danemark, a depuis lors retenu lâattention des chercheurs comme des responsables politiques, au point de constituer un « modĂšle » original combinant flexibilitĂ© pour les entreprises et sĂ©curitĂ© pour les salariĂ©s.
Robert Boyer explore ici les raisons de ce succĂšs, en montre lâorigine historique et en tire quelques enseignements prudents concernant lâapplicabilitĂ© du « modĂšle danois » en dehors de ses frontiĂšres, et tout particuliĂšrement en France.
Bas salaires et qualitĂ© de lâemploi : lâexception française ?
dir. Ăve Caroli, JĂ©rĂŽme GautiĂ©, 2009
Les pays industrialisĂ©s avancĂ©s ont connu de profondes mutations Ă©conomiques au cours des vingt-cinq derniĂšres annĂ©es : globalisation croissante, dĂ©rĂ©glementation de nombreux secteurs, diffusion de nouvelles technologies et formes dâorganisation du travail⊠Ces mutations se sont traduites par une pression concurrentielle accrue sur les entreprises, qui ont Ă©tĂ© amenĂ©es Ă modifier radicalement leur mode de gestion, et notamment la gestion de leur main-dâĆuvre. Quelles en ont Ă©tĂ© les consĂ©quences pour les travailleurs peu qualifiĂ©s et peu rĂ©munĂ©rĂ©s ?
Si beaucoup de travaux traitent des rĂ©percussions de cette Ă©volution en termes de niveau dâemploi et de chĂŽmage, câest Ă la qualitĂ© de lâemploi que lâon sâintĂ©resse ici. Cette qualitĂ© renvoie, au-delĂ de la seule rĂ©munĂ©ration, Ă lâensemble des conditions de travail. Le cas français est situĂ© par rapport Ă celui dâautres pays europĂ©ens (Allemagne, Danemark, Pays-Bas et Royaume-Uni) et des enquĂȘtes de terrain ont Ă©tĂ© conduites de maniĂšre approfondie dans six secteurs : lâindustrie agroalimentaire, les hĂŽpitaux, les hĂŽtels, la grande distribution, les centres dâappel et lâintĂ©rim.
Il en ressort que si, en France, la part des travailleurs Ă bas salaire est relativement faible, leurs conditions de travail sont particuliĂšrement dures. Cette spĂ©cificitĂ© dĂ©coule de notre modĂšle de rĂ©gulation du marchĂ© du travail : les rĂšgles juridiques sont nombreuses (du smic Ă lâencadrement des contrats temporaires), mais les contre-pouvoirs effectifs sur les lieux de travail sont insignifiants dans beaucoup de secteurs. Cela tient pour lâessentiel Ă la faiblesse et Ă la division des syndicats, mais aussi Ă un niveau de chĂŽmage Ă©levĂ© qui contribue Ă saper le pouvoir de nĂ©gociation des travailleurs les plus vulnĂ©rables.
Comment faut-il payer les patrons ?
Frédéric Palomino, 2011
Les excĂšs rĂ©cemment observĂ©s dans le niveau de salaire de certains grands patrons suggĂšrent lâexistence, au sein des entreprises, de dysfonctionnements importants dans les politiques de rĂ©munĂ©ration.
Cet opuscule a un double objectif. Il analyse tout dâabord les contrats dont bĂ©nĂ©ficient les dirigeants dâentreprise et propose des changements pour que leurs rĂ©munĂ©rations soient plus directement liĂ©es Ă leurs performances et Ă leur action. Il Ă©tudie ensuite le fonctionnement des organes de dĂ©cision qui attribuent ces contrats â les conseils dâadministration. Comment modifier la composition et le fonctionnement des CA pour quâils soient plus indĂ©pendants vis-Ă -vis des PDG et que les contrats de rĂ©munĂ©ration octroyĂ©s aient les effets souhaitĂ©s ?
Pour une retraite choisie : lâemploi des seniors
Jean-Olivier Hairault, François Langot, Thepthida Sopraseuth, 2008
En France, lâemploi des seniors est en panne, tandis que nos voisins europĂ©ens ont mieux rĂ©ussi dans ce domaine depuis le milieu des annĂ©es 1990. Existe-t-il une spĂ©cificitĂ©, voire une fatalitĂ© française, ou nos rĂ©formes sont-elles inadaptĂ©es, donc inopĂ©rantes ?
Cet opuscule propose dâaller beaucoup plus loin dans les politiques dâincitation Ă la prolongation dâactivitĂ©, encore bien timides en France. Il faut casser la norme du dĂ©part prĂ©coce en mettant en place de fortes surcotes en capital et une libertĂ© complĂšte dans le cumul emploi-retraite. Une telle politique aura des consĂ©quences positives sur lâemploi aprĂšs 60 ans, mais Ă©galement sur celui des quinquagĂ©naires en repoussant les effets de bord crĂ©Ă©s par lâĂąge de la retraite, qui freinent fortement la demande et lâoffre de travail des seniors.
Pour lâemploi des seniors â Assurance chĂŽmage et licenciements
Jean-Olivier Hairault, 2012
Concernant les seniors, le systĂšme français continue dâentretenir lâinactivitĂ© plutĂŽt que lâemploi. Si les prĂ©retraites publiques ont peu Ă peu disparu depuis dix ans, la majoritĂ© des entreprises choisissent aujourdâhui encore dâajuster leurs effectifs Ă la baisse par le dĂ©part des seniors. Et cette volontĂ© ne rencontre guĂšre de rĂ©sistance chez les intĂ©ressĂ©s, dans la mesure oĂč un systĂšme dâassurance chĂŽmage spĂ©cifique leur permet dâattendre la retraite dans des conditions acceptables.
Nous proposons une rĂ©forme qui, en rendant plus difficile lâaccĂšs Ă la retraite via le chĂŽmage indemnisĂ©, permettrait de limiter les sorties consensuelles de lâemploi par une combinaison optimale entre assurance et incitations en fin de carriĂšre. Il faudrait complĂ©ter ce dispositif par une taxe spĂ©cifique pĂ©nalisant les entreprises qui continueront de licencier des seniors.
Bien ou mal payés ? Les travailleurs du public et du privé jugent leurs salaires
Christian Baudelot, Damien Cartron, JérÎme Gautié, Olivier Gaudechot, Michel Gollac et Claudia Senik, 2014
Le salaire est une composante essentielle du niveau de vie. Son montant reprĂ©sente pour lâimmense majoritĂ© des travailleurs un enjeu considĂ©rable. Comment les salariĂ©s perçoivent-ils Ă la fois le salaire quâils touchent et les Ă©carts qui le sĂ©parent de celui des autres ? Portant sur les modalitĂ©s subjectives de la perception des salaires ainsi que sur les critĂšres de justice auxquels se rĂ©fĂšrent les individus pour Ă©valuer leur montant, les deux grandes enquĂȘtes dont est issu cet ouvrage mettent au jour les relations que les travailleurs entretiennent avec leur salaire ainsi que le sens quâils attribuent Ă leur rĂ©munĂ©ration.
Un mĂȘme questionnaire, lâenquĂȘte « SalSa » (« Les salaires vus par les salariĂ©s »), a Ă©tĂ© administrĂ© Ă un Ă©chantillon de salariĂ©s des entreprises, privĂ©es et publiques, dâun cĂŽtĂ©, et Ă un Ă©chantillon de salariĂ©s de la fonction publique, de lâautre.
Il ressort de notre enquĂȘte que, du point de vue des salariĂ©s, le salaire ne se rĂ©duit jamais Ă une simple somme dâargent destinĂ©e Ă satisfaire des besoins. Câest Ă©galement une façon de mesurer la valeur du travail accompli, sa reconnaissance par la sociĂ©tĂ© et donc la valeur de la personne elle-mĂȘme du salariĂ©, en soi, et en relation avec les autres. Câest pourquoi la façon dont les individus connaissent, apprĂ©hendent et jugent leur rĂ©munĂ©ration et celle des autres est un Ă©lĂ©ment essentiel pour comprendre les procĂ©dures de dĂ©termination et donc de nĂ©gociation des salaires, mais aussi le sens que les individus attribuent Ă leur travail.
QualitĂ© de lâemploi et productivitĂ©
Philippe Askenazy et Christine Erhel, 2017
En France comme dans la plupart des pays europĂ©ens, la croissance de la productivitĂ© du travail a ralenti depuis 2008, et cette tendance semble dĂ©sormais toucher aussi les Ătats-Unis. Les explications souvent avancĂ©es apparaissent insuffisantes, quâelles insistent sur les problĂšmes de mesure liĂ©s aux « investissements intangibles », sur lâatonie durable de la demande en Europe ou encore sur la nature du progrĂšs technique, qui induirait des gains de productivitĂ© durablement faibles.
Cet opuscule explore une autre dimension : les ajustements de lâemploi. Du maintien de lâemploi des diplĂŽmĂ©s au dĂ©veloppement de lâautoentrepreneuriat, ils contribuent massivement au ralentissement de la productivitĂ©, notamment en pĂ©riode de rĂ©cession. Au-delĂ de cette phase, les auteurs mettent en dĂ©bat la stratĂ©gie de lutte contre le chĂŽmage par la baisse du coĂ»t du travail et la flexibilitĂ©, qui peut conduire non seulement Ă dĂ©grader la qualitĂ© de lâemploi, mais Ă©galement Ă affaiblir la dynamique de la productivitĂ©.
La Polarisation de lâemploi en France, ce qui sâest aggravĂ© depuis la crise de 2008
Ariell Reshef et Farid Toubal, 2019
La France a subi un changement structurel rapide au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies. Elle nâest plus seulement spĂ©cialisĂ©e dans quelques domaines du secteur manufacturier mais sâest tournĂ©e vers celui des services : recherche et dĂ©veloppement, activitĂ©s de commerce ou du secteur financier. Le marchĂ© du travail, en accroissant la proportion des emplois Ă bas et haut salaire au dĂ©triment des emplois intermĂ©diaires, sâest fortement polarisĂ© â et la crise de 2008 a exacerbĂ© ce phĂ©nomĂšne, probablement liĂ© Ă lâessor des nouvelles technologies et Ă lâĂ©largissement de la mondialisation.
Vecteur dâinĂ©galitĂ©s salariales, la polarisation de lâemploi ravive aussi les tensions sociales et les passions politiques. Pour autant, les effets nĂ©gatifs de ces changements majeurs ne sont pas inĂ©vitables. A. Reshef et F. Toubal ouvrent ici des pistes de rĂ©flexion originales sur le devenir de lâemploi en France. Et proposent des politiques publiques dâajustement et de formation quâil faudrait adopter pour que les gains engendrĂ©s par le progrĂšs Ă©conomique soient mieux rĂ©partis.
Assurance-maladie et politiques de santé
La lancinante question de lâassurance-maladie
Pierre-Yves Geoffard, 2006
Lâassurance maladie est un chantier permanent : dans la seule histoire rĂ©cente, quelque 24 rĂ©formes se sont succĂ©dĂ© depuis le plan Barre de 1976. Pour le rĂ©sultat que lâon sait : en 2004, le dĂ©ficit de la branche maladie du rĂ©gime gĂ©nĂ©ral de la sĂ©curitĂ© sociale est de 12,3 milliards dâeuros, le plus Ă©levĂ© jamais enregistrĂ©. En France, lâarchitecture gĂ©nĂ©rale de la derniĂšre rĂ©forme en date repose essentiellement sur la rĂ©gulation de la demande de soins, et trĂšs peu sur lâoffre de soins. Est-ce la bonne maniĂšre de procĂ©der ?
Sâappuyant sur les rĂ©formes engagĂ©es dans dâautres pays, P. -Y. Geoffard prĂ©sente un examen critique des rĂ©formes françaises en gĂ©nĂ©ral et de la rĂ©forme rĂ©cente en particulier.
Les dépenses de santé : une augmentation salutaire ?
Brigitte Dormont, 2009
Depuis le milieu du XXe siĂšcle, les pays dĂ©veloppĂ©s connaissent une augmentation continue des dĂ©penses de santĂ© et un formidable accroissement de la longĂ©vitĂ©. Quel est le lien entre ces deux Ă©volutions ? Contrairement Ă une opinion rĂ©pandue, le vieillissement ne joue quâun rĂŽle mineur dans la croissance des dĂ©penses de santĂ©. Celle-ci rĂ©sulte principalement de la dynamique du progrĂšs mĂ©dical : de nouveaux produits et de nouvelles procĂ©dures apparaissent continuellement, dont la diffusion alimente la consommation de soins.
Ces dĂ©penses sont-elles justifiĂ©es ? Doivent-elles continuer Ă progresser ? Brigitte Dormont montre que leur croissance soutenue peut correspondre Ă un optimum collectif. Certes, le coĂ»t des soins augmente rapidement mais leur efficacitĂ© aussi. Une augmentation de la longĂ©vitĂ©, une baisse des handicaps et une amĂ©lioration de la qualitĂ© de la vie sont obtenues en contrepartie des dĂ©penses de santĂ©. Et la valeur de ces gains en bien-ĂȘtre dĂ©passe largement le coĂ»t des soins.
ObĂ©sitĂ© â SantĂ© publique et populisme alimentaire
Fabrice ĂtilĂ©, 2013
LâobĂ©sitĂ© nâest pas seulement un enjeu de santĂ© publique. Son dĂ©veloppement questionne notre modĂšle alimentaire et, au-delĂ , notre modĂšle de production agroalimentaire.
Les industriels ne sây sont pas trompĂ©s, cachant une dĂ©fense de ce modĂšle productif sous les habits de la gastronomie et du plaisir gustatif. De fait, ce sont bien les arbitrages des consommateurs entre santĂ© et plaisir qui, in fine, dĂ©terminent le succĂšs ou lâĂ©chec des politiques dâalimentation et de santĂ© nutritionnelle. Mais font-ils ces arbitrages de maniĂšre souveraine et pleinement responsable ?
Ă cette question, centrale pour la construction dâune politique alimentaire cohĂ©rente, Fabrice ĂtilĂ© rĂ©pond par la nĂ©gative.
Câest bien lâenvironnement et lâoffre alimentaire quâil faut changer, et les comportements suivront. Dans cette perspective, il propose un ensemble de pistes dâaction combinant Ă©tiquetage, fiscalitĂ©, rĂ©gulation de lâenvironnement alimentaire et rĂ©forme des filiĂšres agroalimentaires.
Competition Between Hospitals
Brigitte Dormont and Carine Milcent (Eds.), 2018
Ă la suite des Ătats-Unis, la plupart des pays europĂ©ens ont rĂ©formĂ© leurs hĂŽpitaux au dĂ©but des annĂ©es 2000 avec un nouveau systĂšme de tarification visant Ă accroitre lâefficience dans la dĂ©livrance des soins. Ces rĂ©formes ont introduit une forte pression sur les hĂŽpitaux afin quâils rĂ©duisent leurs coĂ»ts. Câest pourquoi leur mise en Ćuvre peut susciter soulever des inquiĂ©tudes sur la qualitĂ© des soins. Une solution est dâencourager une concurrence en qualitĂ© entre les hĂŽpitaux.
Le but de cet ouvrage est de prĂ©senter les rĂ©sultats thĂ©oriques et empiriques concernant lâimpact de la concurrence sur la qualitĂ© des soins hospitaliers. Les contributions ici rassemblĂ©es Ă©manent dâĂ©conomistes universitaires qui sont les meilleurs spĂ©cialistes du sujet au niveau international. Ils sâintĂ©ressent aux questions suivantes : intensifier la concurrence Ă prix fixe entre les hĂŽpitaux conduit-il Ă une meilleure qualitĂ© des soins ? Les objectifs ou le statut â public ou privĂ© â des hĂŽpitaux peuvent-ils modifier lâimpact de la concurrence ? Doit-on attendre un impact identique quel que soit le cas ou la maladie traitĂ©s ? Est-il pertinent dâintroduire de la concurrence entre des hĂŽpitaux qui ont des cahiers des charges diffĂ©rents ?
Remédier aux déserts médicaux
Magali Dumontet et Guillaume Chevillard, 2020
Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, lâexpression de « dĂ©serts mĂ©dicaux », rĂ©guliĂšrement utilisĂ©e par les mĂ©dias et nos gouvernements successifs, dĂ©crit des situations oĂč les populations font face Ă des difficultĂ©s dâaccĂšs aux soins (dĂ©lai dâattente pour un rendez-vous, nombre insuffisant de mĂ©decins traitants disponiblesâŠ). Ces situations sont la consĂ©quence, notamment, dâune rarĂ©faction globale de lâoffre de soins, plus marquĂ©e chez les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes. Comment en est-on arrivĂ© lĂ ? Pourquoi les outils de rĂ©gulation de lâoffre de soins ont-ils Ă©chouĂ© dans leur objectif : adapter cette offre aux besoins de la population ? Tous les territoires ne sont pas touchĂ©s de la mĂȘme maniĂšre par ce phĂ©nomĂšne de rarĂ©faction. Les pouvoirs publics ont-ils mis en place ces deux derniĂšres dĂ©cennies des solutions pour amĂ©liorer lâaccessibilitĂ© aux soins â et lesquelles ?
Les retraites
La réforme du systÚme des retraites : à qui les sacrifices ?
Jean-Pierre Laffargue, 2007
Le vieillissement des populations, que lâon observe dans tous les pays industrialisĂ©s, dĂ©stabilise leur systĂšme de retraites. De nombreuses rĂ©formes sont en cours de discussion ou de mise en Ćuvre. Leur but est de redĂ©finir les modalitĂ©s des solidaritĂ©s intergĂ©nĂ©rationnelles.
Jean-Pierre Laffargue montre ici que lâabandon dâun systĂšme de rĂ©partition Ă la française en faveur dâun systĂšme par capitalisation ne peut rĂ©soudre les difficultĂ©s nĂ©es du vieillissement. Il y aura toujours un sacrifice Ă rĂ©partir entre toutes les gĂ©nĂ©rations, vivantes et Ă naĂźtre.
Deux choix politiques (et Ă©lectoraux) sont alors possibles, lâun clairement en faveur des seniors et en dĂ©faveur des nouvelles gĂ©nĂ©rations, lâautre Ă©quilibrĂ©. Si lâon en juge par lâĂ©volution des endettements publics, câest la premiĂšre voie que des pays comme les Ătats-Unis, lâItalie, le Royaume-Uni ou la France ont dâores et dĂ©jĂ choisi.
Pour un nouveau systÚme de retraite : des comptes individuels de cotisations financés par répartition
Antoine Bozio, Thomas Piketty, 2008
Le systĂšme de retraite français est morcelĂ©, complexe, incomprĂ©hensible pour la majoritĂ© des citoyens et sa stabilitĂ© financiĂšre Ă long terme est mise en cause. Il est source dâangoisse et dâincertitudes alors que sa raison dâĂȘtre est dâoffrir des garanties que les marchĂ©s financiers ne peuvent pas proposer.
Cet opuscule part du constat que seule une remise Ă plat gĂ©nĂ©rale permettra de rĂ©tablir la confiance dans lâavenir du systĂšme public dâassurance vieillesse par rĂ©partition. Antoine Bozio et Thomas Piketty proposent une refonte complĂšte des rĂ©gimes actuels et la crĂ©ation dâun systĂšme unifiĂ© de comptes individuels de cotisations offrant les mĂȘmes droits et les mĂȘmes rĂšgles Ă tous les travailleurs (public, privĂ©, non salariĂ©s).
Ce nouveau systĂšme facilite la mobilitĂ© professionnelle et garantit lâĂ©quilibre financier, grĂące Ă une prise en compte progressive de lâaugmentation de lâespĂ©rance de vie. Il avantage les plus modestes et permet de mieux cibler la solidaritĂ© vers ceux dont la carriĂšre a subi des alĂ©as. Les difficultĂ©s liĂ©es Ă la transition entre lâancien et le nouveau systĂšme sont rĂ©elles, mais surmontables, pourvu quâexiste la volontĂ© politique de prĂ©server lâavenir Ă long terme du systĂšme public par rĂ©partition.
La vie des couples aprĂšs la retraite â Temps partagĂ©s et contraintes Ă©conomiques
Nicolas Moreau et Elena Stancanelli, 2019
Les couples seniors sont souvent constituĂ©s de conjoints qui travaillent lâun et lâautre avant de partir Ă la retraite. En bonne santĂ©, ces couples peuvent commencer une nouvelle vie aprĂšs leur vie professionnelle. Cela devrait les amener Ă synchroniser leur dĂ©part Ă la retraite pour profiter dâun plus grand quantum de loisirs partagĂ©s. Chiffres Ă l’appui, les auteurs montrent que ce nâest pas le cas. Les couples seniors français, contrairement Ă leurs homologues amĂ©ricains par exemple, ne coordonnent pas leur dĂ©part Ă la retraite. Pour comprendre pourquoi, cet ouvrage offre une dissection de la vie des couples retraitĂ©s et montre que le temps partagĂ© nâest quâune partie de la vie aprĂšs la retraite.
Comportements et discriminations
La discrimination Ă lâembauche sur le marchĂ© du travail français
Nicolas Jacquemet, Anthony Edo, 2013
Cet opuscule propose un Ă©tat des lieux des connaissances sur la nature, la mesure et lâampleur de la discrimination Ă lâembauche sur le marchĂ© du travail français. Il sâappuie sur les rĂ©sultats dâune nouvelle Ă©tude destinĂ©e Ă explorer les sources de la discrimination observĂ©e. LâoriginalitĂ© de cette mĂ©thode est de prĂ©senter des CV portant des noms identifiĂ©s Ă des origines particuliĂšres (françaises, maghrĂ©binesâŠ) et dâautres dont lâorigine est considĂ©rĂ©e comme « inconnue » par les recruteurs potentiels. Les rĂ©sultats montrent que la discrimination Ă lâembauche Ă lâencontre des candidats issus de lâimmigration est massive. Cette inĂ©galitĂ© affecte toutes les candidatures dâorigine Ă©trangĂšre, rejetant lâhypothĂšse dâune dĂ©fiance ciblĂ©e Ă lâencontre de vagues particuliĂšres dâimmigration. La question de la discrimination se pose ainsi surtout en termes dâopposition entre le groupe majoritaire, « autochtone », et lâensemble des individus issus de lâimmigration. Il faut cependant noter que la discrimination dâorigine affecte beaucoup plus les candidatures masculines que les candidatures fĂ©minines.
Hommes/Femmes: Une impossible égalité professionnelle ?
Dominique Meurs, 2014
Le thĂšme de lâĂ©galitĂ© professionnelle entre les hommes et les femmes est un vrai serpent de mer : chaque annĂ©e, aux alentours du 8 mars (la « JournĂ©e de la femme »), est dĂ©noncĂ©e lâinĂ©galitĂ© persistante entre les hommes et les femmes sur le marchĂ© du travail ; le discours se concentre sur le contenu Ă donner au terme dâ« Ă©galitĂ© » ; parfois, une loi est votĂ©e. Puis rien ne semble beaucoup Ă©voluer, jusquâau 8 mars suivantâŠ
Cet opuscule commence par retracer les progrĂšs accomplis en matiĂšre dâĂ©galitĂ© hommes/femmes dans les derniĂšres dĂ©cennies. Pourtant, alors que dĂ©sormais les femmes sont plus Ă©duquĂ©es que les hommes, les inĂ©galitĂ©s professionnelles demeurent marquĂ©es. Lâanalyse de leurs dĂ©terminants et des politiques publiques â notamment des expĂ©riences Ă©trangĂšres â montre que pour rĂ©sorber des inĂ©galitĂ©s de salaire persistantes, il faudra mettre en place des politiques de longue haleine. Elles seules pourront avoir des effets durables, en affectant les comportements individuels et les normes sociales.
Filles + Sciences = Une Ă©quation insoluble ?
Marianne Blanchard, Sophie Orange et Arnaud Pierrel, 2016
Les filles constituent quasiment la moitiĂ© des bacheliers scientifiques et rĂ©ussissent mieux Ă cet examen que les garçons. Pourtant les grandes Ă©coles dâingĂ©nieurs â qui reprĂ©sentent plus que jamais la voie dâaccĂšs aux positions de pouvoir â demeurent aujourdâhui des bastions masculins. Câest cette Ă©nigme apparente quâil sâagit de rĂ©soudre : comment rendre compte de cette « disparition » des filles ? OĂč sont-elles passĂ©es ?
En mobilisant un large spectre de sources statistiques et une enquĂȘte conduite auprĂšs dâĂ©lĂšves de classes prĂ©paratoires scientifiques Ă la demande de la direction de lâĂcole normale supĂ©rieure, ce livre propose une approche originale en considĂ©rant cette disparition comme un fait social Ă part entiĂšre. Comment certains parcours scolaires et certaines destinĂ©es professionnelles en viennent-ils Ă ĂȘtre reconnus comme ouverts aux femmes ? Quels mĂ©canismes dâincitation poussent les uns plus que les autres Ă se sentir Ă leur place dans ces parcours scolaires dâexcellence scientifique ? Comment les rapports aux savoirs qui y ont cours participent-ils au maintien de ces bastions masculins ?
Cette Ă©tude pourra intĂ©resser un large public : Ă©lĂšves, enseignants, parents dâĂ©lĂšves, conseillers dâorientation, mais aussi responsables politiques ou associatifs en charge de la promotion des carriĂšres scientifiques fĂ©minines, ainsi que sociologues et Ă©conomistes spĂ©cialistes des questions scolaires et/ou de genre.
Comment lutter contre la fraude fiscale ?
Nicolas Jacquemet, Stéphane Luchini et Antoine Malézieux, 2020
LâĂ©vasion fiscale est un sujet qui se dĂ©robe aux outils de lâanalyse Ă©conomique traditionnelle. Dâune part, comme toute activitĂ© illĂ©gale, lâĂ©vasion fiscale Ă©chappe Ă lâobservation du chercheur en mĂȘme temps quâelle se dissimule aux autoritĂ©s : lâanalyse empirique de son ampleur, de ses dĂ©terminants et de la maniĂšre dont diffĂ©rents dispositifs lâaffectent est nĂ©cessairement trĂšs limitĂ©e. Dâautre part, sur le plan thĂ©orique, lâapplication simple du calcul coĂ»t-bĂ©nĂ©fice auquel est supposĂ© se livrer le contribuable « rationnel » conduit Ă un paradoxe : contrairement Ă une idĂ©e largement rĂ©pandue, les bĂ©nĂ©fices de lâĂ©vasion fiscale sont tellement Ă©levĂ©s, et le risque de sanction est tellement faible, que lâon peut sâĂ©tonner quâelle soit aussi peu pratiquĂ©e dans lâensemble des Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es. PlutĂŽt que lâĂ©vasion fiscale, câest donc la « soumission fiscale » qui en constitue le pendant, la disposition Ă payer lâimpĂŽt, quâil convient dâexpliquer pour en comprendre les dĂ©terminants.
Le double dĂ©fi que posent les dĂ©cisions dâĂ©vasion fiscale Ă lâanalyse Ă©conomique nâa pu ĂȘtre relevĂ© que trĂšs rĂ©cemment, grĂące Ă lâĂ©mergence, au cours des vingt derniĂšres annĂ©es, dâune nouvelle approche, lâĂ©conomie comportementale, qui sâappuie sur la psychologie pour mieux comprendre les comportements Ă©conomiques ; et, conjointement, dâune nouvelle mĂ©thode, lâĂ©conomie expĂ©rimentale, qui permet dâĂ©tudier empiriquement les comportements Ă©conomiques sur lesquels il est difficile de collecter des donnĂ©es convaincantes.
Cet opuscule rend compte des rĂ©sultats de ces travaux et prĂ©sente un panorama des outils de politique fiscale qui sâen dĂ©gagent.
La valeur des réseaux
Margherita Comola, 2020
La vie quotidienne est le cadre dâinteractions personnelles et professionnelles qui constituent lâun des moteurs du comportement et du succĂšs de chacun. M. Comola nous propose de parcourir des situations diverses â recherche dâemploi, transmission dâinformations, usage des plateformes numĂ©riques, recours aux technologies, mĂ©canismes dâassurance, commerce ou encore discrimination sociale â dans lesquelles ce sont les liens sociaux qui font la diffĂ©rence entre la rĂ©ussite et lâĂ©chec. On constate alors que ces liens, loin de se limiter Ă la sphĂšre privĂ©e, acquiĂšrent une dimension Ă©conomique quâil convient de mettre au coeur du dĂ©bat public.
Politiques de la concurrence
ĂlectricitĂ© : faut-il dĂ©sespĂ©rer du marchĂ© ?
David Spector, 2006
Au cours des derniĂšres annĂ©es, le prix de lâĂ©lectricitĂ© sur le marchĂ© libre a augmentĂ© en France autant que chez nos voisins, alors que les coĂ»ts de la production française, principalement nuclĂ©aire, nâont Ă©tĂ© que peu affectĂ©s par le renchĂ©rissement des Ă©nergies fossiles. Comment expliquer ce paradoxe apparent ? Faut-il accuser la libĂ©ralisation et renforcer la rĂ©gulation publique des prix, ou au contraire invoquer lâinsuffisance de la concurrence et placer ses espoirs dans la poursuite de la libĂ©ralisation et de lâintĂ©gration europĂ©enne ?
Ă partir dâune analyse du marchĂ© français, David Spector montre que ces positions sont toutes deux erronĂ©es et Ă©value les diffĂ©rentes politiques possibles face Ă la « rente nuclĂ©aire ».
Les soldes de la loi Raffarin. Le contrĂŽle du grand commerce alimentaire
Philippe Askenazy, Katia Weidenfield, 2007
La Commission europĂ©enne a mis la France en demeure de modifier sa lĂ©gislation concernant lâĂ©quipement commercial. Le dispositif actuel, issu de la loi Raffarin de 1996, subordonne lâouverture de toute surface de vente supĂ©rieure Ă 300 m2 Ă une autorisation. AccusĂ©e par les uns de ne pas freiner suffisamment lâexpansion du grand commerce, par les autres dâĂȘtre contraire Ă la libertĂ© dâĂ©tablissement, la loi Raffarin est un sujet de polĂ©mique.
Philippe Askenazy et Katia Weidenfeld Ă©valuent ici les consĂ©quences de cette loi pour lâensemble des acteurs dans le secteur alimentaire. NĂ©e pour casser lâessor du hard discount, la loi a effectivement Ă©rigĂ© des barriĂšres Ă lâentrĂ©e de nouveaux concurrents. Mais le systĂšme, Ă lâapplication incertaine, a engendrĂ© dâimportants effets pervers pour les consommateurs comme pour les travailleurs.
La Loi Galland sur les relations commerciales : jusquâoĂč les rĂ©former ?
Marie-Laure Allain, Claire Chambolle, Thibaud Vergé, 2008
Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1970, le secteur commercial a connu une accumulation de lois destinĂ©es Ă encadrer le dĂ©veloppement de la grande distribution (lois Royer et Raffarin) et Ă protĂ©ger ses petits concurrents et ses fournisseurs (loi Galland). Les effets inflationnistes de ces mesures nâont cessĂ© dâĂȘtre dĂ©noncĂ©s au cours des derniĂšres annĂ©es et une vague de rĂ©formes rĂ©centes a fait marche arriĂšre en allant vers une dĂ©rĂ©glementation du secteur.
Ă la lumiĂšre dâanalyses Ă©conomiques thĂ©oriques et empiriques, cet opuscule montre que le projet de loi de modernisation de lâĂ©conomie risque de se tromper de cible. Si les lois Dutreil II et ChĂątel apparaissent comme un dispositif satisfaisant pour supprimer les effets nĂ©fastes de la loi Galland, il faut maintenant se concentrer sur la rĂ©forme de la loi Raffarin en sâattaquant aux monopoles locaux de la distribution et en favorisant lâentrĂ©e de nouveaux acteurs : seule une concurrence accrue au niveau local permettrait de rĂ©pondre Ă la fois aux craintes des fournisseurs et aux demandes des consommateurs.
Aménagement du territoire
Les pÎles de compétitivité : que peut-on en attendre ?
Gilles Duranton, Philippe Martin, Thierry Mayer, Florian Mayneris, 2008
Le 12 juillet 2005, le gouvernement a labellisĂ© 67 « pĂŽles de compĂ©titivitĂ© » ou clusters. Ils sont aujourdâhui au nombre de 71. La politique dâamĂ©nagement du territoire est passĂ©e dâune intervention publique destinĂ©e Ă aider les rĂ©gions en difficultĂ© Ă une politique visant Ă encourager les plus dynamiques. Un objectif dâefficacitĂ© sâest ainsi substituĂ© Ă un objectif dâĂ©quitĂ©. Sur quoi se fonde-t-il ? Sur lâidĂ©e que le regroupement des activitĂ©s de production et de recherche permet dâamĂ©liorer la productivitĂ© des entreprises.
Cet opuscule analyse les mĂ©canismes Ă©conomiques qui sous-tendent la logique des clusters. Sâil est vĂ©rifiĂ© pour la France que le regroupement dâactivitĂ©s a bien un impact positif sur la productivitĂ©, lâĂ©tude dâune politique existante de dĂ©veloppement des clusters suggĂšre cependant que le rĂŽle des politiques publiques est en rĂ©alitĂ© modeste.
En finir avec les ghettos urbains ?
Miren Lafourcade et Florian Mayneris, 2017
MalgrĂ© les multiples politiques conduites depuis prĂšs de trente ans pour venir en aide aux habitants des ghettos urbains que sont devenues certaines banlieues françaises, la situation y demeure extrĂȘmement difficile. PauvretĂ©, chĂŽmage, Ă©chec scolaire, faible accĂšs aux soins, violence : comment enrayer la spirale nĂ©gative dans laquelle sont entraĂźnĂ©s les quartiers dits prioritaires ?
Les Ă©valuations dont nous disposons concordent pour montrer que plusieurs âpolitiques zonĂ©esâ emblĂ©matiques nâont pas obtenu les rĂ©sultats escomptĂ©s, en particulier les zones franches urbaines (ZUF), basĂ©es sur des allĂšgements de charges et dâimpĂŽts offerts par les pouvoirs publics aux entreprises localisĂ©es dans les quartiers âprioritairesâ. LâĂ©valuation de dispositifs similaires mis en Ćuvre aux Ătats-Unis ou au Royaume-Uni conforte cette conclusion. La surreprĂ©sentation de populations fragiles amplifie les handicaps sociaux dont souffrent les habitants de ces quartiers, rendant ces politiques souvent inopĂ©rantes.
Cette situation appelle des politiques plus radicales, combinant mixitĂ© sociale, mixitĂ© scolaire et accompagnement individualisĂ© : discrimination positive sur le marchĂ© du travail, âemplois francsâ, pĂ©nalitĂ©s renforcĂ©es pour les communes qui ne respectent pas la part de logements sociaux prĂ©vus par la loi ou encore dispositifs de busing inspirĂ©s des Ătats-Unis. Autant de politiques qui pourraient utilement venir complĂ©ter la boĂźte Ă outil du gouvernement.
Politiques culturelles
Le prix unique du livre Ă lâheure numĂ©rique
Mathieu Perona, JĂ©rĂŽme Pouyet, 2010
Longtemps attendue, lâĂ©mergence du livre numĂ©rique annonce lâarrivĂ©e de biens et dâacteurs qui vont Ă©branler le secteur de lâĂ©dition et de la vente de livres. Ce secteur est-il en mesure de rĂ©agir Ă lâimplantation dâune nouvelle chaĂźne du livre numĂ©rique qui ne serait pas rĂ©gie par ce dispositif central du livre physique quâest le prix unique ?
Tirant partie de la thĂ©orie Ă©conomique, des comparaisons internationales et des donnĂ©es existantes, les auteurs avancent que le prix unique du livre nâa mĂ©ritĂ© ni lâexcĂšs dâhonneur ni lâindignitĂ© dont le dĂ©bat public lâa chargĂ©. Ainsi, il nâest pas certain que le prix unique ait eu des consĂ©quences importantes sur le prix du livre, pas plus que son absence dans dâautres pays ne semble avoir vĂ©ritablement nui Ă la production Ă©ditoriale.
Dans sa forme actuelle toutefois, le prix unique du livre entrave partiellement le repositionnement des libraires sur leur apport essentiel Ă la chaĂźne du livre, numĂ©rique comme physique : la crĂ©ation dâinformation sur le livre et lâappariement entre titres et lecteurs. Des modifications des relations entre Ă©diteurs et libraires, associĂ©es Ă un prix unique plus dynamique, permettraient ainsi au secteur du livre papier de mieux rĂ©pondre Ă lâarrivĂ©e de son alter ego numĂ©rique.
Portrait des musiciens Ă lâheure du numĂ©rique
Maya Bacache-Beauvallet, Marc Bourreau, François Moreau, 2011
Cet opuscule brosse le portrait du nouvel environnement dans lequel Ă©voluent les artistes musiciens et dĂ©crit leur condition Ă lâĂšre du numĂ©rique. ParallĂšlement au dĂ©veloppement de la consommation gratuite de musique sur Internet, les ventes de musique enregistrĂ©e se sont effondrĂ©es depuis 2003. Pourtant, durant la mĂȘme pĂ©riode, les revenus des musiciens nâont pas baissĂ©.
Les auteurs exploitent ici les rĂ©sultats dâune enquĂȘte menĂ©e auprĂšs des artistes de lâAdami, la sociĂ©tĂ© civile pour lâAdministration des droits des artistes et musiciens-interprĂštes, pour examiner la perception quâont les musiciens eux-mĂȘmes des rĂ©centes transformations de leur mĂ©tier. Il en ressort quâils sont loin dâavoir saisi de maniĂšre uniforme toutes les opportunitĂ©s offertes par le numĂ©rique, ni Ă©tĂ© exposĂ©s de maniĂšre homogĂšne aux risques prĂ©sentĂ©s par cette innovation.
Politiques du sport
LâArgent du Football
Luc Arrondel, Richard Duhautois, 2018
Le 26 octobre 1863 au Freemasonsâ Tavern du Lincolnâs Inn Fields de Londres, dix-sept reprĂ©sentants des public schools anglaises se rĂ©unirent pour unifier les rĂšgles du football qui variaient alors dâun collĂšge Ă lâautre. Ces reprĂ©sentants nâĂ©taient pas conscients dâĂ©crire lâun des chapitres importants de lâhistoire populaire moderne. Treize reprĂ©sentants ont votĂ© en faveur des treize lois qui unifiĂšrent les rĂšgles du football association dont la rĂšgle 11 Ă lâorigine de la discorde : âUn joueur ne peut passer la balle Ă un autre Ă la mainâ (les quatre votants contre participeraient ensuite Ă la crĂ©ation du rugby). Ces prĂ©curseurs imaginaient-ils quâun siĂšcle et demi plus tard, la terre entiĂšre assiste Ă une finale de la Coupe du monde ? Comment est-on passĂ© dâune pratique sportive destinĂ©e Ă la formation des futures Ă©lites anglaises, ou en France Ă une pratique de patronage, Ă ce âbusiness universelâ ? Cet ouvrage sâintĂ©resse au football de lâĂšre dite âpost-moderneâ, celle qui dĂ©bute dans les annĂ©es 1990 avec lâarrĂȘt Bosman, lâexplosion des droits TV, lâarrivĂ©e des milliardaires et des Etats dans lâunivers du ballon rond. Lâobjectif est dâĂ©clairer le dĂ©bat sur lâargent du football en sortant des discours convenus. Le montant des transferts et des salaires des footballeurs durant lâĂ©tĂ© 2017 nâont en effet pas manquĂ© de susciter de fortes critiques et des commentaires catastrophistes : la âbulleâ des transferts va exploser ; le âboomâ Ă©conomique du football mĂšnera au âkrachâ et Ă la âcriseâ ; le modĂšle Ă©conomique du football nâest pas âdurableâ⊠Ces critiques et ces craintes sont-elles fondĂ©es ? Est-ce vraiment la fin du football comme certains le prĂ©tendent ?
Comme les garçons ? L’Ăconomie du football fĂ©minin
Luc Arrondel, Richard Duhautois, 2020
Rien, dans les 17 rĂšgles du football codifiĂ©es par lâInternational Football Association Board en 1886 et toujours en vigueur, ne dit que les femmes ne peuvent pas y jouer. Pourtant lâhistoire du football fĂ©minin est loin dâavoir Ă©tĂ© un long fleuve tranquille : sâil a eu ses heures de gloire aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, il est retombĂ© dans lâanonymat jusquâaux annĂ©es 1960 avant de redevenir aujourdâhui lâobjet de beaucoup dâintĂ©rĂȘts.
La Coupe du monde en France en 2019, de par son succĂšs populaire et Ă©conomique, a sans doute Ă©tĂ© un tournant dans lâhistoire de ce sport. LâĂ©vĂšnement est sorti du cadre sportif en suscitant diverses polĂ©miques, notamment celle des inĂ©galitĂ©s de revenus entre footballeurs et footballeuses. Mais en France comme ailleurs, alors que les sĂ©lections nationales semblent avoir trouvĂ© leur public, les meilleurs clubs nâenthousiasment que rarement les foules : financiĂšrement, comparĂ© Ă son homologue masculin, le football fĂ©minin demeure une trĂšs petite « affaire ».
Ce livre fournit des outils dâanalyse pour mieux comprendre lâĂ©conomie du football fĂ©minin et envisager son dĂ©veloppement.
Lâargent du football-vol.1 â LâEurope
Luc Arrondel et Richard Duhautois, 2022
Si lâĂ©conomie du football a Ă©tĂ© fortement impactĂ©e par la pandĂ©mie Ă la Covid-19, sa riche actualitĂ© va bien au-delĂ du simple contexte de la crise sanitaire.
Au niveau europĂ©en, le projet de crĂ©ation dâune Super League en avril 2021 a provoquĂ© un petit sĂ©isme. Lâatonie du marchĂ© des transferts sur les deux derniĂšres saisons a mis en difficultĂ© lâĂ©conomie des clubs
adossĂ©e au trading joueurs. LâUEFA a donc Ă©tĂ© conduite Ă introduire un plafond salarial. LâentrĂ©e du fonds souverain saoudien Ă Newcastle en octobre 2021 a modifiĂ© lâĂ©quilibre de la Premier League et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, lâinvestissement grandissant des fonds de placement dans le football interroge. En France, aprĂšs la dĂ©fection de Mediapro, le transfert de Messi au PSG a Ă©tĂ© une bonne nouvelle Ă lâĂ©tĂ© 2021, tout
comme la vente, en 2022, de parts de la Ligue de football professionnel au fonds CVC Capital Partners.
LâhypothĂšse ici soutenue au vu de toutes ces transformations est que le football entre dans une nouvelle Ăšre « hypermoderne ». Comme dans lâensemble de la sociĂ©tĂ©, lâanalyse des inĂ©galitĂ©s et de
la croissance est centrale pour envisager son avenir au XXIe siĂšcleâŠ
Mondialisation, développement et environnement
Ăcologie et environnement
Pour la taxe carbone : la politique Ă©conomique face Ă la menace climatique
Katheline Schubert, 2009
Devant lâurgence de la menace constituĂ©e par le rĂ©chauffement climatique, le moment est venu dâagir, malgrĂ© les incertitudes et mĂȘme quand de puissants intĂ©rĂȘts sây opposent. Pour susciter lâinnovation en matiĂšre de technologies moins Ă©mettrices de carbone, pour favoriser le dĂ©veloppement des Ă©nergies renouvelables, et pour inciter les consommateurs et les entreprises Ă diminuer leur utilisation dâĂ©nergies fossiles, la mĂ©thode la plus efficace est de donner un prix Ă lâĂ©mission de carbone. Un prix unique et, si possible, universel, qui guidera les dĂ©cisions des acteurs Ă©conomiques de façon cohĂ©rente.
DiffĂ©rentes options se prĂ©sentent pour y parvenir, dont il faut analyser les mĂ©rites et les dĂ©fauts. Cet opuscule sâattache ainsi Ă montrer quâune taxe carbone bien pensĂ©e et bien calibrĂ©e, construite en utilisant les apports de la science Ă©conomique, est un instrument adaptĂ© pour rĂ©duire les Ă©missions de carbone dans les meilleures conditions dâefficacitĂ© Ă©conomique et de justice sociale.
Pour une politique climatique globale â Blocage et ouvertures
Roger Guesnerie, 2010
Ă partir dâune discussion sur le marchĂ© europĂ©en des droits dâĂ©mission de gaz Ă effet de serre et sur la dĂ©funte taxe carbone Ă la française, cet opuscule examine les questions de politique climatique sous tous leurs aspects. Il revient longuement sur la question cruciale des instruments : taxe ou marchĂ© de droits, exemptions pour faciliter une transition douce, ajustements aux frontiĂšres. Ce faisant, il souligne les enseignements tirĂ©s du savoir Ă©conomique comme les contraintes posĂ©es par lâĂ©conomie politique (la luciditĂ© limitĂ©e dont tĂ©moigne le rĂ©cent avis du Conseil constitutionnel sur la taxe carbone, le lobbying pour la gratuitĂ© des quotasâŠ).
La conception de lâarchitecture internationale est, elle, dominĂ©e par deux questions essentielles : les effets du dispositif sur les prix des combustibles fossiles ; la nĂ©cessaire intĂ©gration des pays en dĂ©veloppement, qui pour ĂȘtre gĂ©nĂ©reuse doit renoncer Ă lâangĂ©lisme. Car lâaccumulation dâinitiatives locales ne peut ĂȘtre suffisante pour Ă©viter un dĂ©passement rapide du plafond de CO2 dĂ©fini par les climatologues, alors que lâĂ©chec de Copenhague illustre les obstacles politiques Ă un accord global efficace. Roger Guesnerie propose des voies pour surmonter ces blocages et concevoir ainsi une Realpolitik climatique globale.
La Transition Ă©cologique en Chine, Mirage ou âVirage vertâ
Stéphanie Monjon et Sandra Poncet, 2018
Chacun a pu voir dans la presse ou Ă la tĂ©lĂ©vision des images impressionnantes de PĂ©kin asphyxiĂ© par la pollution. La croissance Ă©conomique spectaculaire de la Chine sâest appuyĂ©e sur une industrie trĂšs Ă©nergivore. PlacĂ© face Ă une crise Ă©cologique inĂ©dite, lâĂtat chinois a dĂ» rĂ©agir, adoptant dĂ©but 2018 une nouvelle loi fiscale sur la protection de lâenvironnement et annonçant son ambition de devenir un champion de lâĂ©cologie. Lors des accords de Paris, il sâest aussi engagĂ© Ă rĂ©duire considĂ©rablement son intensitĂ© carbone dâici 2030.
Cette inflexion est toute rĂ©cente. Pour Ă©valuer la capacitĂ© de la Chine Ă rĂ©ussir ce virage Ă©cologique, il faut tenter de comprendre tous les problĂšmes auxquels elle est confrontĂ©e. Les auteures passent en revue les Ă©volutions politique et sociĂ©tales qui donnent de lâespoir, tout en soulignant lâampleur des rĂ©sistances et des difficultĂ©s pratiques. Lâempire du Milieu sâest-il rĂ©ellement engagĂ© dans une transition Ă©cologique exemplaire ou nâest-ce quâun mirage ?
La transition énergétique : objectif zen
Fanny Henriet et Katheline Schubert, 2021
Les travaux scientifiques, les dĂ©clarations et les Ă©crits dâONG, dâhommes politiques, dâentreprises, de citoyens, qui alertent sur lâurgence climatique et sur lâinsuffisance voire lâincohĂ©rence des rĂ©ponses qui y sont pour lâinstant apportĂ©es, sont maintenant innombrables. Une dimension centrale de la lutte contre le changement climatique rĂ©side dans lâabandon des Ă©nergies fossiles, carbonĂ©es, sources de la grande majoritĂ© de la production dâĂ©nergie au niveau mondial, et leur remplacement par des sources dĂ©carbonĂ©es. Câest la transition Ă©nergĂ©tique vers un monde ZEN, Ă zĂ©ro Ă©missions nettes, Ă laquelle cet opuscule est consacrĂ©. Nous montrons quâelle est indispensable, quâelle va ĂȘtre difficile et coĂ»teuse, que ses consĂ©quences macroĂ©conomiques sont incertaines, mais quâelle est possible.
Mondialisation
La mondialisation est-elle un facteur de paix ?
Philippe Martin, Thierry Mayer, Mathias Thoenig, 2006
Le commerce international nâest pas toujours un facteur de pacification des relations entre les pays. Certes, si deux pays commercent davantage de maniĂšre bilatĂ©rale, ils sont plus fortement incitĂ©s Ă rĂ©soudre pacifiquement le conflit qui peut les opposer. Mais sâils commercent davantage avec le reste du monde, la diversification des partenaires agit comme une assurance contre les coĂ»ts Ă©conomiques dâun conflit militaire, et elle peut en augmenter la probabilitĂ©. La mondialisation, en affaiblissant les dĂ©pendances Ă©conomiques locales, a donc une influence ambiguĂ« sur la paix.
Ătudiant lâĂ©quilibre entre commerce rĂ©gional et multilatĂ©ral et le rĂŽle des accords commerciaux, les auteurs montrent comment lâarchitecture des Ă©changes internationaux, si elle est structurĂ©e de maniĂšre cohĂ©rence, permet de rĂ©duire la conflictualitĂ©. Cette rĂ©flexion est illustrĂ©e par quelques cas concrets (Turquie-GrĂšce et Inde-Pakistan).
Mondialisation des Ă©changes et protection des consommateurs
Anne-CĂ©lia Disdier, 2020
Avec lâouverture des Ă©conomies et le dĂ©veloppement des Ă©changes internationaux croissent les craintes des consommateurs de voir arriver sur le marchĂ© national des produits de piĂštre qualitĂ© et potentiellement dangereux pour la santĂ© humaine ou lâenvironnement. Afin dâassurer un niveau de sĂ©curitĂ© adĂ©quat, lâOrganisation mondiale du commerce (OMC) autorise les pays Ă mettre en Ćuvre diffĂ©rentes normes sanitaires et techniques. Sur le principe, ces normes ne doivent pas ĂȘtre protectionnistes, nĂ©anmoins, certains dĂ©cideurs publics peuvent ĂȘtre tentĂ©s de les utiliser pour protĂ©ger les producteurs domestiques de la concurrence Ă©trangĂšre.
Quel est lâeffet rĂ©el de ces normes sur le bien-ĂȘtre des consommateurs et sur les flux de commerce entre pays ? Leurs dĂ©finitions et applications sont-elles influencĂ©es par certains groupes de pression pour leur propre profit ? Ă partir des rĂ©sultats de recherches menĂ©es depuis prĂšs de deux dĂ©cennies, lâauteure propose plusieurs pistes dâaction, tant pour une meilleure coordination des rĂ©glementations entre les pays que pour une meilleure insertion des pays en dĂ©veloppement dans la politique rĂ©glementaire internationale.
DĂ©veloppement
LâAfrique des InĂ©galitĂ©s : oĂč conduit lâhistoire
Denis Cogneau, 2006
En Afrique, au sud du Sahara, les diffĂ©rentes strates de lâhistoire longue se sont accumulĂ©es pour faire de cette rĂ©gion celle oĂč les inĂ©galitĂ©s de ressources et de conditions dâexistence sont les plus Ă©levĂ©es du monde. Dans les deux derniĂšres dĂ©cennies, la faillite des institutions extractives hĂ©ritĂ©es de la colonisation, puis la vague de dĂ©mocratisation ont contraint les nations africaines Ă affronter ces inĂ©galitĂ©s. La fragmentation de lâespace et le dualisme des sociĂ©tĂ©s ont conduit Ă une ethnicisation clientĂ©liste du jeu politique et aux conflits que lâon observe aujourdâhui.
Ătudiant lâhistoire de la construction de ces inĂ©galitĂ©s et plusieurs exemples contemporains, Denis Cogneau souligne le poids de lâhĂ©ritage inĂ©galitaire, tout en montrant quâil ne constitue pas une fatalitĂ©.
Le travail des enfants : quelles politiques pour quels résultats ?
Christelle Dumas, Sylvie Lambert, 2008
Dans de nombreux pays du Sud, le travail des enfants est un phĂ©nomĂšne de grande ampleur. Pour les en protĂ©ger, faut-il tenter de lâinterdire, en faisant au besoin pression de lâextĂ©rieur sur les Ă©changes internationaux de certains biens manufacturĂ©s ? Lâimpact dâun tel boycott sera-t-il nĂ©cessairement bĂ©nĂ©fique pour les enfants ? Sinon, quels sont les autres types dâinterventions possibles ?
Cet opuscule sâattache Ă restituer la rĂ©alitĂ© du travail des enfants dans le monde, parfois bien Ă©loignĂ©e des clichĂ©s. Si lâon veut agir efficacement, il faut identifier correctement les enfants concernĂ©s et se demander quels seraient leurs activitĂ©s et leur niveau de vie sâils ne travaillaient pas. En discutant la pertinence des diffĂ©rentes politiques visant Ă rĂ©duire le travail enfantin, Christelle Dumas et Sylvie Lambert suggĂšrent que la piste la plus prometteuse serait la mise en place de transferts de revenu conditionnels Ă la scolarisation des enfants.
Travailler pour ĂȘtre aidĂ©? Lâemploi garanti en Inde
Clément Imbert, 2013
Cet opuscule prĂ©sente un aperçu des enjeux des systĂšmes de protection sociale dans les pays en dĂ©veloppement, Ă travers lâexemple du programme national dâemploi garanti indien (le NREGS). Depuis 2005, la loi indienne garantit Ă chaque mĂ©nage rural le droit Ă 100 jours de travail par an sur les chantiers publics ; en 2012, on comptait plus de 50 millions de mĂ©nages bĂ©nĂ©ficiaires.
Ce choix dâobliger les pauvres Ă travailler pour recevoir lâaide sociale a fait dĂ©bat. Le principal argument en faveur de lâobligation de travail Ă©tait un meilleur ciblage de lâaide vers les mĂ©nages les plus pauvres, dans une Ă©conomie informelle oĂč lâĂtat ne connaĂźt pas leur revenu. Mais cette obligation est coĂ»teuse, Ă la fois pour les mĂ©nages, qui renoncent Ă dâautres possibilitĂ©s dâemploi, et pour lâadministration, qui doit constamment crĂ©er du travail sur les chantiers publics.
Le second objectif du programme Ă©tait dâaugmenter salaires et productivitĂ© dans les zones rurales. En faisant concurrence Ă lâemploi privĂ©, il semble bien avoir contribuĂ© Ă lâaugmentation des salaires des travailleurs non qualifiĂ©s (et des femmes), et donc Ă la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s â mais les infrastructures construites, de mauvaise qualitĂ©, nâont pas eu lâeffet dâentraĂźnement attendu sur lâĂ©conomie rurale.
Ainsi, lâemploi garanti semble ĂȘtre en Inde une forme intermĂ©diaire de protection sociale, qui sera remplacĂ©e Ă terme par des transferts sous condition de ressources mais sans obligation de travail.
La caste dans lâInde en dĂ©veloppement : Entre tradition et modernitĂ©
Guilhem Cassan, 2015
Infrastructures et dĂ©veloppement rural â Lâexemple de lâInde
Olivier Vanden Eynde et Liam Wren-Lewis, 2022
Dans les pays du Sud oĂč une grande partie de la population travaille dans lâagriculture, sortir les travailleurs dâun secteur agricole relativement improductif peut ĂȘtre une clĂ© dâamĂ©lioration de leur niveau de vie. Cette « transformation structurelle » a caractĂ©risĂ© la trajectoire de dĂ©veloppement de presque tous les pays dĂ©veloppĂ©s. Pour accĂ©lĂ©rer le processus, les pays investissent souvent massivement dans les infrastructures. Cela transforme-t-il rĂ©ellement les zones agricoles ?
Lâanalyse sâappuie ici largement sur le cas de lâInde. Si les investissements Ă grande Ă©chelle dans les infrastructures rurales ont eu des effets positifs, leur impact en termes de bien-ĂȘtre et de consommation est trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšne. Il faudrait regrouper les programmes (routes, Ă©lectricitĂ©âŠ) et les cibler sur des zones spĂ©cifiques pour une rĂ©elle efficacitĂ©.
Transition
Quel fĂ©dĂ©ralisme en Russie ? Les leçons de lâexpĂ©rience internationale
Ekaterina Zhuravskaya, 2014
Les rĂ©formes introduites en Russie dans les annĂ©es 1990 nâont pas seulement portĂ© sur une libĂ©ralisation Ă©conomique et politique. Pays ultracentralisĂ©, la Russie a alors adoptĂ© une structure fĂ©dĂ©rale dĂ©centralisĂ©e. Cette expĂ©rience de dĂ©centralisation menĂ©e sous Eltsine est considĂ©rĂ©e comme lâun des facteurs de lâeffondrement Ă©conomique russe. AprĂšs 1999, lâĂšre Poutine a au contraire Ă©tĂ© marquĂ©e par une forte recentralisation.
Revenant sur les raisons de lâĂ©chec de la dĂ©centralisation russe, et sâappuyant sur lâexemple dâautres pays oĂč le fĂ©dĂ©ralisme sâest dĂ©veloppĂ© avec un certain succĂšs (Mexique, Chine), E. Zhuravskaya montre que la centralisation actuelle est Ă©galement nĂ©faste pour la Russie. LâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de ce pays continent appelle Ă un fĂ©dĂ©ralisme qui conserverait une centralisation politique tout en garantissant Ă tous les niveaux (local, rĂ©gional et fĂ©dĂ©ral) des Ă©lections libres dans un contexte vĂ©ritablement dĂ©mocratique.