Les principaux indicateurs de bien-être progressent en septembre, tant par rapport à juin que par rapport à septembre 2023. La satisfaction générale dans la vie, le sentiment de sens ou encore la satisfaction par rapport au travail atteignent certains de leurs plus hauts niveaux depuis 2016, tandis que le sentiment d’avoir été heureux ou l’appréciation des perspectives de la prochaine génération se redressent. Dans un climat d’incertitude politique et de stagnation de la situation financière des ménages, cette embellie découle probablement du sentiment d’enthousiasme créé par les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Mathieu Perona, Observatoire du Bien-être du Cepremap
Entre d’un côté l’absence de gouvernement et la fin des vacances, et de l’autre l’élan des Jeux Olympiques et Paralympiques, les éléments de conjoncture susceptibles d’influencer le moral des Français étaient nombreux en septembre. L’effet net est en tous cas positif, voire très positif : les principaux indicateurs de bien-être progressent (voir notre Tableau de bord en ligne pour l’ensemble des indicateurs).
La satisfaction dans la vie en général poursuit ainsi l’embellie amorcée depuis un an, pour atteindre un des niveaux les plus élevés depuis le début de notre enquête, si on excepte les vagues post-déconfinement (Figure 1). Elle passe au-dessus de sa moyenne depuis 2016 pour la première fois depuis décembre 2021.
C’est également le cas du sentiment que ce qu’on fait dans sa vie a du sens, qui atteint en septembre son plus haut niveau depuis juin 2016 (Figure 2).
Sur le versant émotionnel, le sentiment d’être heureux, qui le trimestre dernier était encore sur sa moyenne de long terme, connaît lui aussi une forte amélioration (Figure 3).
Encadré : période de passation de l’enquête
L’enquête de conjoncture auprès des ménages de l’Insee déploie son questionnaire de juin du 26 août au 15 septembre. Cette période inclut donc la fin des vacances et la rentrée scolaire. Michel Barnier a été désigné Premier Ministre à la fin de la période de collecte, mais l’annonce de son gouvernement n’est intervenue que 21 septembre.
Finances et niveau de vue : tout juste stables
Les dimensions matérielles jouent probablement un rôle mineur dans cette amélioration. L’appréciation de leur situation financière par les ménages est tout juste stable (Figure 4).
De même, la satisfaction à l’égard du niveau de vie, qui avait augmenté au cours des six derniers mois, est en très léger repli (Figure 5). Elle reste cependant à un niveau élevé, équivalent à celui en sortie de la pandémie, et nettement supérieure aux niveaux observés entre 2016 et 2020.
La perception de l’avenir individuel s’améliore elle aussi (Figure 6), progressant dans le même sens et plus rapidement que l’indice synthétique de confiance des ménages. Ce dernier est moins tiré par l’appréciation de la situation actuelle que par les perspectives d’avenir : parmi ses composantes, c’est le solde d’opinion sur les perspectives économiques de la France à 12 mois qui progresse le plus1.
Un retour en force du lien social
Le sentiment d’avoir quelqu’un si qui compter, qui avait connu une chute brutale en juin, a retrouvé un niveau élevé (Figure 7).
À une échelle plus large, nous observons également une amélioration dans l’appréciation des perspectives de la prochaine génération en France, qui reste toutefois au-dessous de sa moyenne de long terme. C’est pour les perspectives de la prochaine génération en Europe (hors France) que l’amélioration est la plus forte (Figure 8).
Rebond dans le monde du travail
La satisfaction vis-à-vis du travail et de l’équilibre des temps de vie, qui s’était replié dans la vague précédente, repart, elle aussi, à la hausse (Figure 9). Comme pour le bonheur et la satisfaction de vie, l’amélioration vient essentiellement des femmes, et de la génération des 45-65 ans, qui était responsable de la baisse au trimestre dernier.
Un effet des Jeux Olympiques ?
Il semble difficile de mettre en relation cette amélioration de l’appréciation des perspectives individuelles et collectives avec le climat d’incertitude politique qui a dominé la rentrée en France. Nous sommes donc tentés d’y voir une conséquence du sentiment d’unité apporté par les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, les Paralympiques étant encore en cours lors de la plus grande partie de l’enquête. Les prochaines vagues de notre enquête nous dirons si cette embellie n’aura été qu’une « parenthèse enchantée » ou restera porteuse d’un effet plus durable sur le moral des Français.