La vague de juin de notre baromètre du bien-être en France est marquée par une amélioration de la satisfaction quant à la vie en général, à la situation matérielle et les perspectives d’avenir individuel. Cette embellie est particulièrement forte chez les hommes, beaucoup plus modérée chez les femmes. En revanche, les dimensions collectives font l’objet d’une dégradation : les relations avec les proches ainsi que le sentiment d’avoir quelqu’un sur qui compter sont en repli, tandis que l’appréciation des perspectives de la prochaine génération en France chute à nouveau.
Mathieu Perona, Observatoire du Bien-être du Cepremap
Publié le 18 juillet 2024
Après les soubresauts connus par le moral des Français depuis la pandémie de Covid-19, l’année scolaire écoulée voit un retour de la plupart des indicateurs de bien-être subjectif à un niveau proche de leur tendance moyenne (voir notre Tableau de bord en ligne pour l’ensemble des indicateurs). C’est en particulier le cas de la satisfaction dans la vie en général (Figure 1), qui passe au-dessus de sa moyenne depuis 2016 pour la première fois depuis décembre 2021.
Des fins de mois qui font moins peur
Un sentiment d’amélioration est particulièrement visible sur le plan matériel. Pour le quatrième trimestre consécutif, les anticipations d’inflation sont stables. Du côté des finances, près de 45 % des ménages interrogés disent parvenir à mettre de l’argent de côté à la fin du mois, tandis que la part de ceux qui doivent tirer sur leurs réserves repasse sous la barre des 20 % (Figure 2). Dans les deux cas, il s’agit de meilleurs niveaux que ceux observés avant la pandémie.
Cette amélioration des perspectives financières va de pair avec une embellie de la satisfaction à l’égard du niveau de vie, qui atteint elle aussi un niveau nettement au-dessus de sa moyenne (Figure 3). On atteint un niveau inédit hors de la période de pandémie.
Dans la même veine, l’appréciation de la vie dans les prochaines années continue de s’améliorer (Figure 4). On ne peut toutefois pas en dire autant des perspectives nationales, puisque l’indice de confiance des ménages fait du sur-place depuis fin 2023, à un niveau bien inférieur à sa moyenne de long terme.
Encadré : Des données collectées en période électorale
L’enquête de conjoncture auprès des ménages de l’Insee déploie son questionnaire de juin du 26 mai au 15 juin. Cette période incluse donc une partie de la campagne ainsi que le scrutin pour les élections européennes (09 juin) ainsi que le début de la campagne pour les élections législatives.
Une amélioration surtout pour les hommes
Cette embellie de la satisfaction quant à la situation actuelle et aux perspectives futures présente un contraste de genre marqué : les hommes sont nettement plus positifs. C’est par exemple le cas dans l’appréciation des années à venir (Figure 5).
Ainsi que l’illustrent les autres graphiques présentés en ligne sur notre Tableau de bord, le décrochage émotionnel des femmes (sentiments d’être heureux ou déprimé) est une tendance sensible depuis quelques trimestres.
Un collectif qui se dégrade
Lorsqu’on sort de la situation individuelle en revanche, les appréciations se dégradent. Alors que les relations avec les proches et le sentiment d’avoir quelqu’un sur qui compter constituent des points forts en France, ces deux dimensions sont en repli ce trimestre.
Le sentiment d’avoir quelqu’un sur qui compter en cas de besoin (Figure 6) décroche ainsi fortement par rapport au plateau haut des trois derniers trimestres. Nous ne pouvons pas exclure qu’il s’agisse ici, comme dans les relations avec les proches, d’un effet conjoncturel, lié à un contexte électoral tendu qui a pu rendre plus visibles des clivages politiques au sein des familles et des groupes d’amis.
À un horizon plus long, l’appréciation des perspectives de la prochaine génération en France poursuit la tendance à la baisse que l’on observe depuis plusieurs années (Figure 7).