Après la contestation de la réforme des retraites, le trimestre de mars à juin devait être un temps d’apaisement. La vague de juin de l’enquête, intervenue avant les émeutes qui ont marqué ce mois, affiche une légère amélioration des indicateurs de bien-être subjectif, en particulier les perspectives d’avenir individuel et les perspectives financières.
Mathieu Perona, Observatoire du Bien-être du Cepremap
Après la contestation de la réforme des retraites, le trimestre de mars à juin devait être un temps d’apaisement, et de reflux des inquiétudes encore bien présentes en mars. La vague de juin de l’enquête, intervenue avant les émeutes qui ont marqué ce mois, affiche une légère amélioration des indicateurs de bien-être subjectif, en particulier les perspectives d’avenir individuel et les perspectives financières1.
La satisfaction dans la vie (Figure 1) se redresse pour le deuxième trimestre consécutif, après la chute amorcée en juin 2021, mais reste en-deçà de sa moyenne de longue période. On est également en-dessous des niveaux typiques (plutôt élevés) du mois de juin.
Figure 1 : Comme dans l’ensemble des graphiques de cette Note, la bande jaune désigne la période la plus intense des manifestations du mouvement des Gilets jaunes. Les bandes grisées désignent les confinements en France métropolitaine. Le trait vertical pointillé marque le début de la guerre en Ukraine.
Sur le versant émotionnel, la progression est un peu plus marquée, par rapport à décembre dernier par exemple. Il s’agit en partie d’un effet de saison, l’effet du retour des beaux jours (Figure 2).
Impact de la conjoncture économique
Depuis la sortie du confinement, l’appréciation du futur proche – l’année à venir – évolue parallèlement à l’indice de confiance des ménages de l’Insee. Les deux indicateurs s’étaient dissociés pendant la période Covid, mais se sont de nouveau alignés depuis. L’économie retrouve sa place dans les préoccupations des Français. En juin, les deux indices évoluent à la hausse. Ils restent cependant en deçà de leur moyenne depuis 2016 (Figure 3).
L’inflation reste naturellement le thème majeur. La majorité des Français continue de constater l’augmentation des prix, mais anticipe un ralentissement de l’inflation. Si les trois-quarts d’entre eux s’attendaient à voir les prix augmenter en juin 2022, cette proportion n’est plus que d’un tiers en juin 2023 (Figure 4). La plupart des répondants estiment donc que l’épisode de forte inflation est derrière nous, ce qui améliore leurs perspectives d’avenir.
De fait, les Français sont moins nombreux à anticiper une dégradation de leur situation financière pour l’année à venir : près d’un tiers en mars, plus qu’un quart en juin (Figure 5).
n retrouve les niveaux habituels observés entre 2016 et 2019, avant le Covid. De même, la satisfaction des Français concernant leur niveau de vie rejoint sa tendance de long terme (Figure 6).
L’embellie reste cependant fragile. L’épargne importante accumulée (en moyenne) pendant le Covid commence à s’effriter. Certes, la part des ménages qui disent être en mesure d’épargner reste stable, au-dessus de 40%, et supérieure à ce qu’elle était avant le Covid. Mais la part des personnes qui estiment que leur budget est à l’équilibre diminue légèrement depuis le mois de septembre 2022. Dans le même temps, la proportion de personnes qui disent tirer sur leurs réserves ou s’endetter pour boucler leur budget rejoint les niveaux d’avant l’épidémie de Covid-19 (Figure 7).
Une vision de l’avenir qui reste terne
Au niveau collectif, la perception des perspectives de la prochaine génération en France restent très sombres. On reste à un niveau comparable aux plus bas depuis 2016, y compris la crise des Gilets jaunes (Figure 8).
Une dynamique fortement influencée par les seniors
Notons enfin qu’une grande part de l’amélioration de la satisfaction que nous observons est due aux répondants de plus de 65 ans. Nous illustrons Figure 9 cet effet sur l’appréciation du niveau de vie, mais, comme on peut le voir sur l’onglet dédié de notre Tableau de bord, cela concerne aussi la satisfaction dans la vie, le sentiment d’avoir été heureux la veille, le sentiment que de sens dans ce qu’on fait dans sa vie et les perspectives d’avenir individuel.
Conclusion
Les anticipations d’inflation se réduisent et cela améliore l’image que les Français se font de leurs perspectives individuelles, financières et générales. Malgré tout, ils restent très pessimistes quant à l’avenir de la prochaine génération en France.
- Voir notre Tableau de bord qui vous présente les réponses aux 20 questions de notre plate-forme, détaillées selon l’âge, le genre, le niveau de diplôme ou le revenu.