Maintien des services dans les territoires – Le cas de La Poste

Note
Observatoire du bien-ĂȘtre

Cette Ă©tude porte spĂ©cifiquement sur la prĂ©sence de La Poste au sein des communes françaises, mais illustre plus gĂ©nĂ©ralement l’impact de l’amĂ©nagement des territoires sur le bien-ĂȘtre et les comportements politiques des habitants.

Elle rĂ©vĂšle que les transformations de bureau de poste ont permis de stabiliser l’activitĂ© bancaire et l’activitĂ© postale qui Ă©taient en forte baisse, sans occasionner d’impact nĂ©gatif sur le bien-ĂȘtre local des habitants d’une commune, en Ă©tant au contraire associĂ©es Ă  une moindre abstention aux Ă©lections prĂ©sidentielles sur la pĂ©riode 2012-2022, et Ă  une moindre probabilitĂ© d’évĂ©nements Gilets jaunes en novembre 2018.

Étienne Fize, Institut des Politiques Publiques et PSE

Claudia Senik, Sorbonne-Université, PSE et Cepremap

Publié en ligne le 13 Mai 2024

Outre la mise Ă  disposition des donnĂ©es d’activitĂ©, Le Groupe La Poste a contribuĂ© financiĂšrement Ă  cette Ă©tude Ă  hauteur du temps nĂ©cessaire Ă  l’analyse des donnĂ©es. Il n’a eu aucune intervention dans l’analyse elle-mĂȘme, l’Ă©laboration des conclusions ou la rĂ©daction de cette Note, qui sont de la seule responsabilitĂ© des auteurs.

Introduction

Avec le mouvement des Gilets jaunes, la gĂ©ographie Ă©conomique de la France a fait un retour fracassant dans le dĂ©bat public et la conscience collective. DĂ©jĂ  prĂ©sente dans les ouvrages aux titres Ă©vocateurs de Christophe Guilluy (La France pĂ©riphĂ©rique, 2014), puis de JĂ©rĂŽme Fourquet (L’archipel français, 2019), le constat d’un dĂ©sĂ©quilibre territorial croissant est dĂ©sormais bien Ă©tabli. Fruit de la concentration des activitĂ©s et des habitants dans les grandes mĂ©tropoles au dĂ©triment des villes et campagnes pĂ©riphĂ©riques, la dĂ©sertification de ces derniĂšres est source de malaise pour ceux qui restent dans ces agglomĂ©rations dont la vie se retire.

Objectivant cette souffrance, une note du Conseil d’analyse Ă©conomique a Ă©tabli le lien entre la disparition des Ă©quipements, privĂ©s ou publics, et l’insatisfaction de la population locale et ses manifestations politiques. Sur une pĂ©riode couvrant les annĂ©es 2012-2017, elle mettait en Ă©vidence l’association entre la fermeture des commerces, Ă©quipements et services dans une commune et trois symptĂŽmes de mal-ĂȘtre local : la mobilisation des Gilets jaunes en novembre 2018, la variation du taux d’abstention lors des Ă©lections prĂ©sidentielles, et l’évolution du mal-ĂȘtre subjectif dĂ©clarĂ© par les habitants de la commune. Elle rĂ©vĂ©lait ainsi l’influence de l’environnement local des gens sur leur moral, au-delĂ  de leur propre situation personnelle. Pour rappel, la note estimait le lien entre la perte d’équipements, notamment alimentaires (Ă©picerie, supĂ©rette) et la forte probabilitĂ© de voir un Ă©vĂ©nement Gilets jaunes et une augmentation du taux d’abstention dans une commune. Les Ă©quipements relatifs Ă  l’éducation et Ă  la culture – lycĂ©e, librairie ou cinĂ©ma – jouaient, eux aussi, un rĂŽle important. Il en allait de mĂȘme de la fermeture des Ă©quipements de santĂ©, dont les maternitĂ©s et les services d’urgence. Pour donner un ordre de grandeur, la fermeture d’une supĂ©rette, Ă©vĂ©nement emblĂ©matique car il s’agit souvent du dernier commerce Ă  fermer dans une commune en dĂ©clin, provoque un degrĂ© d’insatisfaction comparable Ă  une baisse du revenu mĂ©dian des habitants de la commune de l’ordre de 2155 € par an. De mĂȘme, alors que 8 % des communes avaient connu, en novembre et dĂ©cembre 2018, un Ă©vĂ©nement Gilets Jaunes, cette proportion a Ă©tĂ© de 29 % pour celles qui avaient perdu leur supĂ©rette au cours de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e.

Dans le prolongement de cette analyse, et en suivant une mĂ©thodologie similaire, nous Ă©tudions ici l’impact des modalitĂ©s de prĂ©sence postale sur le moral de la population locale.

Historiquement, du fait de ses missions de service universel postal et d’amĂ©nagement du territoire, La Poste a constituĂ© un symbole trĂšs visible de continuitĂ© territoriale, d’égalitĂ© entre les citoyens et de vitalitĂ© locale. Cependant, elle traverse actuellement une « crise de dĂ©croissance Â» essentiellement due Ă  la baisse des volumes de courrier dĂ©sormais remplacĂ© par les messages Ă©lectroniques. Dans une situation semblable, une entreprise non assujettie Ă  des obligations de prĂ©sence territoriale aurait pu procĂ©der Ă  la fermeture des bureaux dont le maintien s’avĂšre non pertinent au regard de ses objectifs. Dans le cas de La Poste, les obligations de prĂ©sence territoriale l’obligent Ă  maintenir un nombre de points de contact fixĂ© par la loi, qui maillent de maniĂšre homogĂšne l’ensemble du territoire1. Elle a l’obligation de maintenir 17 000 « points de contact Â» rĂ©partis sur le territoire de maniĂšre Ă  respecter deux rĂšgles d’accessibilitĂ© cumulatives2, si bien qu’en 2021, 97,5 % de la population française vivait Ă  moins de 20 minutes ou de 5 km d’un point de contact du groupe La Poste.

Que faire, alors, face aux objectifs contradictoires de rentabilitĂ© et de service public dans un contexte de rĂ©duction de son activitĂ© ? DĂšs les annĂ©es 1980, La Poste adapte ses formes de prĂ©sence en diminuant le nombre de bureaux de plein exercice au profit d’autres types de points de contact (agences postales). Aujourd’hui, le rĂ©seau de La Poste est composĂ© de bureaux de poste gĂ©rĂ©s en propre et de points gĂ©rĂ©s en partenariat, qui se dĂ©clinent sous deux formes : les agences postales communales ou intercommunales (APC)3 gĂ©rĂ©es par les communes ou les intercommunalitĂ©s d’une part, les relais poste commerçants (RPC)4 installĂ©s chez un commerçant ou un artisan d’autre part. Si les APC et RPC proposent une gamme moins complĂšte de services postaux et bancaires que les bureaux de poste de plein exercice en revanche, ils peuvent prĂ©senter l’avantage de plages horaires d’ouverture plus longues.

Nous nous demandons ici quel a Ă©tĂ© l’impact de ces transformations sur le bien-ĂȘtre des habitants des communes concernĂ©es. A priori, on peut soit s’attendre Ă  des consĂ©quences nĂ©gatives de la transformation des bureaux de poste en points partenaires sur le moral de la population locale, dans la logique de la note du CAE prĂ©citĂ©e, soit, au contraire, Ă  des consĂ©quences positives si la nouvelle forme de prĂ©sence s’avĂšre plus adaptĂ©e aux besoins des usagers. Au-delĂ  du service rendu, si La Poste constitue une occasion de sociabilitĂ© locale pour les habitants d’une commune, ces transformations sont susceptibles d’exercer un effet positif ou nĂ©gatif. Qu’en est-il en rĂ©alitĂ© ?

Une transformation qui prĂ©serve l’activitĂ©

La Figure 1 illustre l’évolution des types de points de contact par commune en France depuis 2011. On y voit la tendance Ă  la baisse du nombre de bureaux de poste traditionnels (BP) au profit des points partenaires (APC et RPC). Le nombre de bureaux de poste (BP) est en stricte dĂ©croissance alors que les APC et RPC sont en constante augmentation, avec notamment une accĂ©lĂ©ration depuis 2017.

Figure 1
Figure 2. Sur ces graphiques, 0 dĂ©note l’annĂ©e de transformation du bureau de poste (BP) en partenaire (RPC ou APC) ; les autres graduations sur l’axe des abscisses reprĂ©sentent les annĂ©es antĂ©rieures ou postĂ©rieures Ă  cette date. L’axe des ordonnĂ©es reprĂ©sente l’activitĂ© postale en nombre d’équivalents-minutes.

Pour ce qui est de l’activitĂ©, on remarque tout d’abord (Figure 2) une baisse progressive et continue les annĂ©es prĂ©cĂ©dant la transformation, une chute de l’activitĂ© l’annĂ©e de la transformation, puis une certaine stabilisation Ă  la suite de la transformation.

L’analyse des donnĂ©es d’activitĂ© des bureaux de postes rĂ©vĂšle que tous les bureaux de poste connaissent une baisse de leur activitĂ© mais que La Poste a transformĂ© en prioritĂ© les bureaux ayant l’activitĂ© la plus faible. En nous intĂ©ressant spĂ©cifiquement Ă  ceux transformĂ©s en 2017 (Figure 3, haut), nous notons que l’activitĂ© postale dans les communes qui ont connu une transformation de leur bureau de poste en partenaire Ă©tait prĂ©alablement Ă  cette transformation significativement infĂ©rieure Ă  celle enregistrĂ©e dans les communes oĂč le bureau de poste n’a pas Ă©tĂ© transformĂ©. En outre, il apparaĂźt clairement que les deux courbes reprĂ©sentant l’activitĂ© postale dans les communes avec ou sans transformation sont parallĂšles avant 2017.

Figure 3

Cela signifie qu’au-delĂ  de la diffĂ©rence de niveau, la tendance Ă  la baisse de l’activitĂ© Ă©tait initialement la mĂȘme. Lorsque nous reprĂ©sentons cette dynamique non pas en niveau absolu, mais en Ă©cart avec une annĂ©e de rĂ©fĂ©rence, ici 2016 (Figure 3, bas), nous observons bien le parallĂ©lisme de la baisse d’activitĂ© au sein des bureaux de poste avant l’annĂ©e de transformation considĂ©rĂ©e dans cet exemple (2017) qu’ils aient Ă©tĂ© transformĂ©s ou non (superposition des courbes), mais Ă©galement la stabilisation de l’activitĂ© dans les bureaux de poste transformĂ©s alors que celle enregistrĂ©e dans les bureaux de poste non transformĂ©s continue Ă  dĂ©croĂźtre.

Notons aussi que le choc du COVID-19 semble avoir Ă©tĂ© beaucoup mieux absorbĂ©, en termes d’activitĂ©, dans les communes avec transformation, et ce malgrĂ© la fermeture de nombreuses agences postales communales et de nombreux relais-poste commerçants jugĂ©s « non essentiels Â».

Il est possible de gĂ©nĂ©raliser l’approche en prenant en compte toutes les annĂ©es auxquelles une transformation a eu lieu dans une commune. L’exemple prĂ©cĂ©dent ne portait en effet que sur les transformations rĂ©alisĂ©es en 2017. La Figure 4 Ă©tend l’analyse Ă  toutes les annĂ©es. Elle illustre le choc nĂ©gatif sur les activitĂ©s postales et bancaires l’annĂ©e de transformation (annĂ©e 0) par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, suivie d’une dynamique positive (plus forte pente). Nous constatons par ailleurs que la transformation en agences postales communales (APC) stabilise beaucoup plus l’activitĂ© que la transformation en point-relais commerçant (RPC).

Figure 4

Une transformation favorable au bien-ĂȘtre local

Si la transformation des bureaux de poste permet de stabiliser leur activitĂ©, cela a-t-il des consĂ©quences sur le moral de la population de la commune ? Pour rĂ©pondre Ă  cette question, et dans la lignĂ©e de la note du CAE prĂ©citĂ©e, nous Ă©tudions les variations de bien-ĂȘtre local Ă  travers trois mesures diffĂ©rentes : la variation du taux d’abstention dans la commune, la prĂ©sence d’un Ă©vĂ©nement Gilets jaunes dans la commune en novembre-dĂ©cembre 2018, et la satisfaction dans la vie dĂ©clarĂ©e par les individus lors d’une enquĂȘte nationale5. Nous nous concentrons sur l’échantillon de villes qui avaient au moins un bureau de poste sur la pĂ©riode analysĂ©e, et nous comparons l’évolution de ces grandeurs selon que les communes ont conservĂ© leur bureau de poste inchangĂ© ou l’ont transformĂ© en partenaire (APC ou RPC).

Soulignons que cet exercice permet de mettre en évidence des associations statistiques entre les phénomÚnes étudiés, mais non des relations de causalité.

Moins d’évĂ©nements Gilets jaunes

En moyenne, Ă  niveau d’activitĂ© postale initiale identique en 2014, on observe 14 % de chances en moins de voir un Ă©vĂ©nement Gilets jaunes dans les communes qui ont transformĂ© leur bureau de poste en APC ou RPC. Avec une analyse statistique plus poussĂ©e, en neutralisant toutes les diffĂ©rences possibles entre communes (taille, fiscalitĂ©, autres Ă©quipements privĂ©s et publics, vitalitĂ© Ă©conomique, etc.), on observe encore 4 % de chances en moins de voir un Ă©vĂ©nement Gilets Jaunes dans ces communes. On peut donc Ă©tablir qu’en moyenne, toutes choses Ă©gales par ailleurs, il y a eu moins d’évĂ©nements Gilets Jaunes dans les communes qui ont connu une transformation de leur bureau de poste par rapport Ă  celles qui l’ont laissĂ© inchangĂ©. On obtient un rĂ©sultat semblable en distinguant les communes qui ont vu une transformation de leur bureau de poste avant 2018 : l’occurrence d’un Ă©vĂ©nement Gilets Jaunes est moindre dans ces communes que dans d’autres qui verront une transformation aprĂšs 2018.

Abstention Ă©lectorale

Les donnĂ©es sur l’abstention et le vote proviennent des bases de donnĂ©es publiques des rĂ©sultats du premier tour des Ă©lections prĂ©sidentielles de 2007, 2012, 2017 et 2022 ainsi que les Ă©lections municipales de 2014 et 2020, mises Ă  disposition par le ministĂšre de l’IntĂ©rieur. Nous prenons en compte les premiers tours, qui connaissent traditionnellement la plus forte participation et sont parfois l’unique tour pour les municipales. Nous analysons l’évolution des taux de participation : est-elle diffĂ©rente selon que les communes ont connu – ou non – une transformation de leur bureau de poste avant les Ă©lections ?

Concernant les Ă©lections municipales, nous n’observons pas de corrĂ©lation claire entre l’abstention et la transformation des bureaux de poste. En revanche, pour ce qui concerne les Ă©lections prĂ©sidentielles, nous constatons une association nĂ©gative entre l’évolution de l’abstention et la transformation des BP en partenaires au niveau de la commune. Cette corrĂ©lation est assez stable quelles que soient les spĂ©cifications de l’analyse statistique. Le fait d’analyser les variations du taux d’abstention (et non le niveau) permet de neutraliser l’effet de toutes les caractĂ©ristiques des communes qui sont fixes dans le temps. En moyenne, les villes ayant vu leur BP transformĂ© en point partenaire ont connu une Ă©volution de l’abstention aux Ă©lections prĂ©sidentielles plus faible entre 2012 et 2022. L’effet semble plutĂŽt concentrĂ© sur les cinq premiĂšres annĂ©es : 2012-2017 plutĂŽt que 2017-2022.

Satisfaction dans la vie

Enfin, la derniĂšre mesure utilisĂ©e pour approcher le bien-ĂȘtre est la satisfaction dans la vie dĂ©clarĂ©e par les enquĂȘtĂ©s, sur une Ă©chelle de 1 Ă  10, et relevĂ©e par l’enquĂȘte SRCV (partie française de l’enquĂȘte EU-SILC). Nous n’observons pas d’association statistiquement fiable de la variation de la satisfaction dans la vie et de la transformation des bureaux de poste en partenaires, mais cela pourrait ĂȘtre liĂ© au faible nombre d’observations dans chaque commune.

Conclusion

Les transformations de bureau de poste ont permis de stabiliser l’activitĂ© bancaire et l’activitĂ© postale qui Ă©taient en forte baisse. Elles n’ont pas occasionnĂ© d’impact nĂ©gatif sur le bien-ĂȘtre local des habitants d’une commune, et sont au contraire associĂ©es Ă  une moindre abstention aux Ă©lections prĂ©sidentielles sur la pĂ©riode 2012-2022, et Ă  de plus rares occurrences d’évĂ©nements Gilets jaunes en novembre 2018. Certes, le fait que les bureaux de poste Ă  transformer n’aient pas Ă©tĂ© choisis de maniĂšre alĂ©atoire interdit de conclure Ă  une relation de causalitĂ©. Cependant ce faisceau d’évidence pointe vers une prĂ©somption d‘effets positifs de ces transformations sur le bien-ĂȘtre local.

Cette Ă©tude porte spĂ©cifiquement sur la prĂ©sence de La Poste au sein des territoires, et illustre le propos gĂ©nĂ©ral portĂ© par la note du CAE prĂ©citĂ©e, Ă  savoir l’importance de prendre en compte l’impact de l’amĂ©nagement des territoires sur le bien-ĂȘtre et les comportements politiques des habitants.

Bibliographie

Algan, Yann, Claudia Senik, et ClĂ©ment Malgouyres. 2020. « Territoires, bien-ĂȘtre et politiques publiques Â». 55. Note du CAE. Paris: Conseil d’analyse Ă©conomique. http://www.cae-eco.fr/Territoires-bien-etre-et-politiques-publiques.

Davoine, Eva, Étienne Fize, et ClĂ©ment Malgouyres. 2020. « Les dĂ©terminants locaux du mĂ©contentement  : analyse statistique au niveau communal Â». 039‑2022. Focus. Paris: Conseil d’analyse Ă©conomique. https://www.cae-eco.fr/Focus-no39-Les-determinants-locaux-du-mecontentement-analyse-statistique-au-502.

Fourquet, JĂ©rĂŽme, et Sylvain Manternach. 2019. L’archipel français : naissance d’une nation multiple et divisĂ©e. Paris, France: Éditions du Seuil.

Guilluy, Christophe. 2014. La France périphérique: comment on a sacrifié les classes populaires. Paris, France: Flammarion.

« Statuts du groupe La Poste Â». 2021. https://le-groupe-laposte.cdn.prismic.io/le-groupe-laposte/22e2e44b-d0be-4351-903f-7c66d6645f89_Statuts+La+Poste+-+8+juin+2021.pdf.

Annexes

Sources

Dans le cadre de cette Ă©tude, nous disposons de donnĂ©es sur le nombre et le type de points de contact postal depuis 2011 et pour chaque Ă©tablissement, d’une mesure de l’activitĂ© postale et d’une mesure de l’activitĂ© bancaire sur la pĂ©riode 2013-2021. Il s’agit de la somme des Ă©quivalents-minute de chaque opĂ©ration. À titre d’exemple, si trois opĂ©rations de type A prennent chacune cinq minutes et deux opĂ©rations de type B chacune 10 minutes, on aboutit Ă  un total de 3*5+2*10=35 minutes. Notons que, tout au long de notre analyse, nous agrĂ©geons ces donnĂ©es au niveau communal. Ceci nous permettra d’apparier ces informations avec nos donnĂ©es d’intĂ©rĂȘt ou de contrĂŽle, renseignĂ©es au niveau communal. Il Ă©tait de toute façon impossible de suivre l’activitĂ© d’un Ă©tablissement transformĂ© car cette opĂ©ration entraĂźne un changement d’identifiant pour l’établissement.

Outre les donnĂ©es postales, les autres sources exploitĂ©es sont issues du MinistĂšre de l’intĂ©rieur (Gilets Jaunes) ou de l’Insee. La source de donnĂ©es sur l’occurrence d’un Ă©vĂ©nement Gilets Jaunes provient d’un croisement entre des donnĂ©es du MinistĂšre de l’intĂ©rieur et des donnĂ©es rĂ©cupĂ©rĂ©es sur le site Internet www.gilets-jaunes.com6. Les deux bases sont complĂ©mentaires, et l’on considĂšre qu’il y a eu un Ă©vĂ©nement si au moins l’une des deux bases en recense un en novembre et/ou en dĂ©cembre 2018. Une description dĂ©taillĂ©e en est fournie dans la note du CAE prĂ©citĂ©e et son approfondissement (Algain et al. 2020, Davoine et al. 2020).

Soulignons qu’au niveau d’une commune, on observe trĂšs peu, voire quasiment aucune perte ou crĂ©ation pure d’équipement postal. L’essentiel des changements sont des transformations qui ont eu lieu dans les communes oĂč l’activitĂ© postale et bancaire est initialement plus faible et oĂč le nombre de bureaux de poste Ă©tait Ă©galement plus rĂ©duit (essentiellement des communes mono-Ă©tablissement), et qui, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Ă©taient moins peuplĂ©es et moins Ă©quipĂ©es en commerces ou en services publics, mĂ©dicaux et culturels. C’est pourquoi nos analyses ne prĂ©tendent pas Ă©tablir de lien de causalitĂ© entre la transformation d’un bureau de poste et son niveau d’activitĂ© ou le moral de la population locale, mais permettent au moins de suivre la trajectoire de ces grandeurs selon qu’il y a eu transformation ou non.

ModĂšle

On emploie une approche Ă©conomĂ©trique d’étude d’évĂ©nement (event-study) en conservant dans l’échantillon, dans le groupe de contrĂŽle, les communes qui n’ont pas transformĂ© leur bureau de poste.

L’équation estimĂ©e est la suivante :

Y_{it} = α + Sum_j ÎČ.I_{D=j} + Îł_i + ω_j + Ï”_{it}

Pour estimer cette Ă©quation, il faut crĂ©er une notion de distance au traitement pour pouvoir construire nos variables I_{D=j}. Ces variables prennent la valeur de 1 si le bureau de la commune a Ă©tĂ© transformĂ© Ă  un moment et si l’annĂ©e d’observation est l’annĂ©e j de distance au traitement. Par exemple, pour une commune ayant connu une transformation de son bureau de poste en 2017, la variable I_{D=-1} prendra la valeur 1 l’annĂ©e 2016 (distante de -1 du traitement en 2017). On ajoute ensuite Ă©galement des effets fixes pour les annĂ©es et les communes. Les effets fixes de communes absorbent les diffĂ©rences de niveau d’activitĂ© propres aux communes.

  1. En effet, bien qu’étant passĂ©e du statut d’entitĂ© administrative, Ă  celui d’exploitant public, assimilable Ă  un Ă©tablissement public Ă  caractĂšre industriel et commercial (EPIC) en 1991 (loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative Ă  l’organisation du service public de la poste et Ă  France TĂ©lĂ©com) puis Ă  celui de sociĂ©tĂ© anonyme (Ă  capitaux publics) en 2010 (loi n° 2010-123 du 9 fĂ©vrier 2010 relative Ă  l’entreprise publique La Poste et aux activitĂ©s postales), La Poste conserve ses missions de service public, notamment le service universel postal, la contribution Ă  l’amĂ©nagement et au dĂ©veloppement du territoire et l’accessibilitĂ© bancaire (via le Livret A de La Banque Postale, crĂ©Ă©e en 2006), voir les Statuts du groupe La Poste.
  2. Une rĂšgle d’accessibilitĂ© au titre du service universel postal et une rĂšgle d’accessibilitĂ© complĂ©mentaire au titre de la contribution Ă  l’amĂ©nagement du territoire.
  3. Ces agences proposent l’essentiel des services courrier et colis ainsi que des services bancaires de base (retraits et versements d’espĂšces, Ă©missions et paiements de mandats-cash national.
  4. Ces points de contact postaux proposent les principales opĂ©rations courrier et colis et le retrait d’espĂšces de dĂ©pannage.
  5. EnquĂȘte Statistiques sur les ressources et conditions de vie (SRCV), conduite par l’Insee.
  6. Données extraites du site en décembre 2018 (pour le mois de novembre) puis en janvier 2019 (pour le mois de décembre).