Deux publications en ce début d’automne. L’une qui analyse les élections de juin 2017 et la montée du populisme à la lumière du bien-être subjectif et de la confiance, qui permettent de donner un sens à la recomposition du paysage politique français. L’autre revient sur la relation entre diplôme et bien-être, mettant en évidence le rôle des études dans la construction de la confiance.
Nous nous posons également des questions méthodologiques, avec plusieurs articles qui interrogent les outils de base de la mesure du bien-être subjectif. Nous vous proposons de venir discuter l’un d’entre eux le mardi 06 novembre, à l’occasion d’un atelier de lecture.
Nous vous rappelons également que vous êtes invités le vendredi 12 octobre à la présentation de l’Opuscule La Transition écologique en Chine. Pensez à vous inscrire !
Observatoire
The rise of populism and the collapse of the left-right paradigm: Lessons from the 2017 French presidential election
Partant du constat, dont nous avions rendu compte dans nos notes, d’une dislocation de l’axe gauche-droite lors des élections présidentielles de juin 2017, cette contribution met en évidence une restructuration de l’espace politique français autour d’une nouvelle diagonale, opposant société fermée et société ouverte. Plus que le statut socioéconomique, déterminant de l’ancien paysage politique, les représentations déterminent ce nouveau paysage. En particulier, un faible niveau de bien-être subjectif est un prédicteur puissant de l’adhésion aux partis anti-système (de gauche comme de droite), tandis qu’un faible niveau de confiance interpersonnelle prédit bien l’adhésion aux thèses de l’extrême-droite.
“The rise of populism and the collapse of the left-right paradigm: Lessons from the 2017 French presidential election”, Yann Algan, Elizabeth Beasley, Daniel Cohen, Martial Foucault, August 2018
Cette contribution fait également l’objet d’un entretien avec Daniel Cohen pour VOX.
Diplôme et bien-être
Faire des études augmente-t-il le bien-être ? Nous constatons que plus les individus sont diplômés plus ils se déclarent heureux et satisfaits de leur vie. Une large partie de cette relation transite toutefois par les meilleurs revenus que génère une formation plus longue. En revanche, cet effet médiateur du revenu n’opère pas sur les métriques de la confiance, en particulier la confiance interpersonnelle : il semble y avoir dans les études une culture de la confiance indépendante de l’effet revenu.
Elizabeth Beasley, Madeleine Péron, Mathieu Perona, Diplôme, revenu et confiance, Observatoire du Bien-être du CEPREMAP , n°2018-06, 05 Octobre 2018
Atelier de lecture : The Sad Truth About Happiness Scales
Nous vous proposons de nous rejoindre le mardi 06 novembre, 14h00 – 15h00 pour un atelier de lecture autour des deux articles The Sad Truth About Happiness Scales et The Sad Truth About Happiness Scales: Empirical results. Le lieu : 48 Boulevard Jourdan, salle R3-35.
Vu sur le Web
Personal well-being in the UK: April 2017 to March 2018
L’Office for National Statistics a publié le 26 Septembre son bulletin du bien-être au Royaume-Uni, mobilisant les données jusqu’en Mars 2018. Cette édition se concentre sur la mesure du bien-être au niveau local, et sur la mobilisation des indicateurs de bien-être pour informer et définir les priorités d’action des collectivités locales.
Accompagnant une demande des utilisateurs de restitutions plus granulaires et interactives des données, l’ONS a mis en ligne des courbes et cartes dynamiques du bien-être local.
In the Shadow of Happiness
Y aurait-il quelque chose de pourri au royaume de Danemark ? Alors que les pays nordiques arrivent régulièrement en tête des classements des pays en termes de bien-être, un rapport remis au Nordic Country of Ministers montre l’existence d’un happiness gap croissant dans ces pays.
Pour en élément de contexte, la proportion de Nordiques déclarant une satisfaction de vie inférieure ou égale à 6 sur une échelle de 0 à 10 est de 12 %. Dans la dernière vague de notre enquête CAMME/OBE, cette proportion est de l’ordre de 40 % en France.
Rapport : In the Shadow of Happiness, Ulf Andreasson, Nordic Coucil of Ministers, Analysis 2018-01, 2018, avec un compte-rendu dans le Now York Times.
Three critiques of the econometrics of happiness: Are we underestimating the returns to education and income?
Dans de document de travail, Chris Barrington-Leigh (McGill) affirme que les réponses aux questions relatives au bien-être subjectif ne sont pas interprétées de manière homogène selon les capacités cognitives des personnes. De ce fait, les personnes les moins éduquées auraient tendance à privilégier des valeurs focales (0, 5, 10), là où les personnes plus éduquées expriment une appréciation plus nuancée. Ce biais déclaratif conduirait alors à une sous-estimation des effets de l’éducation et du revenu sur le bien-être.
“Three critiques of the econometrics of happiness: Are we underestimating the returns to education and income?”, C Barrington-Leigh, October 2017
The Sad Truth About Happiness Scales: Empirical Results
Faisant suite à leur article “The Sad Truth About Happiness Scales” (à paraître dans le Journal of Policial Economy), T. Bond et K. Lang poursuivent dans cet appendice leur travail d’identification et de qualification des hypothèses sur la distribution du bien-être subjectif et sur la comparabilité des réponses entre individus et populations qui sous-tendent les principaux résultats de l’économie du bien-être subjectif.
“The Sad Truth About Happiness Scales: Empirical Results”, Timothy N. Bond, Kevin Lang, NBER Working Paper No. 24853, Issued in July 2018
The Well-being of the Overemployed and the Underemployed and the Rise in Depression in the UK
Dans la lignée des contributions sur le lien entre emploi et bien-être, cette contribution s’intéresse spécifiquement à la situation des personnes en situation de sous-emploi et de sur-emploi involontaire. Les auteurs mettent en évidence une augmentation des affects négatifs (anxiété, dépression) depuis la crise de 2010, sans que les affects positifs n’évoluent significativement.
“The Well-being of the Overemployed and the Underemployed and the Rise in Depression in the UK”, David N.F. Bell, David G. Blanchflower, NBER Working Paper No. 24840
The impact of local shocks on well-being: Only a matter of perception?
Les catastrophes naturelles affectent-elles le bien-être des individus au-delà de leur exposition personnelles ? En exploitant des données géolocalisées de bien-être en Asie du sud-est, les auteurs de cette étude mettent en évidence un impact négatif des inondations sur le bien-être de ménages n’ayant pas été matériellement affectés.
“The impact of local shocks on well-being: Only a matter of perception?”, Wiebke Stein, Reinhard A. Weisser, Hannover Economic Papers (HEP) No. 634, July, 2018
Nudge Turns 10: A Special Issue on Behavioral Science in Public Policy
La revue Behavioral Scientist a publié début septembre un numéro spécial, rassemblant des articles dédiés à l’emploi des sciences comportementales dans l’action publique. Motivé par le dixième anniversaire de la publication de Nudge, ces articles constituent un précieux retour sur le chemin parcouru en dix ans et sur les perspectives actuelles.
“Nudge Turns 10: A Special Issue on Behavioral Science in Public Policy”, Behavioral Scientist, September 04th, 2018.
Le site signale également le déploiement de la plate-forme Behavioral Evidence Hub, destinée à rassembler des descriptions non-techniques d’interventions comportementales.
The curiously varied impact of recessions on political stability: New evidence
Les récessions conduisent-elles les populations à changer de gouvernement ? Les auteurs de cette étude relèvent que, parmi les démocraties, ce lien est fortement corrélé avec le niveau général de confiance interpersonnelle. Plus ce niveau est élevé, moins les gouvernants vont être sanctionnés pour des récessions qui, souvent, ne sont pas de leur fait.
“The curiously varied impact of recessions on political stability: New evidence”, VoxEU, Nathan Nunn, Nancy Qian, Jaya Wen, 29 September 2018