Les quatre grandes dimensions
Quatre dimensions du bien-être constituent l’armature des enquêtes : la satisfaction dans la vie, le sentiment d’avoir été heureux hier (bonheur), le sentiment que sa vie a un sens et l’anxiété ou la dépression (indicateur de santé mentale).
Conditions de vie
Nous ajoutons à ce premier ensemble des questions comparatives, relatives à l’année passée ou à la position par rapport aux autres Français, à la satisfaction à l’égard du niveau de vie et à sa santé.
Références
Données
Prochaine génération
Nous posons trois questions évaluant la perception de l’avenir par les enquêtés, allant de l’avenir individuel (Vie Future) à l’avenir collectif (Prochaine génération en France et Prochaine génération en Europe), et une question à la fois plus individuelle et plus proches sur ce qu’ils ressentent à l’égard de ce qu’ils vont vivre, personnellement, dans les années à venir. Les Français sont pessimistes à ce sujet, et d’autant plus pessimistes qu’on va de l’individuel vers le collectif.
Une préférence pour le passé
La dernière question de notre enquête demande : « Certaines personnes aimeraient bien vivre dans une autre époque en France. Si vous aviez le choix, laquelle choisiriez-vous ? ». Les réponses à cette enquête montrent une nostalgie marquée : d’une vague à l’autre, ce sont à peu près deux tiers des répondants qui sélectionnent une période passée, dans leur immense majorité une décennie comprise entre les années 1950 et les années 1990. De fait, nous remarquons que ce choix correspond pour partie à l’histoire personnelle des répondants : beaucoup choisissent la décennie de leurs vingt ans.
Références
Données
Un élément ambigu de bien-être pour les Français
Ces questions ne sont évidemment posées qu’aux personnes occupant actuellement un emploi : les niveaux de satisfaction reportés ici doivent donc se lire dans la perspective de la forte chute du bien-être subjectif que l’on sait associée à la perte d’emploi, et particulièrement au chômage de longue durée.
Malgré le fait que le monde du travail français est l’un des plus conflictuels d’Europe, les Français de notre échantillon sont plutôt satisfait de leur travail ainsi que des relations qu’ils y entretiennent. L’équilibre des temps de vie demeure un point plus problématique, avec un niveau de réponse moyen inférieur d’un point à la satisfaction vis-à-vis du travail. Au niveau international, la France se situe dans la moyenne européenne, à mi-chemin entre des pays d’Europe du Sud encore moins satisfaits, et des pays d’Europe du Nord plus satisfaits de leur travail.
Références
Données
Relation avec les proches : ceux sur qui ont peut compter
Ce bloc de notre enquête regroupe les questions relatives aux relations avec les proches et au sentiment de soutien. Il s’agit de dimensions où la satisfaction est plutôt élevée en France.
Sécurité personnelle
Afin d’évaluer le ressenti vis-à-vis de l’environnement immédiat, nous posons une question sur l’environnement local (« Dans quelle mesure vous sentez-vous en sécurité lorsque vous marchez seul(e) dans votre quartier à la nuit tombée ? ») .
Le sentiment de sécurité dans le quartier comprend très probablement une dimensions saisonnière (on marche plus rarement la nuit quand le soleil se couche à 21h30), mais celle-ci n’épuise pas les variations que nous constatons.
Données
Des femmes moins optimistes et plus inquiètes, mais pas moins heureuses
Sur les grandes dimensions du bien-être, les femmes sont en moyenne un peu moins satisfaites, mais pas moins heureuses ou trouvant moins de sens à leur vie. La plus fortre prévalence du sentiment de dépression chez les femmes joue un rôle dans cet écart.
Perception de l’avenir
Nous constatons que les femmes sont, dans notre enquête, systématiquement plus pessimistes que les hommes au regard de l’avenir, qu’il s’agisse de leur avenir personnel ou de l’avenir collectif. Si les deux sexes ont été sensibles à l’effet électoral, le regain d’optimisme de décembre 2017 et son reflux en mars sont essentiellement le fait des hommes.
Travail
Nous n’observons pas d’écart durable entre hommes et femmes relativement à la satisfaction au travail. Les femmes se déclarent plus satisfaites de leurs relations de travail que les hommes. L’écart que nous observons sur les relations de travail depuis le début de l’épidémie reflète sans doute les différences dans les métiers exercés.
Les femmes se déclarent souvent plus satisfaites que les hommes de l’équilibre entre entre temps de travail et autres temps de vie, mais l’inverse est vrai dans le domaine du temps libre. Cette inversion reflète très probablement la place plus importante du travail domestique dans les temps de vie des femmes, qui réduit d’autant plus leur temps libre.
Sécurité
L’écart d’appréciation sur la sécurité personnelle est tel entre hommes et femmes que nous avons dû élargir l’axe vertical de ce graphique par rapport à celui de touts les autres de cette page, afin de représenter les deux courbes. Nous avons consacré notre note 2018-04 à cette question du sentiment d’insécurité des femmes, relevant que si un tel écart existe dans tous les pays européens, il est particulièrement prononcé en France, et pèse lourd par rapport à d’autres déterminants : le sentiment de sécurité moyen des femmes appartement aux ménages les plus riches reste inférieur au sentiment de sécurité moyen d’un homme appartement aux ménages les plus pauvres.
Références
Données
La méthode d’échantillonage de l’enquête Camme fait que les jeunes adultes (18-24 ans) sont peu nombreux à être interrogés. Nous avons donc construit trois classes d’âge à peu près équivalentes en termes d’effectifs.
Quelles générations ?
La plupart des études mettent en évidence une crise de la quarantaine : les jeunes adultes se déclarent heureux, puis le bien-être subjectif des générations suivantes décroît, pour atteindre son étiage avec les quadragénaires. Les générations arrivées au premières années de leur retraite déclarent un niveau de bien-être équivalent à celui des jeunes adultes, tandis que les plus âgés subissent le contrecoup d’une diminution des capacités physiques.
Plus de sens et plus d’optimisme pour les jeunes
Les membres de notre cohorte les plus jeunes (les 17-45 ans, donc) se déclarent en moyenne plus satisfaits de leur vie et sont plus enclins à dire que leur vie à un sens qui leur convient. Ils ne se déclarent en revanche pas plus heureux, ni moins anxieux, que leurs aînés. Ils sont également plus optimistes sur leur avenir collectif et sur celui de l’Europe, mais pas sur celui de la France, où les générations ne de distinguent pas les unes des autres.
Dans le monde du travail, on n’observe pas de différence sur la satisfaction au travail ou sur les relations de travail. Les répondants en deuxième moitié de carrière sont en revanche significativement plus satisfaits de l’équilibre de leurs temps de vie et de leurs loisirs.
Références
Données
Le diplôme, un facteur de bonheur et d’optimisme …
Sur la quasi-totalité des métriques, les plus diplômés se déclarent en moyenne plus heureux que les moins diplômés, moins stressés et plus optimistes vis-à-vis de l’avenir. Sur la satisfaction de vie, nous avons montré que cet effet était en partie lié au revenu supérieur correspondant à un diplôme plus élevé. Hors effet revenu, la charnière se fait au niveau du baccalauréat, avec une satisfaction des diplômés d’un bac ou plus supérieure en moyenne à celle des personnes comparables n’ayant pas atteint de niveau.
…mais qui s’arrête aux portes du travail et de la vie personnelle
Le diplôme n’est pas discriminant dans la satisfaction au travail. La grade différence réside alors dans le risque de chômage, plus élevée pour les moins diplômés, et que nous ne mesurons pas ici, puisque la question n’est posée qu’aux personnes ayant une activité professionnelle.
Si les différences dans l’équilibre des temps de vie ne sont pas significatives, les plus diplômés jugent plus négativement leur temps libre – mais c’est aussi parce qu’ils sont en moyenne plus jeunes du fait de la massification récente de l’enseignement supérieur.
…mais qui n’opère pas dans la sphère intime
Dans ce qui relève du personnel et de l’intime, comme les relations avec les proches, le diplôme n’apparaît pas comme un facteur discriminant. Les plus diplômés pensent en revanche plus souvent avoir des proches sur qui compter en cas de besoin.
Il ne semble pas non plus jouer un rôle dans le ressenti d’un environnement agressif. Les plus diplômés ont en revanche un plus fort sentiment de sécurité dans leur quartier, mais plus qu’un effet du diplôme, il s’agit ici probablement d’un reflet de la ségrégation spatiale de l’habitat en France.
Références
Données
L’argent et le bonheur
Comme nous le relevons dans Les Français, le bonheur et l’argent, les revenus jouent un rôle particulier dans le bien-être subjectif des Français : il occupe une place nettement plus déterminante que dans la plupart des autres pays européens. Ceci est probablement à rapprocher du faible niveau de confiance des Français les uns envers les autres. Quand la solidarité sociale ou nationale ne paraît pas solide, les revenus et le patrimoine deviennent une source essentielle de sécurité.
Ici, on constate que les personnes disposant de revenus plus élevés dans leur ménage sont plus satisfaits de leur vie, moins inquiets et plus optimistes. De manière intéressante, ces contrastes sont plus visibles si nous considérons le revenu brut du ménage, sans le corriger par la composition de celui-ci (en tenant compte de la présence d’enfants, par exemple). Plus que le pouvoir d’achat effectif, il semble donc que ce soit la position dans l’échelle des revenus qui soit associée au niveau de bien-être subjectif.
Un impact limité sur la satisfaction au travail
Parmi les personnes qui occupent un emploi, les différences de revenu jouent peu que la satisfaction dans le domaine du travail, qui s’agisse du travail lui-même, des relations de travail, de l’équilibre des temps de vie ou du temps libre.
Au niveau de temps libre, la chute plus prononcée de la satisfaction chez les classes moyennes et supérieures reflète probablement une plus forte consommation des services fermés pour raisons sanitaires (restaurants, salles de sport, etc.), ainsi que les voyages.
Inquiétudes financières et relations aux proches
Les ménages les moins aisés expriment une moindre satisfaction à l’égard de leurs relations avec leurs proches. Le sentiment d’insécurité financière n’y est sans doute pas étranger : on peut moins faire appel à des proches eux-mêmes financièrement contraints, et les questions d’argent empoisonnent les relations.
Environnement
Comme pour le diplôme, la stratification par revenu du sentiment de sécurité reflète probablement une forme de ségrégation spatiale en France, avec une diminution documentée dans plusieurs régions des quartiers mixes au profits de quartiers plus homogènes en termes de revenus. Cette ségrégation ne se traduit cependant pas dans des différences quant au sentiment d’exposition à l’agressivité.
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Données
Type d’agglomération
Notre enquête ne nous permet malheureusement pas de distinguer les unités urbaines moyennes (20 000 à 99 999 habitants) dont nous avons montré qu’elles présentent un niveau d’insatisfaction plus élevé que les autres types d’agglomérations.
Il apparaît en revanche clairement que le sentiment de sécurité est nettement plus élevé dans les communes rurales. Après une hausse en décembre 2018 ressentie dans toutes les agglomérations, témoignage de l’étendue des manifestations associées aux Gilets jaunes, on observe des tendances divergentes, entre retour à la normale pour les communes rurales, les unités urbaines de moins de 100 000 habitants et Paris, et un maintien à un niveau élevé pour les unités urbaines de plus de 100 000 habitants.
Références
Pays d’élection
À partir de la vague de mars 2022, nous demandons aux enquêtés dans quel pays ils voudraient vivre, si la langue et la distance n’étaient pas un problème. 37 % des répondants déclarent préférer la France. Parmi les autres réponses, le Canada et l’Europe du Sud se dégagent nettement.
La liste des dix pays les plus choisis est remarquablement stable dans le temps, au moins dans ses neuf premières positions. Depuis 2022, le Portugal et les États-Unis sont descendus dans le classement, au profit de l’Italie et de la Suisse.
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