Après l’embellie de septembre, probablement liée aux Jeux Olympiques de Paris, le bien-être des Français a reculé au quatrième trimestre 2024, sous la double pression d’un retour des inquiétudes matérielles et de l’instabilité politique. Dans la plupart des domaines, il retrouve son niveau de l’année dernière, souvent proche de la moyenne depuis le début de notre enquête.
Bénéficiant d’un moindre recul, le sentiment des Français que ce qu’ils font a du sens résiste mieux, et reste à un niveau élevé. En revanche, les appréciations de l’avenir, individuel comme collectif, plongent à des niveaux faibles, sous l’influence du contexte politique.
Mathieu Perona, Observatoire du Bien-être du Cepremap
Publié le 16 janvier 2025
Après l’embellie de septembre, probablement liée aux Jeux Olympiques de Paris, le bien-être des Français a reculé au quatrième trimestre 2024, sous la double pression d’un retour des inquiétudes matérielles et de l’instabilité politique. Ainsi, la plupart des indicateurs de notre tableau de bord se replient sur cette période.
Les Jeux sont bien finis
L’indicateur-clef de la satisfaction des Français quant à leur vie en général se replie nettement, effaçant non seulement l’amélioration de septembre, mais aussi les gains du printemps, pour retrouver le niveau de mars 2024 ainsi que sa moyenne depuis le début de notre enquête (Figure 1).

Le sentiment d’avoir été heureux la veille recule encore plus fortement (Figure 2). Comme pour les autres dimensions du bien-être émotionnel, à commencer par le sentiment de déprime, la redescente post-JO se combine à un effet de saison, l’hiver étant le plus souvent un point bas.

Le sentiment des Français que ce qu’ils font dans leur vie a du sens recule également au dernier trimestre, mais dans une moindre mesure, et conserve les gains des deux premiers trimestres de 2024. Il s’établit ainsi nettement au-dessus de son niveau moyen depuis le début de notre enquête (Figure 3).

Un retour des soucis matériels
Depuis septembre 2024, la part des ménages qui estiment devoir tirer sur leurs réserves pour boucler leur budget augmente, au détriment de la part des ménages à l’équilibre ou qui épargnent. Cette inquiétude quant au pouvoir d’achat se lit également dans la satisfaction à l’égard du niveau de vie, qui se replie sur la même période – et n’avait pas bénéficié de l’effet Jeux Olympiques (Figure 4).

Un avenir bien sombre
Plus encore que la dégradation de la situation actuelle, les perspectives d’avenir individuel font les frais de la situation politique. La satisfaction des Français quant à ce qu’ils vont vivre au cours des dernières années plonge, effaçant trois trimestres d’amélioration (Figure 5).

Ce repli suit, de manière amplifiée, celui de l’indice synthétique de confiance des ménages de l’Insee. Cette synchronisation suggère que le pessimisme des Français quant aux années à venir doit beaucoup à une anticipation de dégradation de la situation économique de la France.
À un horizon plus large, l’appréciation des perspectives de la prochaine génération, que ce soit en France (Figure 6) ou en Europe, chute également, renouant avec les plus bas de notre enquête observés fin 2023.

Même s’il reste à un niveau élevé (plus de 7,5 sur 10), le sentiment d’avoir quelqu’un sur qui compter se replie également (Figure 7), tout comme la satisfaction quant aux relations avec les proches. Cette baisse sur ce qui constitue plutôt un point fort en France peut indiquer un affaiblissement de confiance dans le collectif proche.

Travail : un retour à la moyenne
Probablement entraînée par les Jeux Olympiques, la satisfaction au travail avait atteint en septembre son point le plus haut depuis le début de notre enquête. Comme la plupart des autres indicateurs, elle se replie au dernier trimestre, à une valeur comparable à celles observées depuis 2022 – elles-mêmes un peu plus élevées que le niveau d’avant la pandémie de Covid-19 (Figure 8).

Une fin d’année bien morose
Sur un an, les principaux indicateurs du bien-être subjectif sont au final stables, la parenthèse positive des Jeux Olympiques s’étant rapidement refermées. Il reste fin 2024 beaucoup d’inquiétudes pour l’avenir, très certainement en lien avec une situation politique instable.
